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AG de l’UMIH : «l’union fait la force»

Ludivine Degenève
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Après une pause de plusieurs année, l’UMIH (Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie) a organisé son assemblée générale le 24 avril au monastère de Brou à Bourg-en-Bresse. À cette occasion, l’organisme a donné la parole à des membres d’unions commerciales urbaines et rurales à travers une table ronde. Reportage.

AG de l’UMIH :  «l’union fait la force»
Pierre Novier, animateur de l’union commerciale centre Bourg, Flavio Olivera, commerçant à Bourg-en-Bresse, et Marjorie Boulon, gérante de La Roseraie à Ambérieux-en-Dombes étaient invités pour témoigner de l’importance d’une union commerciale. PHOTO/ LD

L’UMIH se remet en selle ! Et quoi de mieux que d’organiser une table ronde à l’occasion de leur assemblée générale, qui s’est déroulée le 24 avril au monastère de Brou à Bourg-en-Bresse, pour en donner la preuve. Trois membres d’unions commerciales urbaines et rurales ont été appelés sur le devant de la scène pour s’exprimer sur diverses questions, mais avec un fil conducteur : « Je suis CHR (Cafetier-Hôtelier-Restaurateur), je suis commerçant ! ». L’objectif, sensibiliser les élus et parlementaires présents, dont Florence Blatrix-Contat, sénatrice (PS), et Jérôme Buisson, député (RN) de la quatrième circonscription, sur leurs enjeux. 
 
Un peu de corporatisme
 
Quels avantages y a t-il à adhérer à une union commerciale ? Marjorie Boulon, associée gérante à La Roseraie, un café-hôtel-restaurant-bar-tabac-presse à Ambérieux-en-Dombes, et présidente de l’union commerciale et artisanale d’Ambérieux-en-Dombes, composée de 22 adhérents, s’est exprimée la première. « Parfois, il y a une personne qui vient chez nous et qui nous demande si on connaît un électricien par exemple. On l’envoie plus facilement vers un membre de l’union que celui du village d’à côté ou 30 km plus loin. Adhérer à l’union, c’est aussi s’échanger nos clients. » 
Même son de cloche du côté de l’union commerciale centre Bourg : « On aura plus tendance à dire « je connais ce restaurant parce que je connais aussi la personne » que d’envoyer la personne vers quelqu’un qu’on ne connait pas », enchaîne Flavio Olivera, gérant des Trois Reliques, un magasin centré sur l’univers d’Harry Potter ouvert il y a deux ans et demi à Bourg-en-Bresse, et membre de l’union commerciale centre Bourg, composée de 160 adhérents.
Dernier invité à s’être positionné, Pierre Novier a quant à lui très bien résumé la pensée de ses collègues : « l’union fait la force ». 
 
L’échange et l’humain pour conquérir des adhérents 
 
Et Vivien Campion, directeur de l’UMIH, de continuer l’échange avec la question suivante : est-ce que vous acceptez des personnes hors de la zone de l’union ? Un sujet qui nécessite du cas par cas, selon Pierre Novier : « Dans les statuts, il est convenu que l’union commerciale n’intervienne sur la commune de Bourg-en-Bresse. Après, c’est un choix du conseil d’administration et des adhérents de resserrer les adhésions sur le cœur de la ville. On peut avoir des demandes de commerçants indépendants, mais rares sont les franchisés des filiales qui adhèrent, car ce n’est pas la politique du groupe. En revanche, il peut y avoir des franchisés indépendants qui adhèrent. Mais géographiquement, l’union se cantonne à l’hypercentre. C’est ce qui permet de ramener du monde. » En effet, malgré les nombreux travaux qui ont eu lieu dans le centre-ville de Bourg-en-Bresse, la zone reste un pôle phare en matière de commerces de proximité. 
L’avis diffère un peu pour la présidente d’une union commerciale rurale, qui compte moins d’adhérents qu’une association urbaine. De plus, les regroupements ne se font pas pour les mêmes raisons en zone rurale : « Il y a deux ans de cela, on a commencé à ouvrir nos portes à Sainte-Olive. Il y a deux commerces, dont un CHR, qui adhère également à l’union. Pour l’instant, on reste ciblé sur Ambérieux-en-Dombes et Sainte-Olive parce qu’on fonctionne avec eux pour l’école », précise Marjorie Boulon. 
Enfin, bien que les invités viennent d’univers professionnels différents, tous étaient d’accord sur les deux mot clés, les arguments pour convaincre un CHR d’adhérer à une union commerciale : l’échange et l’humain. 

