FORET
Attaques de bostryches : l’important est d’agir vite

Depuis quelques semaines, des « spots » rouges parsèment les paysages forestiers du plateau d’Hauteville. Le responsable est un petit insecte qui a la dent dure et se nourrit du bois, plus précisément du cambium, de l’épicéa, jusqu’à causer sa mort. C’est dans le but de présenter les dégâts de cet insecte, communément appelé « bostryche », que le Centre Régional de la propriété forestière (CRPF) Auvergne-Rhône-Alpes a convié des propriétaires forestiers sur une parcelle infestée du côté de Champdor.
Attaques de bostryches : l’important est d’agir vite

Les scolytes typographes et chalcographes sont des insectes qui attaquent spécifiquement les épicéas. Ce sont des ravageurs dits secondaires qui ont une préférence pour des arbres affaiblis (sécheresse) ou mutilés (tempête) voire fraîchement abattus. Cependant, dans des circonstances particulières souvent liées aux conditions climatiques, les populations peuvent augmenter subitement et colonisent alors des arbres parfaitement sains à grande échelle.

 

La galerie caractéristique du scolyte qui lui a valu le nom de « typographe »En 6 semaines, l’arbre meurt

 

La difficulté à endiguer ces attaques vient du fait qu'il n'existe pas vraiment de moyen de lutte. Les larves de l'insecte responsables de la mort des arbres prospèrent bien à l'abri sous l'écorce et aucun traitement sanitaire ne peut les atteindre. Le seul moyen dont dispose le forestier est de réagir très rapidement dès que les premiers symptômes sont détectés (rougissement du houppier, coulure de résine sur le tronc). Pour tenter d'enrayer un foyer de scolytes, il faut mettre en œuvre l'exploitation et la vidange rapide des arbres atteints. Ces opérations doivent s'effectuer dans un délai strict ne permettant pas le développement complet des scolytes, soit 6 semaines maximum.
« Cette rapidité d'intervention est possible quand le nombre de foyers est faible et peut suffire à enrayer les attaques. Elle est hélas de plus en plus difficile à mettre en œuvre si le nombre de foyers augmentent. Il arrive effectivement un moment où scieurs et entreprises de travaux forestiers malgré toute leur bonne volonté, arrivent à saturation et il leur devient quasiment impossible de tenir ces courts délais d'exploitation. Quoiqu'il en soit, contrairement à certains insectes invasifs découverts récemment comme la pyrale du buis, les scolytes de l'épicéa sont des insectes parfaitement autochtones qui sont accompagnés d'un cortège de prédateurs. En règle générale, ce cortège se met en place progressivement jusqu'à ce que les populations de scolytes s'effondrent naturellement. Mais en attendant, la perte financière que représentent ces attaques de plus en plus fréquentes incitent les propriétaires à s'orienter vers d'autres essences de remplacement au point qu'on peut imaginer que l'épicéa disparaitra progressivement de nos paysages bugistes tout du moins à basse altitude » précise Eric Hell, technicien forestier au CRPF à Belley.

Contact :
Eric HELL CRPF avenue du 133RI 01300 BELLEY – 06.08.36.45.58

Les « pièges à Bostryche »

L’utilisation de phéromones de synthèse permet d’attirer de nombreux scolytes typogaphes sur un site déterminé où l’on peut les dénombrer et les détruire. C’est pourquoi le piégeage à l’aide de phéromones a été testé. L’expérience a montré que dans le meilleur des cas un piège à phéromones permet de capturer environ 10 000 scolytes typographes. Ces chiffres sont à mettre en comparaison avec la “production” d’un mètre cube de bois colonisé qui est d’environ 30 000 typographes. Il faudrait donc au minimum 3 à 10 pièges artificiels par arbre scolyté pour capturer toute la population émergente. Aussi ces piégeages ne sont plus préconisés désormais, en raison de leur inefficacité dans la lutte active.