Les métiers de la filière forêt-bois souffrent d'un déficit d'image auprès du grand public et en particulier des jeunes. Certains secteurs peinent à recruter. Dans son troisième livre blanc, la filière dresse le constat suivant : « On observe notamment une déconnexion entre le bois matériau, qui bénéficie globalement d'une image positive (renouvelable, sain, écologique...) et l'exploitation forestière de moins en moins admise par la population qui l'associe souvent à tort au phénomène de déforestation. Le volet environnemental est très valorisé au détriment de l'activité économique de production. La forêt est bien souvent perçue de façon idéalisée, comme un espace naturel préservé de toute intervention humaine ».

Des métiers qui recrutent

Avec 400 000 emplois en France, de la forêt à la construction, en passant par la scierie, le bois énergie, l'emballage, l'ameublement, l'agencement, le négoce et les métiers d'art, la filière forêt-bois évolue et recrute sur tous les territoires, à la ville comme à la campagne. La région Auvergne-Rhône-Alpes propose plus de 50 diplômes et certifications, du Cap au diplôme d'ingénieur dans 94 établissements de formation. Des métiers pour tous les goûts : en pleine nature ou au bureau, efforts physiques ou travail au calme, envie de concevoir, créer, construire ou vendre... à chaque aspiration son métier. D'autant plus que les engins forestiers sont de plus en plus innovants, sans oublier les nouveaux systèmes de construction, la généralisation des machines à commandes numériques... la performance technologique est un facteur d'attraction non négligeable à valoriser auprès des jeunes ! Dans l'Ain, les offres de formation sont variées : temps plein, alternance, formation continue et concernent principalement la première et la deuxième transformation du bois (voir encadré).
« Nous avons en projet une formation professionnalisante aux métiers de la scierie pour adultes pour la rentrée
2019 : agents polyvalents, affûteurs, pilotes de scie... Suite à une enquête réalisée à l'échelle régionale, il ressort un besoin de 105 emplois identifiés en Région, dont 40 dans l'Ain. L'enjeu est d'identifier des publics intéressés, car pour trouver des entreprises qui embauchent il n'y a aucun problème. Les scieries recrutent également des mécaniciens et des conducteurs d'engins », explique la directrice de Fibois 01, Valérie Chevallon. Et d'ajouter: « Tous ces métiers liés au bois sont trop mal connus, avec trop d'idées reçues. Les gens en ont encore une image très vieillotte, en décalage complet avec la réalité. Notre objectif est aussi de capter des adultes. Mais même si les formations faisaient le plein, on n'arriverait pas à répondre à toutes les demandes des entreprises. L'école technique du bois organisera une journée portes-ouvertes le 23 mars ».

La construction bois : un atout stratégique pour la filière

Dans le 3ème livre blanc de la filière, il est clairement spécifié que « la construction bois est le principal moteur en termes de volumes de bois transformés et de création d'emplois ». Même si l'Ain, en la matière, est encore loin de rivaliser avec les départements alpins voisins, l'offre locale en construction bois se développe et se structure de manière conséquente. Les bâtiments bois se sont multipliés dans le département et certains font figure d'exemple en matière d'utilisation du bois local, à commencer par VisioBois, la maison de la filière située à Cormaranche-en-Bugey. Mais pas
que ! Valérie Chevallon précise :
« tous les départements s'intéressent aujourd'hui à la problématique du bois local. Plusieurs projets ont vu le jour dans l'Ain, comme par exemple l'école de Labalme, la salle polyvalente du Poizat, Dinoplagne, ou encore un commerce multi-services à Echallon...et d'autres. Toujours dans l'esprit de valoriser les entreprises locales, le bois local, pour les générations futures... ».

Patricia Flochon

3ème livre blanc pour la filière bois : 530 000 €/an !