FILIÈRES
Le projet d’abattoir petits ruminants est en bonne voie
En 2022, la Compagnie d’abattage de Bourg-en-Bresse (Cab) a annoncé vouloir stopper l’abattage d’ovins, huit ans après l’arrêt de l’abattage des caprins. Alors que l’échéance de fin juin 2024 approche, les filières ovine et caprine du département ont jeté leur dévolu sur l’installation d’un nouvel abattoir zone Cénord.
Sur les rails depuis plusieurs mois, le sujet a de nouveau été évoqué lors de l’assemblée générale de l’AEACC* le 8 avril dernier à la Maison de l’agriculture. Porté par les filières ovine et caprine du département, le nouvel abattoir sera installé non loin de la zone Cénord, dans l’un des bâtiments d’Agro découpes services (ADS), 10 rue Joseph Jacquard à Bourg-en-Bresse, en face de l’abattoir des Crets. Désormais à la retraite, Bernard Chavanel vient d’ailleurs de vendre son affaire de prestation de service en découpe et conditionnement d’animaux. Il conservera toutefois 300 m2 de bâtiment qu’il louera à la SCIC** Pôle des Bergers, constituée il y a peu de temps, sous la forme d’un bail emphytéotique. Le site présente plusieurs avantages. Entre autres, la proximité avec les autres abattoirs du pôle viande de Bourg-en-Bresse, la présence d’un atelier de découpe adjacent (anciennement ADS), des voieries existantes. Seules ombres au tableau, la soumission du site aux normes classées ICPE, le réseau d’évacuation des eaux usées à redimensionner, la hauteur sous plafond, les espaces extérieurs restreints et un loyer relativement élevé.
Un tonnage annuel prévisionnel de 90 tonnes
Après une étude de faisabilité et d’opportunité, les porteurs de projet ont toutefois retenu cette possibilité. Bernard Chavanel a participé au développement du projet et aidé à la réalisation des plans d’aménagement du futur abattoir. En se basant sur les données d’abattage des années précédentes, fournies par la Cab, les porteurs de projet ont estimé à 90 tonnes le tonnage annuel prévisionnel, avec une évolution envisagée de 5 % par an pour atteindre 120 tonnes au plus fort de la production. Un projet à plus de 770 000 €, que les porteurs espèrent faire financer à hauteur de 126 000 € par les emprunts et plus de 385 000 € par des subventions en plus de fonds privés. Le tout pour un amortissement envisagé sur quinze ans pour le bâtiment et cinq ans pour le matériel.
Une ouverture envisagée au printemps 2025
Le projet est désormais bien ficelé et en bonne voie mais les perspectives de mise en service ne sont pas pour avant printemps 2025. L’heure est à la rédaction des statuts et à la recherche de capital social et de subventions. Quant au permis de construire, il est en cours d’élaboration et les devis n’ont pas encore été tous validés. Il est toutefois prévu que la Cab rétrocède sa chaîne d’abattage à la SCIC, explique Olivier Coche, président de l’AEACC.
Les porteurs de projet ont toutefois mis les bouchées doubles ces derniers mois, pressés par les échéances imposées par la Cab. « Au départ, il était question d’arrêter l’abattage au 30 mars, puis ils nous ont proposé le 30 juin », poursuit Olivier Coche. Les porteurs de projet espèrent donc trouver une solution de transition avant l’ouverture du futur abattoir.
« C’est quelque chose qui avait été annoncé en conseil d’administration en juin 2021. Que ce soit en termes techniques ou économiques, la chaîne d’abattage telle qu’elle est conçue est obsolète et ce n’est économiquement pas rentable », justifie Vincent Convert, directeur de la Cab. La société d’abattage de Bourg-en-Bresse a aujourd’hui d’autres projets, notamment sur la partie frigorifique. « Nous avons un projet de rationalisation des flux, tant pour des raisons technique, économiques que sanitaires pour éviter les croisements d’espèces et de produits. C’est extrêmement compliqué d’être un abattoir multi-espèces aujourd’hui et maintenir en fonctionnement une ligne d’abattage comme celle-ci pour une heure par semaine n’a pas de sens », poursuit Vincent Convert.
*L’Association des éleveurs abatteurs en circuits-courts réunit 82 structures dont des abatteurs individuels.
**Société coopérative d’intérêt collectif
Les communautés de communes sollicitées
Les porteurs de projet ont sollicité plusieurs communautés de communes du territoire pour obtenir un soutien financier à hauteur de 20 000 € par collectivité mais aussi intégrer la SIC en tant que parties prenantes. Pour l’instant, la plupart ont donné un accord de principe mais n’ont pas encore voté de décision en conseil communautaire. À Haut Bugey Agglomération, le sujet a été évoqué en commission lundi soir. Sur le principe de la participation financière, cela ne devrait pas poser de problème, sous réserve d’une validation par le bureau puis le conseil communautaire, assure Lucien Maire, vice-président délégué à l’agriculture. « En revanche, nous ne sommes pas trop favorables pour intégrer la SIC. Nous avons déjà eu de mauvaises expériences et dans ces cas-là nous sommes co-responsables. Par ailleurs, nous n’avons pas trop vocation à participer au fonctionnement d’une structure. » Du côté de Grand Bourg Agglomération, les orientations pour accompagner le projet ont été votées en session du conseil communautaire du 18 décembre 2023. « Ce projet va dans le sens d’une diversification des productions, notamment en caprin, mais aussi d’un renforcement de l’agriculture locale », souligne Aimé Nicolier, vice-président en charge de l’agriculture. Pour l’élu, si l’accompagnement de la collectivité est assuré, le sujet devra être redébattu en session ou en bureau, entre autres pour déterminer l’intégration de la communauté de communes à la SIC et le vote d’une enveloppe budgétaire. « Nous n’avons pas suffisamment d’éléments à l’heure actuelle, nous verrons lorsque nous en saurons plus. »