72e CONGRES DE LA FNSEA
La FNSEA veut cultiver l'esprit de la gagne

La première année de mandat a été active pour la nouvelle équipe dirigeante de la FNSEA. Elle a notamment été marquée par les travaux menés dans les deux chantiers des États généraux de l’alimentation. La FNSEA a donc profité de son congrès, qui s’est déroulé à Tours du 27 au 29 mars, pour présenter aux 1 000 congressistes les actions menées durant cette année et ses projets pour l’avenir.
La FNSEA veut cultiver l'esprit de la gagne

«Nous avons du pain sur la planche mais nous ne renoncerons pas, nous continuerons à nous battre » a affirmé Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, avant de présenter le rapport d'activité de la FNSEA, dont le congrès s'est déroulé à Tours du 27 au 29 mars. La première année pour l'équipe dirigeante de la FNSEA, élue il y a un an au congrès de Brest. Le secrétaire général a rappelé que le contexte économique était pesant, avec des prévisions du chiffre d'affaires de la Ferme France, pour 2017, qui sont mauvaises, faisant suite à une baisse de 7 % entre 2015 et 2016. Cette première année a été marquée par de nombreux travaux, notamment en raison de la tenue des États généraux de l'alimentation (EGA), dont le premier chantier était consacré à la répartition de valeur, un des thèmes de campagne de l'équipe élue l'an dernier. Serge Papin, Président-directeur général de Système U, en dépit de l'attentat survenu dans un magasin Super-U,
la semaine précédente, avait maintenu sa venue au congrès. Il a plaidé pour l'instauration de « prix référents » dans le cadre des relations commerciales dans les filières alimentaires, en attendant que des indicateurs de coûts de production soient proposés dans le cadre des interprofessions, comme le prévoit le projet de loi EGAlim en cours d'examen.
« La mise en place des indicateurs de coûts de production va être compliquée, nous devrions en passer par des prix référents, a-t-il lancé. Cela permettrait de trouver un compromis sur certaines grandes matières premières, comme le porc, le lait ou la viande bovine ». Le distributeur estime que les interprofessions ne sont pas prêtes à établir des coûts de production, évoquant notamment la nécessité d'établir des « comités de suivi ». Pour Serge Papin, le « prix référent permettrait de faire bouger les choses en attendant que les interprofessions se réforment ». La loi alimentation, qui découle des travaux des EGA, sera présentée à l'Assemblée nationale fin mai. Lors de son discours, Stéphane Travert a annoncé que ce nouveau cadre devrait s'appliquer dès l'automne.
Aux distributeurs, qui « s'inquiètent » de ce projet, il a redit que la hausse du SRP, la fin des promotions abusives, vont entraîner des hausses de marge et de chiffre d'affaires pour eux, « il n'y a aucune fatalité à ce que ces hausses se traduisent par une augmentation globale des prix pour le consommateur », insiste-t-il.

Serge Papin, Président-directeur général de Système U et Patrick Bénézit, secrétaire général de la FNSEA.

« Entre prédateurs et éleveurs : il faut choisir ! »

Le deuxième chantier des EGA a aussi mobilisé le syndicat. Il a répondu aux attentes sociétales envers l'agriculture en proposant le contrat de solutions, avec plus de 35 organisations, afin de rassembler les initiatives qui permettent de réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. Mais les États généraux n'ont pas été la seule actualité à rythmer l'année syndicale. La prédation a aussi mobilisé les équipes du syndicat en région et à Paris. Pour protester contre le plan loup une manifestation avait notamment été organisée devant Matignon en décembre. Ce plan ne satisfait en effet pas la FNSEA qui estime qu'il ne protège pas la ruralité et les éleveurs. Dans son discours de clôture, Christiane Lambert, a évoqué la volonté du gouvernement de réintroduire deux ourses dans les Pyrénées. Une initiative qui déplait à la présidente de la FNSEA, « entre prédateurs et éleveurs il faut choisir », a-t-elle assuré, sous les applaudissements des congressistes.

