AGRICULTURE DE MONTAGNE
Le campagnol, fléau des prairies

Margaux Legras-Maillet
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Deux agriculteurs du Plateau d'Hauteville témoignent d'une infestation encore cette année de campagnols sur leurs parcelles. Pour limiter la casse, le sursemis est une solution, mais revient à jouer au poker alors ils espèrent avoir un printemps humide et doux pour étendre au mieux les taupinières. 

Le campagnol, fléau des prairies
« Cette année, 80 % de mes parcelles sont infestées », témoigne Etienne Savarin, agriculteur à Champdor-Corcelles. Photo/MLM

Etienne Savarin et Quentin Minet sont producteurs de lait à Comté ; le premier, sur la commune de Champdor-Corcelles (35 Montbéliardes, 120 ha de prairies naturelles), le second à Brénod (40 Montbéliardes, 125 ha de prairies naturelles). Tous deux, comme tous les agriculteurs de leur secteur, sont victimes depuis de nombreuses années des dégâts occasionnés par les campagnols terrestres. Etienne Savarin, 31 ans, adhère aux Jeunes Agriculteurs. Il témoigne : « J’alerte régulièrement en réunions, aussi bien réunions JA que FDSEA. L’an passé j’avais pris l’option de sursemer 4 ha. Le sursemis est une technique un peu aléatoire. L’an passé on a eu un printemps froid et humide, donc sans résultats visibles et quantitatifs. Sans compter le coût supplémentaire, en prenant en compte le gazole, la location du semoir à la Cuma, plus les semences. Nous sommes trois éleveurs à avoir essayé sur le plateau... Cette année, près de 80 % de nos surfaces sont infestées. C’est impressionnant sur le secteur ». Interrogé sur les conséquences quant à ses stocks de fourrages, il ajoute : « C’est difficile à estimer. On espère un printemps humide et doux pour étendre du mieux possible les taupinières et que les graines puissent germer. Les campagnols font des mottes depuis septembre, cet hiver ils ont même travaillé sous la neige. Le problème c’est qu’à certains endroits où on va faucher il n’y a pas un brin d’herbe. On aimerait qu’il y ait des alternatives pour lutter ». Même casse-tête pour Quentin Minet qui précise : « Les lignes de semis avait levé, mais on a fauché tellement tard que l’on n’a pas pu en tirer le bénéfice. Le sursemis c’est un peu du poker. J’ai commencé à herser mes prairies. Ça n’a pas l’air de rebouger derrière… j’espère que ça va être bon. »

Patricia Flochon