INFLUENZA AVIAIRE
Un deuxième élevage contaminé, l’incertitude perdure

Margaux Legras-Maillet
-

Il y a une dizaine de jours, un élevage de canards était contaminé à l’influenza aviaire. Un deuxième cas en exploitation a été confirmé fin de semaine passée, sur la commune de Saint-Paul-de-Varax, tout près du premier élevage. 
 

Un deuxième élevage contaminé, l’incertitude perdure
La ferme Dienet, située à Saint-Paul-de-Varax, a dû faire abattre 4 000 volailles après une détection d'influenza aviaire début septembre. Photo/DR

Environ 4 000 volailles ont été abattues à l'ESAT de Dienet situé à Saint-Paul-de-Varax, qui élève dindes, poulets, canards, chapons, poules pondeuses, oies. Après la découverte, le 26 août dernier, d’un premier cas d’influenza aviaire en élevage à Saint-Nizier-le-Désert, cette seconde contamination, confirmée le 2 septembre, attise la crainte d’une propagation à plus grande échelle. Le foyer a été détecté sur des dindes, situées dans un bâtiment à Saint-Paul-de-Varax et qui affichaient une forte mortalité (250 cas sur 290). Les palmipèdes de l’exploitation étaient situés dans un autre bâtiment à Saint-Nizier-le-Désert, mais toutes les volailles ont dû être abattues. « On considère l’exploitation comme un foyer unique », explique Jérôme Béguet, direct-adjoint à la DDPP (Direction départementale de la protection des populations). Une zone de protection de 3 km autour de l’exploitation, et une zone de surveillance de 10 km ont été définies sur les mêmes communes concernées par le foyer de Saint-Nizier-le-Désert. 
 
Une situation stressante pour les travailleurs du site
 
Cette nouvelle vient bouleverser l’organisation du site. Quelque 90 personnes, la plupart en situation de handicap, travaillent sur la ferme de Dienet, et 5 à 10 personnes s’occupent des cheptels de volailles. « Quand on passe en plan biosécurité, on amène de la rigidité, du cadre, Il y a plus d’intention à avoir. Il faut mettre des pédiluves, des rotoluves, il faut changer de tenues, c’est très contraignant et pour ces personnes habituées à vivre dans une certaine tranquillité, c’est quand-même une source de stress supplémentaire. Ce sont des gens qui ont des fragilités psychologiques avérées, donc on a mis en place une cellule psychologique de soutien », explique Philippe Félix, directeur de l’établissement.  
Quant à savoir d’où vient la contamination, la question, toujours la même, reste en suspens. Du fait de la proximité avec le premier élevage contaminé (500 m à peine), situé sur la commune voisine, il est probable que l’une des exploitations ait contaminé la seconde. Mais aucune preuve ne permet de l’affirmer, l’enquête étant toujours en cours. Et Jérôme Béguet d’ajouter : « Une partie de l’enquête (sur la première exploitation, NDLR) est toujours en cours. Nous regardons en aval, pour voir où sont allées les sources potentiellement contaminantes comme les véhicules. Ce sera compliqué d’avoir des éléments probants, on est dans du vivant, dans du virus. Est-ce qu’il y a un facteur unique ? On en n’est pas sûr. Il y a des probabilités de diffusion, mais je ne tiens pas à m’étaler sur le sujet, on reste sur des probabilités. La proximité entre les deux élevages joue, je ne peux pas le nier, on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas de lien entre les deux. Certaines espèces sont aussi plus ou moins sensibles et certaines volailles peuvent être porteuses saines. On reste dans l’incertitude ». 
 
Les activités cynégétiques limitées 
 
Compte tenu du caractère hautement pathogène du virus, la préfecture a par ailleurs publié un arrêté limitant les activités cynégétiques sur le secteur : « la chasse au gibier d’eau et au gibier à plumes est interdite dans les communes de la zone de protection et de la zone de surveillance. La chasse au gibier à plumes redeviendra possible si aucun cas d’influenza aviaire n’est constaté pendant 8 jours, sauf dans les zones définies à l’article L. 424-6 du code de l’environnement (marais non asséchés, fleuves, rivières, canaux, réservoirs, lacs, étangs et nappes d’eau). Toutes les restrictions seront supprimées lors de la levée des zones de protection et de surveillance. »
Quant à la volaille de Bresse, l’administration ne revient pas sur la question de son confinement. Le Comité interprofessionnel de la Volaille de Bresse (CIVB) a malgré tout rappelé les règles de biosécurité auprès de ses adhérents : « On les rappelle, notamment l’interdiction de visites, mais on n’aime pas parce que notre meilleure publicité, c’est de faire venir les gens sur nos exploitations… », regrette Katy Molière, chargée de communication. Jeudi dernier, une quarantaine d’éleveurs, abatteurs, éleveurs-abatteurs, accouveurs et centre de sélection de la zone d’appellation, ont aussi pu échanger, lors d’une réunion organisée par le CIVB, sur des idées de protocole à mettre en place sur leur exploitation. Pour rappel, 131 éleveurs sont situés sur la zone d’appellation, dont 69 dans l’Ain et 6 dans le Jura. La majorité reste en Saône-et-Loire.
Plus d’infos concernant les mesures de biosécurité sur : 
https://agriculture.gouv.fr/influenza-aviaire-les-mesures-de-biosecurite-pour-les-operateurs-professionnels-et-les-particuliers