Environnement
L’Agence de l’eau prône la renaturation des cours d’eau

Depuis 2019 et jusqu’en 2024, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse déploie un important budget pour renaturer les rivières du bassin et s’adapter aux effets du changement climatique, dont la sécheresse. Le point avec Nicolas Alban, directeur de la délégation lyonnaise.

L’Agence de l’eau prône la renaturation des cours d’eau
L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse va investir 460 millions d’euros entre 2019 et 2024 pour la restauration des milieux aquatiques. ©SmarLoire

460 millions d’euros, c’est le budget investi par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse entre 2019 et 2024 pour la restauration des milieux aquatiques, dont une part importante est allouée à la Région Auvergne-Rhône-Alpes. « Les secteurs prioritaires sont les rivières dont l’état écologique est jugé mauvais, précise le directeur de la délégation de Lyon, Nicolas Alban. Tout ce qui se situe en montagne qui a connu et connaît peu d’activités humaines est généralement dans un bon état, mais les secteurs les plus dégradés se situent en plaine, d’où l’intérêt d’agir dans tout le val du Rhône et de la Saône. »

80 km de cours d'eau réaménagés

Selon Nicolas Alban, l’enjeu est avant tout de renaturer les rivières, défigurées par les activités humaines. La plupart d’entre elles s'écoulent en ligne droite, tandis que leur cours naturel est en “S”. « L’idée n’est pas de revenir à l’état initial de la rivière, mais de tenir compte des usages présents aujourd’hui. Remettre des méandres là où il n’y en a plus, veut également dire manger du foncier… La discussion avec les agriculteurs est donc très importante. » Le jeu en vaut pourtant la chandelle, renaturer les rivières peut ralentir le cycle de l’eau et en redonner au sol. C’est notamment le défi que s’est lancé le syndicat de la rivière de La Bourbre, qui coule dans les départements de l'Isère et du Rhône. Cette dernière est en plein chantier le long de l’autoroute A43. Les premières phases de travaux redessinent le lit de la rivière entre Bourgoin-Jallieu et Vaulx-Milieu. Avec deux bénéfices indéniables : apporter de l’eau dans les sols et une plus grande diversité d’espèces. À ce jour, le programme d’intervention de l’Agence de l'eau a permis à 242 km de cours d’eau de retrouver un bon fonctionnement sur le bassin Rhône Méditerranée et Corse, dont 80 km sont situés en Rhône-Alpes. Près de 900 ha de zones humides ont également été acquis ou restaurés. « Le but est dorénavant de continuer à ce rythme de restauration, assure avec satisfaction Nicolas Alban. Mais pour mener ces projets qui demandent plusieurs années d'études et de négociations, nous avons besoin de l'appui des collectivités. »

Léa Rochon

Le marais de Chautagne et la Dranse : deux chantiers emblématiques

L’agriculture fait partie des activités qui peuvent entraîner une dénaturation des rivières ou espaces humides. C’est notamment le cas du marais de Chautagne, situé en Savoie, au nord du lac du Bourget. Les aménagements opérés dans les années 1970 l’ont profondément asséché et ont conduit à l’abaissement de la nappe d’accompagnement. Ces modifications ont permis à des exploitations agricoles, sylvicoles et de maïsiculture de s’y installer. Au fil du temps, les espèces envahissantes (bourdaine, solidage) se sont développées et ont entraîné la disparition des espèces floristiques et faunistiques. Résultat : « l’action de restauration du marais a eu pour conséquence un changement de culture, avec plus de pâtures pour les éleveurs que de culture de maïs », détaille le directeur de la délégation de Lyon pour l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, Nicolas Alban Mais la renaturation peut, a contrario, sauver certaines cultures. Au cœur du Chablais (Haute-Savoie), le syndicat intercommunal d’aménagement a décidé de procéder au sauvetage d’une des rares vignes du secteur, au bord de la Dranse. L’anthropisation de la rivière provoquait une érosion des berges, laissant la vigne en sursis.

L.R.