Les Cafetiers-hôteliers-restaurateurs face à plusieurs crises

En préambule de la table ronde, quelques sujets d’actualité phares de l’UMIH ont été abordés. Il est évident que les CHR (Cafetiers-hôtelier-restaurateurs) de la région attendent avec impatience l’arrivée de la Coupe du monde de rugby 2024 qui aura lieu entre autres à Lyon et Saint-Étienne. Cet événement sportif de grande envergure promet un regain d’animations pour les commerces locaux. 
La réunion s’est poursuivie sur un ton plus grave, faisant écho à l’actualité qui a beaucoup troublé le milieu de la restauration et de l’hôtellerie. Et Laetitia Prévalet, présidente de l’UMIH 01 d’ajouter : « Depuis quelques années, notre profession souffre des différentes crises successives : gilets jaunes, crise sanitaire, crise énergétique, hausse du prix de l’ensemble des matières premières, crise sociale, et les manifestations. » Alain Grégoire, président de l’UMIH régionale a de son côté préciser : « La crise énergétique adapte aujourd’hui certaines décisions qui ont été prises par les pouvoirs publics. Nos TPE rentrent dans le cadre des 32 kWh et 3 % de charges du chiffre d’affaires. » Cependant quelques entreprises sont malheureusement passées entre les mailles du filet. « Lorsqu’on est en restauration avec 150 couverts et avec un compteur supérieur à 32 kWh, on ne passe pas. Lorsqu’on atteint 3 % de charges sur le chiffre d’affaires, on ne passe pas non plus. L’UMIH est en relation avec Olivia Grégoire, ministre des TPE pour prendre cas par cas ces aspects-là », enchaîne-t-il.
Le président de la structure régionale a également abordé le sujet sensible, mais néanmoins important du cas « AirBNB ». Il y a 8 ans, l’UMIH avait porté plainte contre la société de location de logements. En janvier 2023, l’union a gagné le procès, en considérant qu’RBNB était un « diffuseur d’informations et que c’était à cause d’eux que des informations erronées sont diffusées au plus grand nombre », explique Alain Grégoire, avant d’ajouter : « L’UMIH continuera de bataille, car AirBNB doit avoir les mêmes contraintes que les professionnels du CHR [Cafetiers, hôteliers, restaurateurs, NDLR] en matière de sécurité, de promotion, de lisibilité, et des tarifs. »
Enfin, le président de l’UMIH régionale a tenu à rappeler l’importance de la formation en apprentissage, allant jusqu’à la qualifier de « salut ». « Si on veut apporter aux jeunes un choix de formations, c’est en voyant leurs dispositions dès la quatrième et la troisième. On travaille pour permettre aux proviseurs et professeurs de présenter un large panel de choix. » Il terminera son discours par dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : « Pourquoi s’arrêter à la filière générale et technologique ? »

Ils ont dit

Florence Blatrix-Contat, sénatrice (PS)
« Vous vous êtes retrouvés avec une problématique post-covid, notamment en termes de recrutement qui est compliquée. Nous avons auditionnés au Sénat sur ce sujet-là et je sais que c’est un point important pour votre union. Beaucoup de jeunes [issus de l’apprentissage, NDLR] ne restent pas longtemps dans la profession. Il y a un vrai enjeu sur ces questions d’attractivité. Il y a des formations, et c’est vrai que l’apprentissage est une très bonne chose dans ces métiers. La formation est fondamentale, et il est vrai que c’est important de permettre aux élèves de troisième de réaliser des stages dans le domaine de la restauration-hôtellerie plus facilement. Faire connaître vos métiers à travers les stages de troisième peut être un objectif de votre union. C’est vraiment un élément essentiel sur lequel on restera attentif. »
 
Jérôme Buisson, député (RN)
« Je voudrais rappeler l’important de l’industrie hôtelière en France notamment pour notre économie, notre culture et notre patrimoine. Votre métier, c’est de l’humain, de l’hospitalité, et de l’accueil. À l’heure où la guerre fait rage aux portes de l’Europe, je dirai même que l’industrie hôtelière permet aussi l’accueil des personnes issue de toute l’Europe et du monde entier. L’industrie hôtelière est un secteur clé, un levier de croissance dans l’économie française. Elle participe aussi à l’image de la France et à la création de l’emploi, mais à condition de savoir attirer les jeunes et de les former. 
L’Ain est un département qui attire de plus en plus de tourisme par sa position géographique, ses paysages, et bien sûr son attractivité économique. En conclusion, je voudrais réaffirmer notre position de parlementaires dans l’industrie hotellière ainsi que l’importance du retour au tourisme de proximité. »
 
Propos recueillis par Ludivine Degenève