RECENSEMENT
Le devenir de 12 000 fermes en suspens

Avec 48 500 exploitations agricoles en 2020, Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) est la troisième région française en nombre d’exploitations. C’est ce qu’a révélé le recensement agricole 2020 qui a surtout mis en lumière, à travers des données chiffrées, les enjeux liés au renouvellement des générations.

Le devenir de 12 000 fermes en suspens
L’axe Saône-Rhône est le plus gros employeur de main-d’œuvre en Auvergne-Rhône-Alpes, avec une influence dominante de la viticulture, des cultures fruitières et du maraîchage.

« La main-d’œuvre, l’âge des exploitants agricoles et le devenir des exploitations sont au cœur des préoccupations du monde agricole, avec une perspective massive de départs d’agriculteurs à la retraite dans les années à venir », a expliqué Régine Marchal-Nguyen, directrice régionale adjointe de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Auvergne-Rhône-Alpes (Draaf Aura) à l’occasion d’un webinaire organisé le vendredi 30 septembre dernier. 
En 2020, le monde agricole comptait 88 000 employés, soit l’équivalent de 75 800 emplois (68 000 permanents et 7 800 saisonniers) à temps plein (ETP) « On note une baisse de 15 % par rapport à 2010 où l’on comptait 89 400 ETP », souligne Sean Healy, chef de service du service régional de l'Information statistique, économique et territoriale (Sriset) de la Draaf. L’emploi salarié permanent non familial gagne du terrain, avec un accroissement de 26 % en 10 ans, un chiffre qui est à mettre en corrélation avec les baisses du nombre d’exploitants ou co-exploitants (- 15 %), de la main-d’œuvre familiale (- 56 %) ou encore des saisonniers ou occasionnels (- 18 %). En effet, si les exploitants et les membres de leur famille assurent toujours la plus grande part du travail agricole, les permanents familiaux travaillent le plus souvent moins d’un mi-temps. Malgré tout, la gestion des exploitations reste le plus souvent familiale (88 %).

23 % d’exploitations en moins sur 10 ans

Avec 48 500 exploitations agricoles en région, le nombre de structures est en déclin (- 23 %) par rapport à la dernière décennie. Il apparaît que la dominance de l’élevage Auvergne-Rhône-Alpes tend à diminuer, avec une baisse de 28 % des exploitations à spécialisation animale entre 2010 et 2020. Pourtant, les élevages bovins viande (12 419 ETP) et bovins lait (13 384 ETP) représentent encore 34 % des emplois à temps plein, pendant que la spécialisation maraîchage-horticulture, qui est pourtant la plus demandeuse en main-d’œuvre, compte 6 035 emplois temps plein. L’axe Saône-Rhône est le plus gros employeur de main-d’œuvre en Aura, avec une influence dominante de la viticulture, des cultures fruitières et du maraîchage. Par ailleurs, la moitié des fermes régionales ont recours à l'externalisation en 2020, en faisant appel à des entreprises de travaux agricoles (67 %), aux coopératives d’utilisation de matériel agricole (7 %) ou à d’autres prestataires de services (26 %). « L’externalisation de travaux est d’autant plus fréquente que la taille économique de l’exploitation est importante », souligne Sean Healy. Quant au devenir des exploitations, les agriculteurs sont moins nombreux (62 500 en 2020 contre 75 900 en 2010) et plus âgés (âge moyen de 50,4 ans).

Des agriculteurs plus âgés

La part des 60 ans ou plus s’accroît significativement, soit 23 % en 2020. « La tendance au vieillissement est plus marquée dans les exploitations spécialisées en grandes cultures. 55 % d’entre elles sont dirigées par au moins un exploitant de 55 ans ou plus », relève Sean Healy. Plus largement, la part des seniors en 2020 est de 41 %. En 2020, le devenir de 12 000 exploitations (environ 525 000 hectares) – dont 56 % sont des micro-exploitations - pose question à moyen terme (trois ans). Elles représentent le quart des exploitations régionales. L’inquiétude principale provient du fait que 36 % des agriculteurs de plus de 60 ans ont déclaré ne pas connaître le devenir de leur exploitation dans les trois années à venir. 7 % des exploitations pourraient disparaître au profit d’un usage non agricole. En revanche, 24 % ont informé de la reprise par un membre de la famille ou par un tiers. « Généralement, plus l’exploitation est grande, plus la reprise est assurée », déclare le chef de service du Sriset. 33 % des seniors n’envisagent pour l’instant pas de départ à la retraite. Des questions importantes se posent également sur le maintien des spécialisations. Par exemple, 41 % des chefs d’exploitation installés après 2010 se sont tournés vers le maraîchage-horticulture, contre seulement 18 % en bovin lait.

Amandine Priolet