SYNDICAT DES VINS DU BUGEY
Toujours plus verts, les viticulteurs se mobilisent contre la flavescence dorée

Huit installations, une surface record, une notoriété grandissante et un verdissement des pratiques. Dommage que ce bilan presque idyllique soit terni par l’apparition de la flavescence dorée, un ravageur de la vigne qu’il faudra combattre collectivement.
Toujours plus verts, les viticulteurs  se mobilisent contre la flavescence dorée

Il aura presque fallu pousser les murs de la salle communale de Flaxieu, vendredi dernier, pour faire entrer les quelque 150 participants à l'assemblée générale du syndicat des vins du Bugey.
De quoi satisfaire son président, Jean-Luc Guillon, qui, aidé de son équipe syndicale, a dressé le bilan de l'année écoulée et les perspectives attendues.
Après une année 2018 exceptionnelle, 2019 fut moins favorable aux vignerons du Bugey. La faute aux aléas climatiques (gel, sécheresse...) qui ont fait chuter les volumes de vins AOC aux alentours de 20 000 hl, en dessous de la moyenne des 10 dernières années (24 000hl).
« On note de fortes disparités d'un territoire et d'un cépage à l'autre », soulignait-il. Ainsi, tandis que les volumes de Cerdon, Bugey rouge Gamay, Bugey Blanc enregistraient des baisses de 24 à 44%, la production de Bugey rouge Mondeuse augmentait de 9%, le Bugey Rouge Montagnieu de 50%...
Consolation encourageante : l'augmentation des surfaces cultivées, qui atteignent leur plus haut niveau depuis la création de l'appellation, avec 473ha revendiqués.
L'année fut marquée par une activité soutenue : conseil technique, suivi sanitaire des vignes, formation des jurés, mise en place de formation à la certification HVE et poursuite de la réflexion autour de l'installation d'un bouclier contre la grêle.

Bouclier anti-grêle : une nouvelle stratégie à l'étude

 

Sur ce dernier point, les viticulteurs, soutenus par le Département et la Région, cherchent une solution viable. « Il s'agissait d'un investissement de fonctionnement important, de l'ordre de 100 000 euros par an. Surtout, cela supposerait de disposer d'un réseau de 180 tireurs, soit autant que le nombre d'adhérents au syndicat. Nous réfléchissons donc à un autre système, en passant par une association, qui nous éviterait le coût d'investissement. Le fonctionnement serait compris entre
60 000 et 90 000 euros par an, comprenant le combustible et le personnel. La protection reposerait sur 30 à 40 générateurs qui permettent d'ensemencer les nuages sur 10km, s'il le faut, 3 à 4 heures à l'avance et pas forcément dans les 15 mn précédent l'orage. »
Le syndicat veut étudier plus avant l'impact environnemental de ce dispositif et la possibilité de le mutualiser avec d'autres vignobles. Une assemblée générale extraordinaire sera consacrée au sujet.
Autre dossier majeur : la modification du cahier des charges de l'AOC, qui permettrait de modifier les critères de densité, d'augmenter les rendements pour les effervescents, de modifier la liste des cépages principaux pour le Bugey Brut et rendrait obligatoire de planter des ceps traités à l'eau chaude afin de limiter les problèmes sanitaires.
Question ô combien brûlante alors que le vignoble du Bugey se trouve confronté, pour la première fois, à des foyers de flavescence dorée (voir par ailleurs).
Enfin, le syndicat a confié à une agence de communication dédiée le soin d'élargir sa notoriété et encourage ses adhérents à continuer à s'engager dans des démarches de certifications environnementales (voir par ailleurs.)

EG

Les viticulteurs jouent la carte de l’environnement

En 2019, 25 exploitations ont suivi la formation certifiante Haute Valeur Environnementale (HVE) dispensée en lien avec la chambre d’agriculture. 13 autres sont en attente de certification, ce qui représente 17% des surfaces et 20% des volumes.
22 exploitations sont certifiées ou en cours de conversion AB, soit 30% des surfaces et 25% des volumes. Soit un total de 47 exploitations engagées dans une démarche environnementale. Cela représente 368ha, soit 76% de la surface du vignoble du Bugey. « Beaucoup de vignobles rêveraient d’atteindre nos pourcentages », soulignait Jean-Luc Guillon.

 

Santé aux nouveaux viticulteurs

Huit viticulteurs se sont installés dans le Bugey en 2019 : Pascale Roux (EARL Roux et Fils) à Chatonod, Mickaël Saux-Picard (reprise du vignoble de M. Wieder à Nattages), Théo Bonnard (EARL Famille Peillot) à Montagnieu, Aurélien Beyeklian, La Cuverie à Revonnas, Clément Bartschi (reprise du vignoble d’André Miraillet) à Cheignieu-la-Balme, Simon Laverriere-Duvaux, Domaine du Téléphone à Bohas-Meyriat-Rignat, MM Roussille et Gros (reprise des vignes du château des Eclaz) à Cheignieu-la-Balme et François Galeyrand, à Ceyzérieu.

Flavescence dorée / Une terrible menace qui suppose de serrer les coudes

La cicadelle insecte vecteur de la flavescence dorée, ravageuse de la vigne.

 

En septembre, pour la première fois, un foyer de flavescence dorée, bactérie ravageuse de la vigne, a été découvert à Boyeux-Saint-Jérôme. Après analyse, 5 parcelles et 75 ceps se sont révélés contaminés.
De quoi inquiéter les viticulteurs, puisque si rien n’est fait, ce ravageur pourrait rapidement s’étendre.
La lutte contre ce fléau des vignes suppose de travailler en trois temps : surveiller les parcelles et repérer les phénomènes de jaunissement ou la présence de bois noir.
Alerter le syndicat et la Fredon. Celle-ci viendra gratuitement réaliser prélèvements et analyses qui confirmeront ou infirmeront qu’il s’agit de flavescence. Dans la positive, reste à appliquer les moyens de lutte dans les meilleurs délais. Il s’agira d’arracher les ceps contaminés et de lutter contre la cicadelle, insecte vecteur de cette maladie, via des traitements insecticides.
Des opérations qu’il est conseillé de faire avec l’appui d’un technicien de la Fredon, pour qu’elles soient réalisées dans les règles de l’art (par exemple, il faut arracher le pied avec son porte greffes ; les traitements insecticides pour les producteurs bio doivent être administrés dans des conditions optimales pour être efficaces…)
Autre mesure importante : traiter les nouveaux ceps à l’eau chaude afin d’éviter toute introduction de la maladie.
« Seule la lutte collective permettra de limiter la flavescence » ont martelé de concert Jean-Luc Guillon et Denis Bec, responsable technique régional pour la Fredon.
« Dans le doute, alertez-nous. Il n’y a pas de honte à avoir. Les analyses sont gratuites. Mieux vaut se déplacer pour rien que de laisser un éventuel foyer », résumait l’intervenant.
« La capacité d’expansion est très importante et il peut y avoir un problème de retard à l’expression sur les plans contaminés. Il faut au moins deux ans pour éradiquer la flavescence. Si on veut réussir, cela passe par une lutte collective obligatoire ».
Dans les deux communes, aujourd’hui contaminées (Boyeux-Saint-Jérôme et Jujurieux), un traitement insecticide 1000 m autour des foyers est préconisé. Les parcelles des communes de Cerdon, Mérignat et Poncin sont l’objet d’une surveillance accrue.
Une réunion d’information à destination des viticulteurs est programmée le 17 mars à 9h, à la mairie de Boyeux-Saint-Jérôme.