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« Cela ne sera plus jamais comme avant »

Christian Chatard vend des poulets de Bresse rôtis chaque samedi matin sur son exploitation à Viriat.
« Cela ne sera plus jamais comme avant »

L'éleveur de volailles de Bresse se l'avoue : « je nous voyais bien aller dans le mur mais je ne pensais pas que ce serait à cause d'une pandémie ». Aussi il n'a pas attendu pour remettre en route ses rôtissoires et vendre des poulets de Bresse cuits à la porte de son exploitation. Il faut dire qu'il a l'habitude de ce genre d'opérations qu'il réalise un dimanche par an, où à la demande de clients dans un but festif. Sauf que là pour le coup, personne n'avait le goût à la fête, crise sanitaire et confinement obligent.

Tous les samedis

Ce 28 mars, c'est 60 poulets cuits qui se sont envolés ! Sans même communiquer sur les réseaux sociaux, juste par le bouche à oreille. « Au départ je voulais organiser cela sur la place de la mairie à Viriat, j'avais contacté le maire pour faire un petit marché avec d'autres producteurs. Mais comme l'interdiction des marchés est tombée je me suis rabattu sur cette solution » explique Christian Chatard. Cette vente s'adresse à des consommateurs locaux afin d'éviter les déplacements. « Tous nos clients nous appellent cela nous fait chaud au cœur, j'ai déjà une quinzaine de poulets rôtis réservés pour samedi prochain car je recommence » confie l'éleveur, bien connu pour ses podiums lors des Glorieuses de Bresse.

Ça tombe pas trop mal

Nous avons de la chance d'être dans une fin de lot. J'en avais 600, déjà 250 sont partis avant l'annonce du confinement. J'ai un lot de 1000 qui va arriver. Les volailles seront prêtes pour fin avril. « J'espère que l'économie reprendra à cette période » glisse Christian. « Car pour l'instant les volaillers continuent à nous acheter les volailles mais on divise par deux le prix. Les grandes surfaces jouent le jeu en en prenant chez les volaillers mais elles ne baissent pas forcément les prix. Cela fausse le marché ».

Et l'avenir ?

Christian âgé de 57 ans dit être plus réaliste que son fils Justin de 24 ans. « Lui il est positif, il pense que tout va repartir dès que le confinement sera levé. Moi, je vous dis que nous en avons pour plusieurs années pour retrouver une stabilité économique. Où allons-nous trouver l'argent ? Simple exemple, lorsque le prix du baril se casse la gueule, celui des céréales ne remonte pas. D'ailleurs je me pose la question si cela vaut le coup de planter du maïs cette année. Sans vouloir être pessimiste, nous ne sommes même pas certains que le virus ne fasse pas un second tour ». Toutefois, Christian Chatard précise : « en France il faut reconnaître que nous sommes mieux placés que les autres pays sur l'avancée de la pandémie ». Avant d'ajouter « pour l'instant »... Cette semaine il reçoit un lot de 500 volatiles qui deviendront chapons. C'est ainsi, le métier d'agriculteur ne s'arrête jamais car sa vocation est de nous nourrir.

 

Yolande Carron