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Profession : débardeur avec des chevaux

Florent Daloz, exerce son métier de débardeur par traction animale depuis près de 25 ans. Une pratique professionnelle qui favorise le respect et l’intégrité des milieux en général et de la forêt en particulier.
Profession : débardeur avec des chevaux

Levé à 6 h 30, la première tâche du matin consiste à nourrir les chevaux. C'est la première des trois rations énergétiques qu'ils vont recevoir. Viennent ensuite les soins, brossage, curage des pieds avant d'embarquer les équidés et se rendre sur le chantier. Homme et chevaux entame ainsi une journée de 7 h avec des temps de pause. « Suivant l'ampleur des chantiers, nous travaillons seuls ou en équipe » indique Florent Daloz. « Mais quoiqu'il arrive, il y a toujours au moins trois chevaux sur place, pour faire un roulement et pour parer à d'éventuelles blessures. Il nous arrive quelquefois d'avoir un attelage de six chevaux. Ça demande de la précision ».
Complémentaire au travail de transport, le recours au cheval est la marque d'une démarche respectueuse de la forêt et du milieu. Son travail, le débusquage, consiste à trainer les arbres abattus jusqu'à la piste accessible aux engins. Silencieux, le cheval est une énergie non polluante. Très maniable, réactif, agile, précis, le cheval pénètre et intervient dans la parcelle sans tasser le sol, sans écraser les jeunes végétaux, ni abimer le bois sur pied.

 

Une relation forte

Etre débardeur avec des chevaux, demande deux compétences, une connaissance approfondie de la forêt et du travail de forestier et bien sûr celle de ses chevaux et de leur guidage qui demande un dressage spécifique. « Notre rôle consiste à placer nos bêtes, à choisir la bonne trajectoire pour les faire slalomer au mieux entre les arbres » explique Florent Daloz. « On fait appel à tous les moyens pour permettre aux troncs de glisser le mieux possible. Lorsqu'il y a de fortes montées, le débardeur met en place un système de poulies (mouflage) pour diviser la charge. C'est la descente qui représente de vrais dangers, car il faut savoir lancer les grumes sans faire prendre de risques ni aux animaux et ni aux humains » confie Florent Daloz. « C'est technique, cela ne supporte pas l'approximation, pour cela il faut qu'il existe entre l'homme et le cheval une relation forte et une grande complicité ».

Un parcours semé d'embuches

« J'ai débuté ma carrière dans les années 80 comme bucheron-tâcheron chez différents employeurs » explique Florent Daloz. « Mais les salaires étaient tellement bas qu'au bout de cinq ans, il décide d'aller travailler en Suisse avec un permis transfrontalier. C'est là-bas, pendant 7 ans, que j'ai vraiment appris mon métier. En Suisse, le bois est vendu "abattu et trié bord de route". Les gardes maîtrisent la gestion et l'exploitation. En partenariat avec eux, on marquait, on triait les lots avant de les débiter. » Fort de son expérience et avec l'envie de diversifier son activité, il participe à un stage de débardage avec des chevaux. « J'ai tout de suite accroché et entrepris une formation au CFPPA de Noirétable (Loire) puis effectué des stages en Wallonie. C'était au milieu des années 90, l'activité de débardage à cheval là-bas était bien développée, car la prise de conscience de la nécessité de la protection de la forêt était déjà très développée ». Revenu dans le Jura, Florent Daloz créé son entreprise de travaux forestiers "Alternative Débardage" à Belleydoux, avec la volonté d'œuvrer en faveur de la protection du milieu. Les premières années sont catastrophiques, il se heurte à l'hostilité de la profession qui se moque de son activité lui démontrant qu'il n'y a pas de place pour elle. Et de fait, il y a peu de travail. En 2000, il envisage même de tout arrêter.

Une diversification nécessaire

« Et, puis après la tempête de 99, je trouve du travail en Limousin, à la demande de la DDA de l'époque et du parc régional. Il s'agit de dégager les embâcles qui obstruent le lit de cours d'eau inaccessibles aux engins. Des interventions très techniques qui demandaient la prestation de professionnels et qui pour le coup étaient rémunérées à leur juste valeur » confie-t-il. « Je vais travailler pendant 5 ans à raison de six mois par an et développer ainsi le volet environnemental de mon activité ». En communiquant sur son expérience, il obtient de nombreux contrats d'entretien de rivières et rencontre d'autres débardeurs à cheval avec qui il va créer le groupement Débardage Cheval Environnement (DCE)*. Son activité est aujourd'hui recentrée sur les départements de l'Ain et du Jura et ceux de l'ancienne région Rhône-Alpes.


* DCE : Débardage Cheval Environnement

Magdeleine Barralon

Débardage Cheval Environnement

Cette association créée en 2006 par une dizaine de débardeurs à traction animale est un groupement professionnel. Originaire de toute la France, ils se sont unis pour faire reconnaître leur profession, leur expertise et leur savoir-faire. DCE intervient en forêt de production et de protection, en zones protégée, comme les sites Natura 2000, les réserves naturelles, les parcs nationaux, les tourbières, les sites classés, les zones sensibles au tassement du sol, au dérangement d’espèces rares, les forêts péri-urbaines à forte fréquentation touristique, sportive ou pédagogique, les zones non accessibles par les engins mécanisés, les cours d’eau.

Plus de détails sur www.debardage-cheval-environnement.com