Calamités agricoles
« Nous demandons la reconnaissance au titre des calamités agricoles »

Adrien Bourlez, président de la FDSEA
« Nous demandons la reconnaissance au titre des calamités agricoles »

Septembre marque la rentrée syndicale agricole. Comment décririez-vous la conjoncture ?

C'est une rentrée inédite avec une situation économique et sanitaire compliquées. Nous subissons en même temps les impacts de la crise sanitaire, qui oblige à annuler des évènements et qui n'est pas sans conséquence sur certains marchés et une sécheresse très importante. De nombreux exploitants sont déjà confrontés à des problèmes économiques monstrueux. Pour les éleveurs, même si la récolte de fourrages de printemps a été correcte, on a déjà dû taper dans les stocks et la seconde coupe s'annonce très mauvaise, voire impossible. A cela s'ajoutent des difficultés à l'export, par exemple vers des bovins d'Italie. Les céréaliers n'ont globalement pas eu de bons rendements, à l'exception de ceux qui ont pu irriguer. La récolte de paille est catastrophique aussi. Le pire, c'est que cette crise ne s'est pas traduite vers une amélioration des cours des produits de première nécessité, comme l'alimentation. C'est la preuve que dans ce système mondialisé ultra-complexe, il n'y a plus de place pour le pragmatisme.

Que propose la FDSEA pour limiter la casse ?

Avec les JA, nous avons remis en main propre à la nouvelle préfète la demande de reconnaissance de l'état de calamités agricoles pour tous les territoires du département. Nous travaillons à réaliser les bilans fourragers partout dans le département, sachant que la situation reste hétérogène, selon si les secteurs ont bénéficié de quelques orages ou pas. Cette reconnaissance ouvrirait la possibilité de percevoir des subventions compensatoires, des dégrèvements et des aides pour soutenir les trésoreries des exploitations. Nous avons prévu des visites de terrain avec la préfète et les responsables des administrations et restons mobilisés pour accompagner les agriculteurs. Qu'ils n'hésitent pas à nous solliciter.
Nous avons, et c'est une bonne nouvelle, obtenu l'avancement des paiements d'une partie des aides de la PAC.

Le confinement s'était traduit par un engouement nouveau pour les circuits courts. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une tendance durable ?

Tant mieux pour ceux qui commercialisent en direct et dans les magasins de producteurs. Malheureusement, j'ai bien peur, et les chiffres en attestent, que les vieux réflexes de consommation reprennent leur droit. C'est pour cela que nous défendons l'idée que l'alimentation soit considérée comme un secteur stratégique, au même titre que la santé, et que les productions agricoles ne soient plus soumises au dictat de l'économie ultralibérale mondialisée qui tue notre agriculture française.