Sanitaire/Bugey
26 personnes victimes d'encéphalite à tiques, probablement d'origine alimentaire

C'est rarissime. En fin de semaine dernière, l'Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de l'Ain, ont confirmé la détection d'un foyer d'encéphalite à tiques dans le bassin d'Oyonnax. Plus rare encore, cette contamination serait d'origine alimentaire, via des fromages au lait cru. La faute à pas de chance pour les victimes et les producteurs de Condamine.
26 personnes victimes d'encéphalite à tiques, probablement d'origine alimentaire

C'est rarissime. En fin de semaine dernière, l'Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de l'Ain, ont confirmé la détection d'un foyer d'encéphalite à tiques dans le bassin d'Oyonnax. Plus rare encore, cette contamination serait d'origine alimentaire, via des fromages au lait cru. La faute à pas de chance pour les victimes et les producteurs de Condamine.

L'encéphalite à tiques, à l'inverse de la maladie de Lyme (voir encadré) est causée par un virus transmis par les tiques : le Flavivirus.
Le plus souvent, les victimes sont infectées suite à une morsure de tiques.
Sauf que cette fois, c'est encore plus rare, tout indique que le virus aurait été transmis par ingestion de fromages de chèvres au lait cru, issu du Gaec des Chevrettes du Vieux Valey, situé à Condamine.
Une exploitation régulièrement contrôlée, qui respecte les consignes sanitaires imposées par l'administration.
La préfecture de l'Ain et l'ARS estiment à 26 le nombre de cas suspects. Les premières victimes auraient observé les premiers symptômes (céphalées, état grippal, vertiges...) mi-avril. Les plus récents le 27 mai. Les tests pratiqués excluent qu'il puisse s'agir de la covid 19.
Le diagnostic d'encéphalite à tiques a été formellement établi sur 10 de ces 26 cas suspects.
24 personnes ont été hospitalisées entre début mai et le 26 mai.

 

24 hospitalisations et un décès

 

Au 27 mai, 22 des 24 personnes hospitalisées avaient pu rejoindre leur domicile. « Une personne présentant des signes de comorbidités importantes et des symptômes similaires est décédée, sans confirmation possible de la cause exacte d décès », précise la préfecture.
Informés le 25 mai que leurs fromages étaient probablement à l'origine de cette contamination, les producteurs, qui commercialisent les fromages en circuit-court ont aussitôt retirer leurs produits des points de vente : à la ferme, sur les marchés d'Hauteville, Poncin et Nantua et à la fromagerie de Brenod.

Les autorités justifient leur suspicion sur cet élevage, par le constat qu'au moins 50% des victimes de cette encéphalite avaient consommé ces fromages au lait cru, sans pour autant avoir été piqué par une tique.

 


Des conditions d'élevage et de transformation conformes

 

Les éleveurs ont aussi placardé des affichettes et informé leurs clients de la situation sur leur page Facebook.
Les consommateurs disposant de fromages issus du Gaec (de vache ou de chèvre) sont priés de les ramener à la ferme.
Si vous avez consommé de ces fromages, que vous présentez des maux de tête, des nausées ou des vertiges, l'ARS vous recommande de consulter votre médecin traitant.
L'ARS et la préfecture confirme que la présence de tiques dans l'environnement des animaux ne peut en aucun cas être liée aux conditions d'hygiène du troupeau, « qui, au cas d'espèce, se sont révélées conformes, tant dans l'élevage que dans l'atelier de fabrication de fromages. »
« Jamais je n'ai entendu parler de cette maladie dans l'Ain, témoigne Christine Ménétrieux, expérimentée animatrice de la Fédération départementale des coopératives laitières, qui, question fromages, en connaît un rayon.
La faute à pas de chance en résumé pour les victimes de cette grave maladie et les éleveurs de cette exploitation.
Ces derniers ont bien entendu stoppé leur production en attendant les résultats d'analyses plus approfondies et la garantie de pouvoir à nouveau commercialiser des fromages indemnes du virus.

 

Etienne Grosjean

C'est quoi ce virus ?


Le flavivirus est transmis à l'homme par une tique infectée. Le plus souvent par morsure. Très rarement par ingestion de lait cru.
L'encéphalite à tiques est considérée comme une maladie rare, qui touche 5 000 à 13 000 personnes par an dans le monde.
En France, une vingtaine de cas sont recensés chaque année. Mais, « il existe une émergence de cette infection », prévient l'ARS.
Deux vaccins contre cette maladie sont disponibles en France. Ils ne sont recommandés que pour les voyageurs qui se rendent dans des régions de forte incidence. En dehors de ça, il n'existe pas de médicaments. La convalescence est longue, entraînant parfois des séquelles neurologiques et psychiatriques pendant plusieurs années.
Attention : l'encéphalite à tiques, provoquée par un virus, est différente de la maladie de Lyme, également transmise par les tiques, mais qui trouve son origine dans une bactérie.