BILAN DE CAMPAGNE
Une moisson très hétérogène, menée dans des temps records

Remarquablement précoce, la moisson 2022 apparaît très hétérogène, souvent à cause de la sécheresse. Le point pour les différentes cultures.

Une moisson très hétérogène, menée dans des temps records
En blé tendre, Agritel table sur 71,1 q/ha en moyenne nationale, un rendement inférieur de 0,9 % à la moyenne sur dix ans. ©i-stock

Blé tendre : grande hétérogénéité

La récolte de blé tendre « déçoit au sud et rassure au nord », a indiqué le 26 juillet la société de conseil Agritel, livrant une estimation de 33,44 millions de tonnes (contre 32,9 Mt selon le ministère au 1er juillet) en baisse de 2 Mt par rapport à 2021. « Un gradient allant du sud vers le nord se dessine » en termes de rendements du blé tendre, selon le directeur général Michel Portier. Ils « déçoivent fortement au sud de la Loire tandis qu’au nord, « le printemps sec laissait craindre le pire mais les pluies tardives du mois de juin ont sauvé la situation. » Agritel table sur 71,1 q/ha en moyenne nationale, un rendement inférieur de 0,9 % à la moyenne sur dix ans. Le gel, la sécheresse, la grêle, de fortes températures ont touché le territoire à des degrés divers. Résultat, « une très grande hétérogénéité de rendements est enregistrée au sein même des exploitations selon les types de sols, les précédents [culturaux] et les variétés », d’après Agritel. Les critères qualitatifs sont bons dans l’ensemble, mis à part quelques zones précoces affectées par les pluies de juin. « Seuls les taux de protéines sont parfois un peu faibles au nord de la Loire. » Divers facteurs ont joué, notamment « une réduction des doses d’engrais en raison des prix records de l’azote. »

Blé dur : des hauts et des bas

Des échos très divers circulent au sujet du blé dur. Océalia, entre Poitou-Charentes, Dordogne et Limousin, se montre déçue par la récolte. Le rendement est annoncé entre 47 et 48 q/ha (contre 60 q/ha en moyenne). Autre point noir, le taux de mitadin est élevé, de 25 à 30 % (contre 15 % habituellement), en lien avec « un système végétatif desséché au moment des orages fin juin ». Un peu plus au sud, la coopérative Val de Gascogne signale un rendement « moyen », de 55 q/ha. La qualité est bonne, mis à part le poids spécifique (PS), généralement entre 77 et 78 kg/hl mais pour lequel des lots se situent « un point au-dessous ». « 70 % de la récolte est intervenue avant les pluies, laissant très peu de mitadin, pas de moucheture », indique le directeur de la commercialisation et collecte Denis Mousteau. Pas de souci en revanche du côté d’Axéréal, au bassin de production le plus septentrional, qui note « un rendement supérieur à la moyenne », dans une fourchette allant de 50 à 85 q/ ha.

De bons calibrages en orges

En orge d’hiver, les rendements sont jugés bons chez Soufflet. 60 q/ha sont signalés en zones intermédiaires et entre 80 et 85 q/ha dans les bonnes terres. Le calibrage qui donne une estimation du rendement en brasserie, est jugé correct, se situant à 81 % et le taux de protéines, très bon, à 10,4 %. Même satisfaction du côté de Vivescia, avec 75 à 80 q/ha (+ 5 q/ha comparé à la moyenne quinquennale), un calibrage de 87 %, un taux de protéines entre 10,5 et 11 %. L’orge de printemps a plus souffert de la sécheresse. Les cultures semées à l’automne montrent des rendements satisfaisants comme chez Soufflet, à 85 q/ha. Pour celles semées au printemps, leur rendement chute entre 25 et 35 q/ha (contre une moyenne autour de 60 q/ha). La qualité est cependant au rendez-vous, avec un calibrage exceptionnel à 95 %, un taux de protéines globalement bon. Ce n’est guère mieux pour Vivescia, dont les rendements se situent entre 45 et 50 q/ha (contre 65 à 70 q/ha) mais avec des taux de protéines à 11,6 %, supérieurs à la norme de 11,5 %.

Une bonne récolte en colza

L’institut technique Terres Inovia évoque une bonne récolte de colza, comprise entre 4,3 et 4,4 millions de tonnes avec un rendement national proche de 36 q/ha. Des records sont annoncés en Normandie, entre 40 et 45 q/ha (contre 35 q/ha), Île-de-France, à 40 q/ha (contre 35 q/ha), Champagne-Ardenne, à 41 q/ha (contre 33 q/ha en moyenne décennale), également de belles performances sont à noter en Lorraine, Franche-Comté, ainsi qu’en Bourgogne, à 33 q/ha (contre 30 q/ha), en Centre-Val de Loire, à 36 q/ha (contre 33 q/ha). C’est en revanche la déception du côté des Pays de la Loire ou de Poitou-Charentes, affichant 30 q/ha (contre 32 à 35 q/ha), avec aussi une hétérogénéité des rendements, qui tombent à 18 q/ha mais grimpent parfois jusqu’à 45 q/ha dans les terres profondes (un chiffre qui peut être surestimé, selon la prise en compte ou non des surfaces grêlées). « Si la sécheresse a touché la plupart des régions, il y a eu une longue floraison, favorable au nombre de siliques et surtout au nombre de grains, explique Terres Inovia. De petites pluies en fin de cycle ont permis d’exprimer le potentiel dans des terres suffisamment profondes ».

JCD