SYLVICULTURE
Ces insectes ravageurs qui menacent les forêts de l’Ain

Le scolyte de l’épicéa suscite l’inquiétude pour les forêts du Bugey. Explications d’Éric Hell, technicien au CRPF.
Ces insectes ravageurs qui menacent les forêts de l’Ain

A quoi faut-il s'attendre dans les semaines à venir ?

« C'est un phénomène qui nous inquiète pour le printemps. L'épicéa constitue 90 % des plantations sur le Bugey. Les premiers foyers de scolytes ont été détectés à l'automne. L'insecte attend trois à quatre journées à plus de 19°C pour commencer à voler. Il y a de fortes chances pour que les premiers symptômes apparaissent d'ici une dizaine de jours. Les femelles pondent dans des galeries entre l'écorce et le bois et les larves construisent des galeries perpendiculaires, empêchant la sève de monter et le sapin meurt en quelques semaines. Il faut être vigilant aux signes extérieurs : au moment où les insectes piquent l'épicéa pour rentrer sous l'écorce, l'arbre crache de la résine. C'est à partir de ce moment-là qu'il faut réagir et couper très rapidement les arbres atteints. En règle générale, de dix à quinze arbres sont attaqués en même temps.».

Un phénomène amené à s'étendre avec le réchauffement climatique ?

« Les scolytes sont ce que l'on appelle des « parasites de faiblesse » qui se développent généralement soit après une tempête de l'année précédente, soit après un coup de chaud ou une sécheresse. Les attaques durent en moyenne trois ans, avant de retomber à zéro, jusqu'au prochain épisode climatique... Ce qui est inquiétant c'est qu'il a fait tellement chaud l'an dernier que l'on a eu des attaques dès 1000 m d'altitude. Aujourd'hui, on en est donc réduit à déconseiller très fortement de replanter de l'épicéa à moins de 800 m pour prévenir tous risques. »

De quelle manière le CRPF peut-il aider les propriétaires forestiers ?
« L'une de nos missions est de repérer les foyers et de contacter les propriétaires. Les gens sont sensibilisés et assez réactifs. Le problème, c'est que l'on peine à trouver de la main-d'œuvre pour intervenir rapidement. Certains marchands de bois mal intentionnés en profitent pour contacter directement les propriétaires, les incitant à faire couper des hectares entiers de forêt alors que ça n'est pas justifié. Il faut simplement traiter la partie attaquée ! Soyez vigilants ! »

Qu'en est-il de la chenille processionnaire du pin cette année ?

« Ses attaques sont cycliques, tous les six à sept ans. En forêt, on ne traite pas. Mais si elles sont repérées dans des zones proches d'habitations on applique un traitement bio : le Bacillus thuringiensis, qui bloque la mue des chenilles. En 2018 c'était plutôt calme ; en augmentation cette année, mais nous ne sommes pas vraiment en phase épidémique. »

Et la pyrale du buis, toujours sans solutions ?

« On est très inquiets sur les premières zones attaquées en 2016 : le Bugey Sud, les Savoie et la Drôme. Plus de 50 % des buis ont crevé, sauf les plus gros. Les populations de pyrale ont migré au Nord, mais il en est resté sur place. Les buis qui ont refeuillé ont été à nouveau mangé et parfois même l'écorce. Quant aux solutions possibles, les chercheurs sont très hésitants à faire rentrer en France un prédateur asiatique car lorsqu'il sera venu à bout de la pyrale, est-ce qu'il ne va pas s'attaquer à d'autres espèces ? Pour ce qui est des oiseaux, les chenilles de la pyrale sont très peu appétentes pour la mésange qui se nourrit pourtant beaucoup de chenilles, mais apparemment pas intéressée par celles-là. La mort des buis a pour conséquences le déplacement des populations de sangliers et entraîne des risques d'érosion des sols dans certains secteurs. »

Patricia Flochon

Bourse foncière : 120 offres de vente en ligne

Mise en place à la fin de l’été 2018 par le Centre régional de la propriété forestière (CRPF), la bourse foncière porte déjà ses fruits. Un service à retrouver sur le site www.laforetbouge.fr qui met en relation vendeurs et acheteurs de parcelles forestières. Eric Hell nous en explique le principe : « Nous avons contacté tous les propriétaires forestiers des communautés de communes Bugey Sud et du Plateau d’Hauteville, soit environ 6 000 propriétaires. Ceux qui souhaitent vendre une parcelle donnent mandat au CRPF pour inscrire leurs parcelles sur le site et gérer les mises en relations. Ce système a été mis en place pour éviter le morcellement de la forêt privée. On compte aujourd’hui 120 offres de vente pour environ 85 propriétaires potentiellement acquéreurs. Pour les parcelles à bonne potentialité forestière, chênaies ou sapinières, nous contactons en priorité les voisins afin de savoir s’ils sont intéressés. En 2019, les offres seront élargies à la zone d’Innimond, Ordonnaz, Arandas… Le site, public et ouvert à tous, a pu être mis en place grâce à un financement Leader. Si des propriétaires d’autres secteurs souhaitent vendre, ils peuvent entrer leurs coordonnées eux-mêmes, mais avec l’inconvénient de pouvoir être contactés par n’importe qui sans filtre ».
 

Une association au service des sylviculteurs du Bugey

L’association Les sylviculteurs du Bugey, association syndicale libre de gestion forestière, a tenu son assemblée générale le 8 mars dernier à Saint-Martin-de-Bavel. « Nous avons pour mission d’entreprendre tout ce qui a un rapport de près ou de loin à la gestion forestière des parcelles regroupées de nos 183 adhérents. Il s’agit principalement des coupes de bois et la commercialisation des lots pour le compte des propriétaires, du marquage préalable au suivi des chantiers d’exploitation, encadrer la vente, le plus souvent par appel d’offre. Nous proposons un service clé en main pour les adhérents qui n’ont aucune compétences dans le domaine », explique Olivier Dupraz, technicien forestier. En 2018, l’association a géré 44 ha, soit 74 parcelles, pour le compte de 37 propriétaires. Près de 3 400 m3 de bois ont été commercialisés, principalement du résineux (sapin, épicéa) plus quelques coupes de bois chauffage (notamment du hêtre). Autres services proposés par l’association : des travaux de reboisement, entretien de plantations et protection contre le gibier ; visite – conseils, délimitation des parcelles des nouveaux adhérents, inventaires de peuplement, estimations dans le cadre de vente ou succession, rédaction de documents de gestion durable et conseils divers sur la réglementation.

Pour tous renseignements, contacter Olivier Dupraz au :04 74 34 91 16