TABLE RONDE
Faut-il aller vers une adaptation des labels ?

En marge de leur assemblée générale, les responsables d’Agriconfiance ont organisé, le 19 octobre, une table ronde sur le thème : « Un label peut-il répondre à toutes les attentes du consommateur et du citoyen ? »

Faut-il aller vers une adaptation des labels ?
Julien Frayssignes, chercheur à l’Institut national polytechnique de Toulouse (INP), recense près de 400 signes, labels et démarches de qualité en France, « ce qui fait de notre pays, la championne du monde ».

« Il existe un sentiment d’essoufflement de la part de la profession agricole avec l’émergence de nouveaux labels et nouvelles démarches de qualification », a d’emblée attaqué Julien Frayssignes, chercheur à l’Institut national polytechnique de Toulouse (INP). Il recense près de 400 signes, labels et démarches en France, « ce qui fait de notre pays, la championne du monde ». Il concède que les consommateurs restent interloqués par cette profusion de signes de qualité qu’ils soient publics ou privés et qu’ils demandent légitimement à « y voir plus clair dans cette jungle ». Mais il reste « prudent » sur la récente démarche entreprise par Greenpeace, UFC-Que Choisir et le WWF, trois organisations qui souhaitent imposer leurs normes environnementales aux signes officiels de la qualité et de l'origine (Siqo). « Les labels rouges et AOC n’ont pas été construits comme ça dès le départ », a-t-il indiqué. Il n’en reste pas moins que les labels privés commencent à agréger de nombreuses allégations pour attirer et fidéliser le consommateur. Non seulement certains produits sont IGP mais ils jouent aussi sur la carte du bio, du local, de la santé à l’image de « Bleu-Blanc-Cœur ». En ce sens, ils répondent aux attentes du consommateur qui veut d’abord être nourri en sécurité et sécurisé sur le contenu de son assiette », a précisé Jean-Pierre Loisel, chef du service Communication éducation développement de l’Institut national de la consommation (INC). La santé est le deuxième critère de choix d’un produit « même s’il tend à devenir aujourd’hui prioritaire » a-t-il poursuivi, expliquant que le plaisir/goût et le prix étaient également déterminants.

Ne pas rester spectateurs

Le risque de voir les labels s’effacer derrière d’autres critères plus parlants pour les consommateurs n’est pas neutre. « Le pacte de non-agression des ONG vis-à-vis des labels est brisé », a commenté Rémi Cerf, responsable agriculture et qualité du groupe Carrefour. Les labels ne correspondant plus aujourd’hui aux attentes des consommateurs, ils doivent s’adapter et « apporter des éléments de preuve supplémentaires, comme le zéro résidu de pesticides, le bien-être animal, etc. », a-t-il proposé, conscient que « ce sont des créneaux difficiles à développer » et qui de tels changements pourraient induire la révision du cahier des charges des labels historiques. Passer du marketing de la promesse à celui de la preuve, pour réassurer le consommateur, est une nécessité ont plaidé les intervenants de la table ronde. D’ailleurs, ce dernier veut donner de plus en plus de sens à ses achats et savoir si le produit qu’il achète est de qualité, respecte l’environnement, les producteurs et les animaux, a souligné Xavier Bartillot, directeur commercial d’Aqualande. Rémi Cerf concède mettre plus en avant les marques que les Siqo qui représentent tout de même 16 % de ses 21 000 références hors vin. Parce que les Français sont « citoyens le matin, consommateurs dans le quart d’heure » selon la formule du ministre de l’Agriculture, les labels ne « doivent pas rester spectateurs ».

Christophe Soulard