ZDS : « des critères incompréhensibles »

Le dévoilement de la nouvelle carte des zones défavorisées simples (ZDS) a également fait réagir le monde agricole. Le président de l'UDSEA Indre-et-Loire, Dominique Malagu, estime que dans son département, cette nouvelle carte va avoir des conséquences importantes sur la viabilité des exploitations. Pour Christiane Lambert, les critères d'exclusions et d'inclusions des zones sont incompréhensibles. « Je ne peux passer sous silence le trou de 853 millions d'euros de l'ICHN qui vous a conduit à opérer un transfert supplémentaire du 1er au 2nd pilier », a-t-elle déclaré.
Se voulant rassurant, le ministre de l'Agriculture s'est dit opposé à de nouveaux transferts. Les conditions climatiques et la lutte contre les aléas ont également été des sujets de préoccupation pour la FNSEA. Fin 2017 le règlement, Omnibus a doté l'Europe d'une nouvelle palette d'outils pour permettre aux agriculteurs de se prémunir contre les aléas climatiques. Evoquant l'avenir de la politique agricole commune, la présidente de la FNSEA estime qu'il est possible de repenser un projet agricole européen autour de trois axes : compétitivité, durabilité et résilience. Stéphane Travert a affirmé la volonté du gouvernement de préserver le budget de la Pac et de s'opposer au cofinancement des paiements directs. Durant les diverses interventions, le numérique et le digital, la compétitivité, ont également été évoqués. Sur tous les sujets la FNSEA a présenté les actions menées mais surtout ses perspectives pour l'avenir, mettant ainsi en avant sa volonté d'être un syndicat en mouvement et porteur de solutions.

Les agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes présents en force au congrès de la FNSEA. Ici aux côtés de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA au centre.

 

La voix de la région

La délégation d’Auvergne-Rhône-Alpes aux avant-postes

Michel Joux, président de 
la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
États généraux de l’alimentation, Pac, loup…La FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes a porté un message offensif au congrès de la FNSEA.Une quarantaine d’agriculteurs de la région a participé au congrès de la FNSEA. L’occasion pour leur porte-parole, Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes de s’exprimer sur trois sujets majeurs : les États généraux de l’alimentation (EGA), la politique agricole commune et le loup. Persuadé que c’est dans le combat et la revendication « que l’on peut obtenir des avancées », le représentant de la FRSEA a invité chacun et chacune « à ne rien lâcher sur les prix. Les textes issus des EGA doivent être à la hauteur des enjeux ». Et d’insister sur l’indispensable prise en compte des coûts de production, sur l’encadrement des promotions, sur la structuration des filières… « Autant de leviers clairement identifiés qui restent à graver dans la loi ».
« Poussons aux côtés de la FNSEA »
À ce stade de l’élaboration de la loi, la vigilance reste de mise. Pas question, en effet, pour les responsables professionnels de se laisser berner par une hypothétique complexité : « Nous n’avons pas le droit de reculer, de tiédir ou de douter (…) Notre réseau est en attente d’une loi de juste répartition de la valeur. La FNSEA est notre pilier. Poussons à ses côtés pour gagner cette mêlée ». Sur la politique agricole commune, Michel Joux a appelé les agriculteurs à mettre l’État devant ses responsabilités : « ne laissons pas les pouvoirs publics s’en tirer à bon compte en nous noyant dans des méandres budgétaires. Regardez les indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN). Nous avons déjà 8 % de stabilisateur. C’est inacceptable ! »
ICHN = élevage
La FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes entend bien faire preuve de fermeté pour maintenir le lien entre ICHN et élevage. Enfin, sur la réforme de la Pac à venir, la FRSEA prévient « tout ce que l’État français ne mettra pas, il faudra, soit s’en passer, soit que les conseils régionaux compensent, soit qu’il y ait un nouveau prélèvement sur le premier pilier ». Autant dire qu’aucun de ces scénarios n’est favorable à l’agriculture, d’où la nécessité de « se battre pour le maintien d’un budget de la Pac ambitieux mais aussi pour conserver un budget national dédié à l’agriculture conséquent ».
Sophie Chatenet

 

 

Au fil des sujets

• Zones défavorisées :

Le combat continue, dans la mesure où la nouvelle mouture de la carte proposée par le gouvernement met en péril l’économie de bon nombre d’exploitations d’élevage.

• Omnibus :

La FRSEA Aura estime qu’il est urgent de saisir les possibilités offertes par l’Omnibus, dispositif européen qui se veut un correctif de certaines mesures de l’actuelle Pac. « Il peut être une opportunité pour assouplir le droit de la concurrence, et également pour les systèmes assurantiels en abaissant la franchise de l’assurance récolte ». 

• Loup :

« Quand le loup avance, le pastoralisme recule », selon Michel Joux. Confrontée régulièrement aux attaques de loups, la région Auvergne-Rhône-Alpes défend le « zéro attaque », qui implique de donner aux éleveurs les moyens de se défendre. « Le plan loup 2018-2023 va à l’inverse de ce que nous demandons. Il acte la volonté de voir l’espèce se développer ». Inacceptable pour la FRSEA qui invite les ministères concernés à revoir leur copie.