ANIMATION
Démonstration de destruction de couverts végétaux : un bel exemple d’échange d’informations

Nicolas Boinon et Margaux Legras-Maillet
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Alors que les démonstrations de matériels sans but commercial se sont raréfiées ces dernières années, certaines OPA continuent d’en proposer à leurs adhérents. En février dernier, la coopérative Oxyane, en partenariat avec la FDCuma et Terinnov, ont organisé une animation autour de la destruction de couverts végétaux à Châtenay. 

Démonstration de destruction de couverts végétaux : un bel exemple d’échange d’informations
Le partage d'expérience est toujours recherché par les agriculteurs en quête de nouveaux itinéraires techniques. Photo/ MLM

Malgré le froid, une vingtaine de personnes se sont rendues sur l’exploitation du Gaec des Braires à Châtenay le 27 février dernier. Il faut dire que les démonstrations de matériels sont une belle opportunité pour obtenir des retours d’expérience et des avis d’experts sur leur efficacité, gratuitement et dans la convivialité.

Des itinéraires techniques multiples 

Ce jour-là, l’animation porte sur la destruction de couverts végétaux. Six mélanges de couverts différents ont été semés en septembre dernier sur une des parcelles de l’exploitation, à base de trèfle, phacélie, lentille, radis chinois, sorgho, féverole, avoine, vesce ou encore tournesol. Outre le fait de limiter la levée d’adventices, l’objectif du couvert consiste à « aller chercher de la légumineuse pour ramener de l’azote et un système racinaire complémentaire », précise Cécile Josserand, animatrice du service agronomique chez Oxyane. À noter qu’il est possible de faire des estimations de biomasse, grâce à la méthode « Merci » qui consiste substantiellement à peser chacune des différentes essences présentes sur 1 m2 de surface. 
En février, le gel d’hiver avait déjà largement contribué à la destruction des couverts mais le passage d’une machine s’avère nécessaire pour achever le travail. En particulier pour les essences les plus résistantes au froid comme le seigle ou le radis fourrager. Les agriculteurs ont alors le choix de plusieurs techniques : broyage, roulage, labour ou déchaumage. Cela dépend également de leurs motivations. Certains agriculteurs souhaitent simplement détruire le couvert pour apporter du lisier ou du fumier avant de labourer. D'autres, préfèrent détruire tout en préparant doucement le sol pour la culture suivante. Bien entendu, il est toujours possible de détruire le couvert avec une charrue ou un cover-crop.
C’est pourquoi les organisateurs avaient invité plusieurs propriétaires pour une démonstration de destruction de couverts avec leurs matériels, que l’on peut classer en deux catégories : ceux servant à détruire le couvert sans toucher le sol ; et ceux utilisés pour une destruction plus classique, du mulching ou de la préparation du sol. 

Quelques résultats 

Parmi les matériels expérimentés, on retrouve les broyeurs, avec des largeurs variant de 3 à 8 m (3,5 m pour les plus courants à axes horizontaux, à 4,5 m pour ceux à axes verticaux). Avec des puissances variant de 120 à 150 cv, des consommations allant de 7 à 12 l/h suivant le tracteur et le broyeur, il faudra compter entre 40 et 60 €/ha, tracteur, outil, MO et GNR compris. 
 
Autre outillage, le rouleau Faca, dit frontal. Son poids, environ deux tonnes, est suffisant à vide en portée avant, mais peut nécessiter un rééquilibrage à l’arrière. Lorsqu’il est disposé à l’arrière du tracteur, il est conseillé de remplir le rouleau avec de l’eau pour une meilleure efficacité. Toutefois, cela interroge quant au tassement des sols. Attention également à l’alignement des lames, un problème souvent rencontré sur ce type de matériel et qui entraine des vibrations. Pour rappel, le rouleau a pour objectif de « blesser et coucher le couvert », mais son efficacité dépend véritablement du type de couvert et de son stade. Efficient sur la phacélie en fleurs ou sur la féverole, il l’est beaucoup moins sur du seigle selon sa maturation. Les lames s’en trouvent plus ou moins agressives que les cornières selon l’essence. Les lames peuvent aussi être soudées ou boulonnées. La puissance nécessaire est de l'ordre de 130 à 150 cv pour une largeur de 6 m.
Opter pour un double-rouleau, de moindre diamètre, peut s’avérer être une bonne alternative. Certains, comme le Biola de la marque Bionalan fonctionne par entraînement mécanique. Aucune prise de force n’est donc nécessaire et le rouleau entraîné permet de fouetter et de scalper les végétaux du couvert. Néanmoins, ce type de matériel, très performant dans la destruction de couvert, reste assez sensible et délicat en 6 m. D'après le concessionnaire que nous avons pu rencontrer, une largeur de 4 m semblerait plus adaptée pour du matériel mis en commun pour une évaluation tarifaire de l’ordre de 20 000 €. 
 
Très polyvalent car utilisable aussi bien pour la destruction de couverts que la reprise de labour ou le déchaumage classique, le déchaumeur à disques ou à dents de 3 à 5 m est une autre solution. En remontant les racines du couvert à la surface il permet son assèchement et donc sa destruction, sur une surface superficielle travaillée de 3 à 8 cm. Il est facilement utilisé en Dombes sur des étangs en assec pour la destruction de la jussie, pourtant résistante. Assez lourd, il faudra compter sur une puissance de 130 et 140 cv pour un 3 m, pour un débit de l’ordre de 2,5 ha/h et un coût à l’hectare de 50 € environ. De nouveaux déchaumeurs tels que le Dynadrive sont intéressants et fonctionnent avec deux rouleaux à cuillères. Le premier rouleau entraîne le deuxième avec une vitesse plus importante, ce qui favorise le mulching. Attention malgré tout à la présence de pierres.
 
Enfin, le scalpeur avec émietteur, plutôt léger, consiste à soulever la terre sur 8 à 10 cm afin de l’émier grâce à un rouleau à doigts hélicoïdale. Il peut aussi être envisagé, mais son comportement sur terres un peu lourdes, pas très ressuyées ou avec des pierres est à observer. 
 
Le nécessaire partage d’expérience 

En plus d’échanger sur les différents matériels, ce genre d’animation permet également d’obtenir de précieux conseils de techniciens qui se mettent volontiers à la disposition des agriculteurs présents. Sur la façon de détruire son couvert, Cécile Josserand explique notamment : « C’est toujours la difficulté selon l’espèce, surtout lorsque l’on fait des mélanges. Pour du sorgho par exemple, on aura tendance à privilégier le labour. Le roulage peut aussi être une solution mais rapidement problématique en cas de repousse d’adventices comme le ray-grass. Le déchaumage de son côté est aussi intéressant pour préparer les semis, mais ce n’est pas top lorsque l’on a des graminées comme l’avoine. » Et comme les gouttes d’eau font les grandes rivières, les partages d’expériences font les grands changements.