INSTALLATION
L’élu local, facilitateur de l’installation des agriculteurs

Margaux Legras-Maillet
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Afin de sensibiliser les élus locaux aux problématiques des exploitants agricoles, la Chambre d’agriculture de l’Ain organise régulièrement des rencontres avec des agriculteurs. Le 24 septembre dernier à Saint-Martin-le-Châtel, la matinée était consacrée à l’installation, et on oublie parfois que les maires et autres élus ont leur rôle à jouer à ce sujet. 

L’élu local, facilitateur de l’installation des agriculteurs
Les élus locaux ont échangé avec les représentants de la Chambre d’agriculture sur la façon dont ils peuvent encourager l’installation des agriculteurs sur leur commune. Photo/MLM

Plus de 50 % des agriculteurs ont plus de 50 ans. Au-delà du renouvellement des générations, c’est la disparition d’exploitations qui inquiète de plus en plus la profession agricole. Avec plus de 300 rendez-vous par an au point accueil installation, 180 candidats au répertoire départ-installation (RDI) et des prestations de conseil et d’études de projets, la Chambre d’agriculture joue un rôle de premier plan dans l’installation de nouveaux agriculteurs. Mais on oublie trop souvent le rôle prépondérant que peuvent jouer les élus locaux à ce sujet. En particulier quand il s’agit de présenter le territoire aux nouveaux arrivants ou de les intégrer à la vie locale dont ils font indéniablement partie. L’agriculture est encore un métier qui s’engage. En 2020, le plus jeune maire élu, Alexandre Joux, est d’ailleurs éleveur de moutons et maraîcher sur la commune de Lompnas. Mais moins il y a d’exploitants moins ils sont représentés dans les conseils municipaux et avec eux la connaissance du métier et de leur importance disparaît. Certains maires découvrent même parfois la reprise d’une exploitation au dernier moment, d’autres ignorent les modalités et démarches que doivent suivre les futurs exploitants ou le rôle de la Chambre d’agriculture. Parmi les élus présents (moins d’une dizaine à peine) plusieurs ont été surpris des caractéristiques (voir encadré) de l’installation agricole dans le département. 
 
Nommer un référent agricole au conseil
 
Aussi, face à la méconnaissance du milieu agricole, plusieurs d’entre eux se sont interrogés sur l’importance d’avoir un référent agricole dans le conseil municipal, à défaut d’avoir une compétence spécialement dédiée ou des exploitants agricoles élus. Cela permettrait en particulier de se positionner en connaissance de cause sur certaines compétences comme la voirie ou dans le cadre d’un Plan local d’urbanisme (PLU). Une façon aussi d’anticiper les départs à la retraite ou autres cessations d’activité pour lesquels les élus locaux peuvent être un atout lorsqu’ils sont au courant. « Sur ma commune, un agriculteur veut arrêter son activité. Il y a sept projets, dont deux d’extension pour la reprise. Selon moi, l’un d’entre eux n’est pas assez mature, et les autres ne concernent que des chevaux… Ça me frustre, parce que ça aurait pu se réfléchir plus en amont. Résultat, il y a une partie en extension et une partie en équin », regrette Aimé Nicolier, maire de Lescheroux. Après plusieurs échanges, certains élus ont sollicité les représentants de la Chambre d’agriculture pour que celle-ci leur fournisse des informations à l’avenir lorsqu’un projet d’installation est bien avancé sur une commune. S’il ne s’est pas engagé sur la question, « c’est quelque chose auquel on pourra réfléchir avec l’accord du repreneur », a admis Laurent Jullian-Binard, chargé de territoire à la Chambre d’agriculture. Justine Chêne, première-adjointe au maire sur la commune de Curciat-Dongalon, s’est installée comme éleveuse en mars 2021. « On a été très bien accompagnés par la Chambre d’agriculture », souligne-t-elle. Elle encourage également les agriculteurs à se présenter au maire en arrivant sur une commune : « Notre cédant était conseiller municipal donc ça a facilité les choses, mais je pense que dans le parcours d’installation, ce serait bien que quelqu’un souffle aux futurs exploitants d’aller voir le maire. Le lien avec le voisinage est très très important ». Elle-même a d’ailleurs pris l’initiative d’ouvrir chaque année son exploitation au public afin d’expliquer son métier et diluer d’éventuelles incompréhensions qui déboucheraient sur des conflits de voisinage.  

L’installation agricole dans l’Ain en chiffres

Plus de 300 candidats au point accueil installation
Âge moyen : 33 ans ;
59 % d’hommes ;
56 % n’ont pas de diplôme agricole ;
Plus de 40 % ont un CDI ;
14 % sont demandeurs d’emploi ;
La moitié ont un projet d’installation individuelle ;
1/4 est éligible aux aides installations (DJA) ;
2/3 d’installation hors-cadre familial.