MAIN-D'OEUVRE
TODE : " Faire changer la position du gouvernement "

Le 14 septembre dernier, en confirmant la suppression du TODE, le Premier ministre a poussé les agriculteurs, employeurs de main-d'œuvre saisonnière, à descendre dans la rue pour un réveil matinal des préfets. En Auvergne-Rhône-Alpes, c'est à Valence (Drôme) et à Villefranche-sur-Saône (Rhône), que les agriculteurs se sont mobilisés à l'appel de la FDSEA-JA, lundi 24 septembre.
 TODE : " Faire changer la position du gouvernement "


La confirmation par le Premier ministre de la suppression du dispositif d'allégement des charges sur les travailleurs saisonniers (TODE) a provoqué l'incompréhension des agriculteurs face à la gravité d'un tel choix. « La perte pour la Ferme France s'élèvera à bien plus que les 144 millions d'euros que la fin de cette exonération est censée permettre d'économiser », dénoncent la FNSEA et JA. Aussi, la mobilisation ne s'est pas faite attendre. À l'appel des FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) de la Drôme, de l'Ardèche et de l'Isère, quelque 200 agriculteurs ont manifesté leur colère en faisant une arrivée remarquée, aux alentours de 7 heures, mains sur les klaxons, de l'entrée de Valence jusqu'à la préfecture, en plein centre-ville. « Aujourd'hui, nous sommes à nouveau en action pour faire changer la position du gouvernement », a déclaré Grégory Chardon, président de la FDSEA de la Drôme. Il faut préciser que c'est la troisième fois en moins de quinze jours que les agriculteurs se mobilisent sur le sujet ! À l'autre bout de la région, le carrefour devant le marché couvert de Villefranche-sur-Saône a des allures de champ de bataille. La cohue habituelle des voitures a laissé place à des corps allongés, presque inanimés. Plus d'une centaine d'agriculteurs se sont mis en travers de la route pour symboliser leur mort certaine avec la suppression du dispositif d'allégement de charges des employeurs de saisonniers (TODE) !

Une décision incompréhensible, inadmissible et incohérente !

A Villefranche-sur-Saône dans le Rhône, plus d’une centaine d’agriculteurs se sont allongés pour symboliser leur mort certaine avec la suppression du dispositif d’allégement de charges des employeurs de saisonniers (TODE).

 

Bien que le Premier ministre ait aussi annoncé une mise en œuvre au 1er janvier 2019 de l'exonération renforcée des charges pour le secteur agricole (au lieu du 1er octobre 2019 pour les autres secteurs), cela n'a en rien calmé la colère des agriculteurs. En effet, selon leurs syndicats, la fin du TODE entraînera un coût supplémentaire de 189 euros par mois par saisonnier à temps plein au Smic. Une situation jugée « insupportable, incompréhensible, inadmissible et incohérente », à même de menacer une multitude d'exploitations agricoles. « Pour les viticulteurs par exemple, qui sont de très importants employeurs de main-d'œuvre saisonnière, notamment dans le Beaujolais, cette suppression signifie une perte financière sèche, qu'ils ne pourront pas compenser ! Si vous retirez la viticulture au Beaujolais c'est tout le territoire qui en pâtira. Aujourd'hui, que ce soit pour la viticulture et pour l'ensemble des filières spécialisées qui emploient beaucoup de main-d'œuvre, c'est une question de vie ou de mort ! » explique Vincent Pestre, arboriculteur à Chevinay et président de Graine d'emplois. Des propos que confirme Bruno Darnaud, président de l'AOP pêches et abricots de France : « Le poste main-d'œuvre, c'est 60 % des charges. Avec la fin du TODE, les charges augmenteraient de 15 %. Il n'y aurait donc plus aucun résultat pour ces entreprises. »
Pour Jérémy Giroud, secrétaire général de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes : « Si l'exonération TODE disparaît, nous ne remplirons pas les objectifs des États généraux de l'alimentation, qui étaient de retrouver de la compétitivité et de la valeur ajoutée sur nos exploitations. Bien au contraire ».

 

Selon Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, présent à Valence : « le gouvernement a fait un choix politique d’enlever l’exonération des charges sociales sur 930 000 emplois en France (120 000 en Auvergne-Rhône-Alpes). C’est un poids de plus qui va empêcher nos entreprises de poursuivre leur activité.»

930 000 emplois concernés

Selon Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, « le gouvernement a fait un choix politique d'enlever l'exonération des charges sociales sur 930 000 emplois en France (120 000 en Auvergne-Rhône-Alpes). C'est un poids de plus qui va empêcher nos entreprises de poursuivre leur activité. » À Valence comme à Villefranche-sur-Saône, des délégations ont été reçues par les représentants de l'État. « Nous avons rappelé au préfet de la Drôme, qui relaie nos demandes auprès du gouvernement, que le maintien du TODE est vital car les 144 millions d'euros de ce dispositif ne seront pas compensés par les allégements de charges renforcés annoncés par le gouvernement. Il ne peut y avoir de monnaie d'échange dans ce dossier. Nous ne sommes pas là pour dealer ni pour négocier des compensations filière par filière. Nous voulons juste le maintien de compensations liées à une compétitivité européenne déloyale. »

C Ledoux et M.C Seigle-Buyat