EUROPE
Une nouvelle stratégie sur les sols pour 2030

La Commission européenne a adopté, le 17 novembre dernier, sa nouvelle stratégie pour la protection des sols à l'horizon 2030. Elle vise notamment à augmenter la teneur en carbone des sols dans les terres agricoles. 

Une nouvelle stratégie sur les sols pour 2030
La Commission européenne propose une réduction des pertes de nutriments d’au moins 50 %, entrainant une réduction de l’utilisation d’engrais d’au moins 20 %. ©Arvalis

« Prendre soin des sols, c’est prendre soin de la vie ». Tel est le mot d’ordre lancé le 17 novembre par la Commission européenne qui a constaté que 60 à 70 % des sols européens, qui couvrent 24 des 32 groupes majeurs des sols dans le monde, ne sont aujourd’hui pas en bonne santé. Or, ces sols sont à l’origine de près de 95 % des aliments consommés et abritent plus de 25 % de la biodiversité dans le monde. Ils constituent avec les océans et les forêts un important réservoir à carbone, permettant de limiter le réchauffement climatique. Dans son document, la Commission européenne rappelle que chaque année sur le Vieux continent, ce sont plus d’un milliard de tonnes de terres qui sont emportées par l’érosion et qu’environ 50 000 km2 de tourbières sont drainées à des fins agricoles. L’artificialisation des terres est également un phénomène que l’Europe entend éradiquer. Surtout, 25 % des sols présentent désormais un risque élevé ou très élevé de désertification, souligne le rapport de la Commission européenne. Pour que les sols puissent retrouver une « bonne santé », cette dernière a mis en place un dispositif appelé « Tester votre sol gratuitement » afin de promouvoir une gestion durable des sols par la Pac et de partager les bonnes pratiques. Ce dispositif financé par le programme Life, la Pac et la mission d’Horizon Europe « Un pacte pour des sols sains en Europe » sera complété, fin 2022, par un cadre juridique pour la certification des absorptions de carbone. L’objectif se révèle double : que les agriculteurs recourent « davantage aux pratiques de gestion durable des sols » et qu’ils puissent être, in fine, rémunérés pour le stockage du carbone et la fourniture de services écosystémiques  

Réduire l’utilisation d’engrais de 20 %

Le 14 décembre prochain, la Commission européenne présentera son projet de « Certificat de santé des sols » qui, s’il était adopté, pourrait être rendu obligatoire lors de transactions à l’horizon 2024. Ce certificat concernerait dans un premier temps des terres saines et exemptes de tous contaminants majeurs ou émergents (métaux lourds, etc.). La Commission européenne, qui souhaite que les sols bénéficient du même niveau de protection juridique à l’échelle de l’Union européenne que l’eau et l’environnement marin prépare un cadre législatif sur la santé des sols pour 2023. A travers lui, elle fournira une définition des concepts « d’artificialisation des terres » et visera à « mettre un terme à l’augmentation nette de la surface de terres occupées ». Ce cadre juridique qui devrait être « contraignant » devrait proposer un « objectif de réduction des pertes de nutriments d’au moins 50 %, entrainant une réduction de l’utilisation d’engrais d’au moins 20 % », précise le document de la Commission européenne. Toutes ces actions devraient permettre aux sols européens de retrouver une « bonne santé », c’est-à-dire que les sols soient capables d’assurer la « production alimentaire et de biomasse y compris dans l’agriculture et la foresterie, d’absorber, stocker et filtrer l’eau ainsi que de transformer les nutriments, fournir la base de la vie et de la biodiversité, d’agir comme réservoir carbone ou comme source de matière première ». 

Christophe Soulard