TRIBUNE
Face à des politiques agricoles sans boussole, réagissons avant qu’il ne soit trop tard !
Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité d’une tribune signée par les présidents des sections spécialisées en productions végétales de la FNSEA.
À quel prix l’agriculture française pourra-t-elle continuer à être l’une des plus performantes et des plus qualitatives du monde ? Alors que les trésoreries de nos exploitations sont touchées de plein fouet par l’explosion des charges, la France s’obstine dans une surenchère de décisions dont nous ne pouvons désormais plus payer le prix. L’addition à payer est aujourd’hui intenable, nous le vivons au quotidien sur nos fermes… Mais cela ne semble pas émouvoir les décideurs qui persistent et signent à saper notre compétitivité à grand renfort de réglementations, interdictions et taxations qui s’abattent sans discontinuer sur les agriculteurs !
Sur le plan réglementaire, cela se traduit par l’élimination progressive de nos moyens de production avec la multiplication d’impasses techniques lourdes de conséquences. Ces douze derniers mois auront connu l’interdiction des rares solutions encore efficaces pour la protection de certaines de nos cultures : néonicotinoïdes, S-métolachlore… Plus récemment, ce sont les restrictions d’usages du prosulfocarbe et l’interdiction du triflusulfuron-méthyle, qui rejoignent la longue liste des solutions prohibées ou en sursis, alors même qu’aucune alternative techniquement et économiquement viable n’a émergé à ce jour. Il s’agit pourtant d’un prérequis essentiel pour assurer la qualité sanitaire de nos productions et la sécurité alimentaire de nos concitoyens !
Qu’est-il advenu des promesses annonçant davantage de concertation pour ne pas abandonner les agriculteurs sans solutions techniques et de nous préserver des distorsions de concurrence ? Visiblement pas grand-chose ! Pire : la France préfère aujourd’hui se défausser sur la Commission européenne plutôt que de soutenir ses agriculteurs : la réhomologation du glyphosate en Europe, pourtant basée sur un avis favorable de l’EFSA, a été rejetée à la suite de l’abstention française ! Quant aux jachères, quelle cohérence à nous imposer une baisse de nos surfaces de production tout en nous encourageant à produire plus d’alimentation, pour garantir notre souveraineté, et plus de biomasse pour répondre aux enjeux climatiques ? Aucune.
Même constat sur le plan économique avec le projet de loi de finances 2024 qui annonce un matraquage fiscal sans précédent. À la hausse de la TFNB, s’ajoutent désormais l’augmentation jusqu’à 100 % de la redevance pour prélèvement sur la ressource en eau ; et d’au moins 20 % de celle pour pollution diffuse (RPD). Plus de 50 M€ de taxes supplémentaires qui pèseront lourd sur nos comptes d’exploitation déjà bien affaiblis.
Qu’est-il advenu de l’engagement des pouvoirs publics à lutter contre l'inflation des produits alimentaires sans rogner les marges des agriculteurs ? Là encore, nous y voyons une nouvelle contradiction que nous dénonçons avec force. Pire, les motivations écologiques invoquées pour justifier ce énième coup de boutoir fiscal, peinent à masquer un manque total de transparence et de sincérité sur l’utilisation des 185 M€ de redevances déjà payées par les agriculteurs.
Éric Thirouin, président de l’AGPB ; Franck Laborde, président de l’AGPM ; Franck Sander, président de la CGB ; Benjamin Lammert, président de la FOP ; Geoffroy d’Evry, président de l’UNPT
Augmentation de la RPD : combien ça coute ?
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