FILIERE OVINE
« Nous avons des billes pour motiver les jeunes »

La coopérative agricole des bergers réunis de l’Ain se porte bien mais elle songe à son avenir et au renouvellement des générations.
« Nous avons des billes pour motiver les jeunes »

Cobra (1) est la plus petite coopérative d'Auvergne Rhône-Alpes et de France. Mais avec ses 28 adhérents, (un de gagné par rapport à 2017), elle est efficiente et dynamique comme l'a rappelé Michel Joux, président de la coopérative « Les prix payés aux producteurs sont satisfaisants et cela dure depuis plusieurs années ». Avec ses 500 000 euros de chiffre d'affaires, en croissance depuis 2014, elle affiche un bon équilibre et une situation saine.

 

Des ventes en hausse

Les ventes ont augmenté, chez des clients qui restent fidèles. 3729 agneaux vendus, soit une hausse de 350 agneaux représentant 10% de plus sur l'exercice de 2018. Bonne nouvelle du côté du prix payé à l'éleveur, il enregistre 4 cents de plus que la cotation nationale. « Depuis 2013 nous avons inversé la courbe dans le bon sens » a précisé Nicolas Girard, technicien de la coopérative. Malgré une fin d'année difficile, les deux premiers trimestres ont été satisfaisants.

Une bonne communication

Les animations pour valoriser la marque Gigotin avec de l'agneau cuisiné par Stéphane Prévalet au salon de la gastronomie et au SIA de Paris ont rencontré un vif succès. La dégustation lors de la journée à la préfecture pour choisir le gentillet des habitants de l'Ain « est à considérer comme un bel événement » pour le technicien. En parallèle, la coopérative a fourni la viande pour le repas du Tour de l'Ain et pour le congrès des notaires à Bourg-en-Bresse. Sa qualité est reconnue. Elle figure parmi les produits de la marque Saveurs de L'Ain devenue un label départemental. Ce début d'année, déjà 643 agneaux sous la marque Gigotin ont été vendus.

Restauration collective

Un essai a été réalisé avec Agrilocal. 7 agneaux cuisinés dans 3 collèges.
« Une expérience positive, 1200 gosses en ont goûté. Ils ont apprécié d'après le retour formulé par les cuisiniers. C'est un bon effet psychologique qui va chasser cette image qu'ils peuvent avoir de manger du mouton. Ils ont compris la différence entre un agneau et un mouton qui lui est un animal vieux dont le goût est fort ». Nicolas était plutôt satisfait d'avoir mené à bien cette expérience et souhaite développer une semaine de l'agneau en milieu scolaire dans les cantines cet automne. L'objectif étant de sensibiliser un maximum d'élèves.

Renouveler les générations

Petite ombre au tableau, la retraite qui se profile pour certains éleveurs spécialisés et pas de suite. Pour Christian Novel de Brens dans le Bugey, « il faudrait que les exploitations avec de beaux troupeaux trouvent des successeurs ». Installer des jeunes pour renouveler les générations est un souci. Emmanuel Blanc, président du syndicat ovin ne voit pas où est le problème. « Nous avons des billes pour motiver les jeunes. Les aides PAC sont maintenant équivalentes à celles des bovins allaitants. Alors qu'il y a 10 ou 15 ans ce n'était pas le cas. C'est une production qui nécessite moins d'investissements au point de vue bâtiments que les autres filières. Nous commençons à récolter les fruits du travail syndical au niveau national. Peut-être suffirait-il de faire connaître la filière ovine encore mieux ? »

Yolande Carron
En chiffres
• 4231 ovins (+ 17 %)
• 3729 agneaux (+ 10 %) : dont 1559 agneaux Gigotin (+ 8,5 %)
• 502 ovins de réforme (+ 123 %)
Les successeurs
Le profil des jeunes qui veulent s’installer, souvent hors cadre familial préfèrent en individuel plutôt qu’associés. Julien de Neuville-sur-Ain, le dernier arrivant à la Cobra, a visité 15 exploitations avant d’arrêter son choix. Il voulait être seul pour plus d’indépendance.