Sur l’exploitation de Damien Munery, éleveur de lapins à Rageade dans le Cantal, le Conseil régional a dévoilé un plan de filière ambitieux doté d’1,4 million d’euros.
À plus de 1 000 mètres d’altitude, à proximité de Saint-Flour, dans le Cantal, c’est un bâtiment flambant neuf qui est sorti de terre en 2020. Sous l’impulsion de Damien Munery, un jeune agriculteur, bien décidé à concrétiser son rêve d’installation, le bâtiment abrite depuis 600 cages mères. 4 500 lapins sont ramassés toutes les six semaines. Le jeune homme a choisi la cuniculture par intérêt pour cette production, mais aussi car elle est peu gourmande en foncier et il est assuré d’avoir un débouché valorisant grâce au partenariat noué avec l’abattoir Ribots situé dans le Vaucluse. Accompagné dans son projet par la société Sanders et le concepteur breton I-Tek, le bâtiment a nécessité un investissement global de 450 000 €, soit une majoration de 30 à 35 % par rapport à une structure traditionnelle. Ici les lapins disposent de 60 % de surface en plus par rapport à un logement classique en cage, leur permettant de se dresser, de bondir, de se cacher, de ronger en toute liberté. Ils évoluent sur des caillebotis en fibre de verre. « Il y a clairement une prise en compte du bienêtre animal mais aussi de l’éleveur grâce notamment aux terriers équipés de mezzanines qui s’ouvrent à hauteur d’homme », explique Gaëtan Baron de la société I-Tek.
Valoriser le bien-être
Après trois années d’activité, Damien concède commencer à s’y retrouver car il valorise ses lapins 20 % de plus que le prix de base qui se situe entre 1,90 et 2 €/kilo. Il a contractualisé en ce sens pour une durée de sept ans avec les Établissements Ribots. Au démarrage, l’éleveur a bénéficié d’un coup de pouce significatif de la Région de l’ordre de 120 000 €, à travers notamment le plan de modernisation des bâtiments d’élevage. Mais pas que…La Région consacre également un plan de filière dédiée au secteur cunicole. La seconde génération de ce plan a été dévoilé, jeudi dernier, sur l’exploitation de Damien Munery. Dotée d’un budget global d’1,4 million d’euros sur cinq ans, il poursuit deux objectifs : assurer la performance économique, environnementale et sociétale des élevages et des outils de production et accompagner la montée en gamme et la création de valeur. « L’accompagnement pourra concerner des projets des entreprises d’aval ou d’éleveurs en lien avec le changement climatique, le renouvellement des cheptels en cas de problème sanitaire ou encore l’accès à un fonds de développement pour permettre les projets d’investissement », a indiqué Fabrice Pannekoucke, vice-président du Conseil régional délégué à l’agriculture. « Comme toutes les filières, la filière cunicole subit actuellement les effets du changements climatiques, notamment à travers le stress thermique des animaux de plus en plus important, demandant une gestion toujours plus pointue, ainsi qu’à travers les conséquences sur le marché des matières premières à destination de l’alimentation animale, premier poste de dépenses sur les élevages », a précisé Nicolas Bardy, éleveur dans le Cantal et président de l’interprofession Grand Sud.
Sophie Chatenet