PASTORALISME
La Sema mise sur la structuration collective pour maintenir l’agriculture de montagne

Margaux Balfin
-

Développement des sports de pleine nature, réglementation de plus en plus stricte, pression de la prédation, le pastoralisme est aujourd’hui confronté à de nouvelles problématiques. Aussi la Société d’économie montagnarde de l’Ain fait le pari du maillage territorial pour obtenir des aides au financement de travaux en alpages.

La Sema mise sur la structuration collective pour maintenir l’agriculture de montagne
Lionel Manos succède à Adrien Bourlez à la présidence de la Sema. Photo/MB

Alors que l’association a fêté ses soixante ans au service du pastoralisme l’année dernière, c’est sur une nouvelle ère que s’est ouverte son assemblée générale. Président depuis déjà plusieurs années, Adrien Bourlez a passé la main pour se tourner vers d’autres horizons. Éleveur et maire d’Arandas, Lionel Manos a été élu quelques jours plus tôt pour lui succéder, et le nouveau président s’est rapidement retrouvé dans le bain en animant la journée. 
 
Créer plus de collectifs pastoraux : « une ambition forte »
 
Léa Gauthier, animatrice de l’association, est revenue sur la mise en place du Plan pastoral territorial Bugey-Revermont, fer de lance de la Sema de l’Ain l’année dernière. Porté par le Département et validé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes en mars 2022, ce plan a permis d’allouer 1,75 million d’euros (M€) aux espaces pastoraux du Bugey et du Revermont pour une durée de cinq ans. Une enveloppe augmentée de 230 000 € de financements supplémentaires octroyée par le Département, destinée au travail de prospection et à l’émergence de projets. 
Quatre dossiers, dont deux de travaux, notamment de débroussaillage, ont ainsi été déposés dans les mois qui ont suivi. Un troisième était destiné à l’animation du PPT, quant au dernier, il visait la création de collectifs pastoraux (CP) sur le périmètre du PPT. Quatre CP ont déjà vu le jour sur le périmètre : celui du Mollard de Don, du Revermont, des Rives de l’Ain et de Val’Retord. Le tout, pour un budget total de près de 75 000 €. « La Sema affiche l’ambition forte de créer à terme dix collectifs pastoraux sur le Bugey-Revermont », insiste Lionel Manos. Jusqu’à présent, seules les structures collectives et les établissements publics pouvaient bénéficier des soutiens financiers aux espaces pastoraux. Depuis leur émergence, les collectifs pastoraux peuvent aussi en profiter. Ils regroupent des éleveurs gérant individuellement des espaces pastoraux sur un secteur géographique proche qui leur permet d’obtenir des soutiens financiers dans le cadre de PPT. Un atout crucial pour la préservation du pastoralisme. 
 
PPT des Crêts du Haut Jura : des objectifs 2023-2027
 
Lors de son assemblée générale, la Sema a par ailleurs évoqué le second PPT de l’Ain, celui des Crêts du Haut Jura, renouvelé l’année dernière. La nouvelle planification s’est vu attribuer 1, 245 M€ de budget pour les cinq prochaines années, contre 800 000 € d’aides publiques accordées dans le cadre du précédent plan (2013-2020). La majorité de cette enveloppe avait alors été dédiée à des travaux dans 18 alpages du périmètre. Ceux de la Poutouille, du Gralet, de la Chenaillette et de la Vesancière avaient également été réhabilités. « Nous avions alors réalisé plus de travaux que prévus et beaucoup étaient dédiés à l’accès à l’eau, nous avons donc décidé d’orienter les financements de ce nouveau PPT en ce sens », explique Louise Ivanez, animatrice. L’abreuvement en alpages grâce à la création de citernes ou goyas pour mettre fin au charriage était d’ailleurs la thématique de la précédente assemblée générale. 
Dans le cadre du renouvellement du PPT, la Sema s’est également fixé pour objectifs de préserver les ressources en herbe des alpages, améliorer les conditions de travail des éleveurs en réhabilitant les chalets et en facilitant l’accès aux pâturages, d’anticiper le retour du loup et le changement climatique et de favoriser la structuration collective pour couvrir plus de territoire. Un important de travail de communication et d’animation auprès du grand-public sera également mis en place. Cette année, la Sema a ainsi participé à la campagne de sensibilisation « Un berger dans mon école » dans huit écoles du département. Au programme : visites d’alpages et rencontre avec des bergers pour les élèves. Des maraudes ont aussi eu lieu sur l’alpage du Sur Lyand et du Mont Myon pour vulgariser le travail des éleveurs auprès des autres utilisateurs de la montagne. Des journées découvertes des alpages sur le Sorgia et le Colombier ont également permis au grand-public d’en apprendre plus sur ces espaces. 
Au total, 295 309 ha, soit presque tout l’Est du département sont aujourd’hui concernés par un plan pastoral territorial, le tout pour une surface pastorale globale de plus de 20 000 ha.
En fin de matinée, Lionel Manos a grandement remercié Adrien Bourlez pour ses années de service à avoir contribué au rayonnement de l’agriculture de montagne sur le devant de la scène départementale. La journée s’est achevée par un débat, pour le moins sensible, sur la question du loup. À lire notre article la semaine prochaine.