FNP
Les éleveurs de porcs veulent profiter à plein de l’embellie

Alors que l’épizootie de peste porcine africaine (PPA) en Chine rebat toutes les cartes du commerce, les éleveurs de la FNP s’organisent pour profiter pleinement de cette embellie. Les priorités affichées lors de leur assemblée générale : sécuriser la situation sanitaire française et répercuter la hausse des prix au consommateur.
Les éleveurs de porcs veulent profiter à plein de l’embellie

Éviter l'arrivée de la peste porcine africaine (PPA) en France et moderniser la filières. Ces deux chantiers étaient au cœur des débats de l'assemblée générale de la Fédération nationale porcine (FNP), qui s'est tenue le 14 juin dans les Côtes-d'Armor. Même si l'« agri-bashing » était de toutes les discussions, la conjoncture a redonné des espoirs aux éleveurs. La PPA dévaste toujours le cheptel porcin chinois et provoque une explosion de la demande sur les marchés mondiaux. Résultat : les cours français du porc ont flambé de « 35 centimes en deux mois », d'après Paul Auffray, président de la FNP. « Du jamais vu. » Pour que cette embellie perdure, la France devra rester indemne de PPA. « Il suffit d'un seul animal touché pour que le marché chinois se ferme et que les prix s'effondrent », craint l'éleveur costarmoricain. Avec « 700 sangliers contrôlés positifs en Belgique », cette maladie animale « se rapproche de la France », a prévenu Didier Guillaume, le ministre de l'Agriculture, dans son discours. « Il reste un million d'euros pour finir les onze derniers kilomètres de clôture », a-t-il ajouté, faisant référence à la finalisation prochaine de la zone blanche à la frontière franco-belge. Le ministre de l'Agriculture s'est aussi montré optimiste sur l'obtention de la régionalisation du statut indemne de PPA. Si elle était accordée par les autorités chinoises, cette mesure permettrait aux zones indemnes d'un pays touché par la maladie de continuer à exporter.

« Tous nos concurrents sont en train de s'armer »

Sur le front hexagonal, Jeff Trébaol, vice-président de la FNP, a renouvelé sa demande au ministre d'une « enveloppe spécifique » pour que les éleveurs puissent mettre en place les mesures de biosécurité demandées par le gouvernement (arrêté du 16 octobre 2018). « Il y a urgence », a-t-il insisté, car ces investissements visant à empêcher l'arrivée de la PPA devront être réalisés avant le 1er janvier 2021. « L'enveloppe du PCAEA (plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles) ne suffira pas », a reconnu le ministre de l'Agriculture, appelant les conseils régionaux et départementaux à prendre le relais. Autre enjeu de taille pour la filière : profiter de l'embellie pour se moderniser. « Tous nos concurrents sont en train de s'armer , a rappelé Guillaume Roué, le président d'Inaporc. La modernisation de la filière porcine doit être au cœur de notre action à venir. » Une demande relayée par Jeff Trébaol, qui a demandé « des mesures de suramortissement des investissements pour inciter les éleveurs à remettre à niveau leurs élevages ». L'ampleur du chantier donne le tournis : d'après la FNP (qui cite un chiffre de l'Ifip de 2015), la filière a accumulé, en quinze ans, un retard d'investissement de trois milliards d'euros.

Y.G

 

Inaporc appelle à répercuter la hausse des prix aux consommateurs

« La conjoncture devient plus confortable pour les éleveurs, mais il est nécessaire de répercuter l’embellie jusqu’au consommateur », a prévenu Guillaume Roué, le président d’Inaporc, le 14 juin lors de l’assemblée générale de la FNP. Fin mai, la Fict (industriels de la charcuterie) avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Les négociations commerciales 2019 ont été conclues avant la flambée historique des cours du porc « Le bilan [des négociations commerciales] est lamentable, alors que tout le monde savait que le marché du porc allait monter rapidement », regrette Paul Auffray. Le président de la FNP demande au gouvernement de « mettre fin à ces négociations d’un autre âge qui se déroulent à l’abri des regards » et « d’intensifier le travail de la DGCCRF ». Malgré l’application de la loi Égalim, « le compte n’y est pas », a avoué Didier Guillaume, se bornant à dire qu’il n’y aura « pas de droit à l’erreur » lors des négociations 2020.