PORTRAIT
Rose, 23 ans, mécanicienne agricole

Nombreux sont les métiers dans le monde agricole à être exercés par des femmes. Quelques soient les contraintes physiques, la motivation et les compétences priment pour s’épanouir dans son métier. Rencontre avec la mécanicienne agricole des établissements Girard de Villars-les-Dombes.
Rose, 23 ans, mécanicienne agricole

Rose Benallaoua n'est pas issue d'une famille d'agriculteurs, mais c'est tout comme puisque son père est ouvrier agricole. Originaire de la Marne, cette jeune femme de 23 ans a toujours vécu en milieu rural. Mais comment cette vocation pour la mécanique agricole est-elle née ? Réponse : « En troisième, lorsqu'il m'a fallu faire un choix de stages, j'ai commencé par la maintenance de matériels agricoles, car j'ai toujours été manuelle. Cela m'a vraiment plu et j'ai donc continué dans cette voie. J'ai passé mon Bac pro dans la Marne et un Cap agricole TSMA – Techniques et services en matériels agricoles. J'ai poursuivi par un BTS TSMA à Bar-sur-Seine au lycée professionnel Val Moré. J'y ai rencontré mon compagnon qui était aussi mon formateur et que j'ai ensuite rejoint dans l'Ain ».
Rose est salariée depuis deux ans des établissements Girard, à Villars-les-Dombes. Très bien intégrée au sein d'une équipe d'une quinzaine de mécaniciens, c'est pourtant la seule femme à exercer ce métier qui demande d'être particulièrement réactif(ve), polyvalent(e) et surtout : qualifié(e). Aux établissements Girard, à chacun son secteur d'activité (moissonneuses, semoirs, épandeurs, tracteurs, soudure, parcs et jardins...). Rose, elle, s'occupe exclusivement des tracteurs: révisions, résolution des problèmes d'ordre électronique, boites de vitesse, ponts avant, problèmes moteur, préparation des tracteurs neufs et d'occasion... Elle est également amenée à assurer ponctuellement des dépannages sur le terrain, chez les clients agriculteurs de la société.

La misogynie, encore trop présente !

Interrogée sur son accueil dans le métier et la perception d'une femme aux manettes, elle répond sans fard : « Les hommes n'ont vraiment pas l'habitude de voir une femme mécanicienne. Certains même, disent encore : mon tracteur va être moins bien réparé... ! En plus, lorsque l'on a un BTS, on doit tout savoir !... mais il faut toujours faire ses preuves et surtout, en faire plus que les hommes pour être reconnue. Au sein de l'équipe, heureusement tout se passe bien et il y a une bonne ambiance de travail. Mais les réflexions de certains clients..., ça oblige à se forger un caractère ». Le plus difficile dans le métier ? : « C'est encore porter ce qui est très lourd. Une boite de vitesse, ça pèse jusqu'à plus de 120 kg. Les bacs à huile sont lourds aussi ; on les porte à deux pour ménager le dos. Parfois c'est difficile aussi pour desserrer certains boulons, même chose pour les raccords hydrauliques. Mais en mécanique, il faut dire que rien n'est facile non plus. Il faut surtout avoir les bonnes connaissances ». A l'atelier, les demandes les plus fréquentes concernent les révisions et les problèmes électroniques. Quelques soient les difficultés, une chose est sûre, Rose aime son métier. L'intérêt reste intact et ses motivations se résument en quelques mots : « il n'y a jamais de routine, on fait un travail d'équipe, c'est aussi la satisfaction lorsque l'on a terminé un matériel et le plaisir d'avoir des remerciements lorsqu'un client est satisfait ».

« Etre sûre de son choix... »

Lorsqu'on lui demande ce qu'elle répondrait à une jeune fille attirée par cette branche d'activité, la réponse fuse sans ambiguïté : « Cela fait six ans que je fais ce métier, en comptant mon temps en entreprise durant mes études en alternance. Aux jeunes, je répondrais : choisit bien ! Car c'est physique. Les mains par exemple, ce n'est plus des mains de jeune fille. Elles seront toujours rugueuses. Je dirais aussi : fais attention, vu le contexte misogyne, il faut avoir du caractère, sinon on est foutue. A l'école, on est protégées. Les profs sont plus attentionnés envers les filles et les garçons sont très vite recadrés en cas de problème. Je conseillerais de viser un poste chez un constructeur, mais les places sont chères, ou encore d'être magasinier au sein d'un atelier ».

Patricia Flochon