PRODUCTIONS VEGETALES
Des plans régionaux pour répondre aux enjeux stratégiques des filières

Dans le cadre de sa politique en faveur de l’agriculture, la Région a contractualisé, avec chaque filière, un plan triennal avec des mesures qui répondent aux enjeux stratégiques de chacune d’entre elles. Compétitivité des exploitations, progression de la valeur ajoutée, meilleure solidité des exploitations face à la conjoncture et aux aléas climatiques sont au premier rang des priorités régionales.
Des plans régionaux pour répondre aux enjeux stratégiques des filières

Avec ses 586 millions de chiffre d'affaires et ses 48 000 ha de vignes en production, la viticulture est la 4e production de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les vignobles produisent en moyenne 2 300 000 hl et génèrent jusqu'à 9 000 emplois directs et 30 000 indirects. La filière viticole compte plus de 9 400 producteurs qui exportent jusqu'à 40 % de leur production et la vendent en direct ou via la grande distribution jusqu'à 60 %.

Un plan régional en 4 axes

Sur les 3,4 millions d'euros accordés à la filière viticole d'Aura dans son plan régional porté par le Comité Vins Aura et négocié avec la Région, au moins 50 % doit être destiné à la mise en œuvre d'actions de portée régionale. La part de l'aide régionale (inférieure à 50 % du volume total d'aide) dédiée à la mise en œuvre des actions locales au sein des vignobles sera répartie en fonction de critères objectifs : les besoins recensés, le volume de production, le nombre de producteurs, la superficie du vignoble. Ce nouveau plan régional de filière s'organise en quatre axes : rendre la viticulture d'Aura compétitive, responsable et pérenne ; conquérir de nouveaux marchés ; développer sa stratégie de l'oenotourisme et enfin promouvoir ses vins.

Une viticulture compétitive, responsable et pérenne

Le premier volet du plan de filière qui comprend l'aide à l'investissement de matériel, la démarche environnementale, l'enjeu des coteaux et la structuration de la filière, se voit attribuer 1 100 000 € par la Région. Dans le cadre de la compétitivité des exploitations viticoles, aucun dispositif européen ou national ne prévoit d'accompagnement financier à l'acquisition de matériels de culture, hormis pour les zones sensibles pour l'eau. Afin de généraliser ces investissements à la plus grande part du vignoble régional, tout matériel de nature à réduire les intrants, à cultiver le sol, protéger les vignes, qu'il soit neuf ou d'occasion pourra être éligible, avec un plafond de 10 000 €. Pour inciter le plus grand nombre d'exploitations à s'engager dans une démarche responsable, une aide avec un plafond de 1 500 € par dossier par entreprise est proposée.
La viticulture régionale est en très grande majorité une viticulture de coteaux, et structurellement difficile à cet égard. Cette caractéristique nécessite un travail très particulier de la vigne dans des conditions difficiles et très coûteuses. Une aide concernant le travail viticole, la cartographie et les partenariats a donc également été choisie. Enfin, depuis quelques années, et toujours dans un but de rationalisation et d'efficacité, un travail de rapprochement entre les différentes organisations de la filière a été entrepris. Ces deux dernières actions ont droit à un taux d'intervention de 50 %.

À la conquête de nouveaux marchés

Le deuxième volet est constitué du développement des entreprises et de leur acquisition de parts de marchés. Il est subventionné à hauteur de 1 120 000 €. La vente en bouteille se valorise de mieux en mieux, et la disparition du négoce traditionnel, de moyen et de petite taille, conduit obligatoirement à la recherche de marchés directs. Les viticulteurs qui pratiquent la vente directe doivent se professionnaliser et se doter d'outils et de connaissances approfondies (sites internet, cabinets de conseil en communication ou commercialisation...). L'enveloppe de cette action au niveau régional se porte à 500 000 € et à 10 000 € par an et par entreprise. Tous les pays producteurs sont de plus en plus présents sur des Salons nationaux et internationaux, ce qui rend quasi obligatoire la participation des appellations régionales sous peine d'être oubliées. Par conséquent, une aide d'un montant maximum de 40 000 € par Salon et par bénéficiaire, sera attribuée.

La filière misesur le développement de l'oenotourisme

800 000 € d'aides sont affectées à ce troisième volet du plan régional de filière consacré à la stratégie de développement de l'oenotourisme. L'objectif de la filière Aura est de devenir la première région oenotouristique d'ici 2025. Pour cela, les vignerons doivent travailler ensemble, mais aussi et surtout avec les autres acteurs de l'économie territoriale tels que les hébergements et les sites touristiques. Le taux d'intervention sera de 50 % pour l'organisation d'événements ponctuels et sera dégressif pour des événements récurrents, avec un plafond aide au niveau local par an et par bénéficiaire de 40 000 €.

Jouer sur la notoriété des vins d'Aura

Sur ce dernier volet, le montant des aides s'élève à 120 000 €. Dans de nombreux restaurants de la région, les vins régionaux ne font pas l'objet d'une promotion spécifique. Or, la diversité, la richesse et la palette des vins peuvent permettre aux restaurateurs d'avoir une carte des vins régionaux avec des tarifs adaptés à tous les publics. Le taux d'intervention sur des actions mises en place sera de 40 à 50 % selon le niveau (local ou régional). L'objectif à terme est de permettre aux distributeurs et aux consommateurs de repérer ces produits de qualité d'exception et de les acheter à leur juste prix, grâce à la marque régionale « La Région du goût ». Enfin 260 000 € sont réservés à l'animation et à la bonne réalisation de ce plan régional de filière.

Manon Laurens

 

HORTICULTURE: 80% des aides versées directement aux entreprises

Avec un budget de 755  000 euros annuels sur trois ans, la filière horticole bénéficie pour la première fois d’une aide financière de la Région. La grande majorité de l’enveloppe est destinée à l’investissement direct aux entreprises.  

Le plan de filière régional horticole satisfait les acteurs régionaux de la Fédération nationale des producteurs horticulteurs pépiniéristes (FNPHP). Pour la première fois, la Région a décidé de construire avec elle un plan de filière dans le but d’aider les professionnels des métiers horticoles à moderniser leurs outils de travail.

Redonner de la capacité d’investissement

La signature officielle du plan de filière est prévue le 8 juin, en présence du vice-président de la Région, délégué à l’agriculture, Jean-Pierre Taite. 

« 80 % de l’enveloppe globale sont des aides directement versées aux entreprises », se réjouit Véronique Brun, chargée de mission Bassin Rhône Méditerranée à la FNPHP. Cette demande importante pour la filière l’est d’autant plus que 62 % des producteurs du bassin, suivis par l’observatoire structurel des entreprises Auvergne-Rhône-Alpes, réalisent plus de 60 % de leur chiffre d’affaires en vente directe au consommateur sur l’exploitation ou sur les marchés en 2016. Ils manquent néanmoins de moyens pour aménager leur établissement. « Cette aide rentre dans le cadre du PDR, plan de développement rural de l’UE, qui fait appel à des fonds FEADer. Elle leur permettra d’aménager et de valoriser leur point de vente mais aussi de structurer leur offre commerciale et d’améliorer leurs conditions de travail », ajoute-t-elle. Les 

20 % restant du budget du plan de filière horticole régional seront répartis entre l’accompagnement de la filière à la promotion des métiers et des produits et le conseil pour développer la compétitivité des entreprises.

La charte de l’achat public local valorisée

Le développement de la charte de l’achat public local fait partie des axes prioritaires de la filière pour continuer à sensibiliser les collectivités aux achats locaux dans les marchés publics. « Aujourd’hui, le consommateur est à la recherche de bien-être, de respect de l’environnement… Il faut adapter la gamme aux nouvelles attentes qui vont au-delà de l’aspect purement esthétique des variétés végétales », reprend la Fédération nationale des producteurs horticulteurs pépiniéristes. Pour cela, les professionnels en région travaillent main dans la main avec la station d’expérimentation du Ratho et mènent des actions communes avec les acteurs locaux de l’Unep, l’Union nationale des entreprises du paysage, « pour répondre au mieux à ces questions et améliorer la qualité des commandes ».  

De nouvelles formes de commercialisation

Avec ce nouveau plan de filière, les producteurs, horticulteurs et pépiniéristes de la région Aura, pourront aussi mener une réflexion sur la stratégie de leur entreprise en testant de nouvelles formes de commercialisation. Ils pourront bénéficier de conseils spécialisés de la part d’avocats, de fiscalistes ou encore des techniciens du Ratho à travers des actions individuelles ou collectives. « L’idée, c’est d’accompagner les entreprises dans une stratégie d’avenir, d’imaginer de nouvelles formes de commercialisation et pourquoi pas de nouveaux regroupements virtuels sur l’exemple de la plateforme Végéstock, initiée par la région Centre (ndlr signalement des stocks des végétaux) », reprend Véronique Brun. Le développement de la production sous label rouge pour les rosiéristes sera, lui, plutôt mis en place courant 2019.

La transmission, une question cruciale

La transmission n’est pas laissée pour compte dans le plan régional horticole. « C’est une question cruciale pour l’avenir de notre filière. Nos entreprises ont du mal à trouver des jeunes, surtout celles qui sont coincées par l’urbanisation, situées dans un axe périurbain. La population des chefs d’entreprise est vieillissante et il y a de moins en moins de transmissions familiales », constate la FNPHP. Des formations sont donc indispensables pour promouvoir les métiers horticoles et pérenniser les 2 500 emplois directs qualifiés et spécialisés de la région.

Alison Pelotier