CULTURES
Diversifier sa production en cultivant du sorgho

Auvergne-Rhône-Alpes, et plus particulièrement le département de la Drôme, reste l'une des principales régions de production de sorgho. En 2017, le rendement moyen s'est situé entre 60 et 68 q/ha (irrigué et non irrigué), un des meilleurs à l'échelle nationale. Un peu moins exigeant qu'un maïs, il peut permettre de diversifier sa production tout en assurant une bonne productivité.
Diversifier sa production en cultivant du sorgho

Le sorgho est une culture exigeante à l'implantation. La taille de sa graine et ses besoins en température nécessitent une préparation soignée (lit de semence fin) et un sol réchauffé (la température du sol doit être supérieure à 12°C). De fait, la période optimale de semis se situe autour de fin avril pour les zones du sud de la Drôme et jusqu'à mi-mai pour les situations où les sols se réchauffent plus lentement.

Les variétés tardives de sorgho sont toujours les plus productives.

Densité de semis

La densité de semis est un élément primordial pour la réussite de la culture. Les semoirs mono-graine sont à privilégier, mais les distributions électriques des semoirs à céréales récents offrent des performances équivalentes. Les essais de 2016 sur le sujet ont montré qu'il n'y a pas plus de perte à la levée avec les semoirs à céréales à paille. Mais il faut avoir des roulettes de rappui pour être certain que le contact sol-grain soit assuré. Semer à 12 cm d'écartement n'impacte pas le rendement mais limite l'utilisation des outils de désherbage mécanique. L'utilisation d'un semoir mono-graine ou à céréales à paille se décide en fonction de l'organisation matérielle sur l'exploitation et de la pression adventice.

La densité de semis dépend de plusieurs facteurs :
• La précocité à l'épiaison de la variété conditionne fortement le nombre de grains à semer. Plus une variété est précoce, plus faible est l'indice foliaire et le nombre de grains sur sa panicule. En conséquence, pour maximiser les composantes du rendement, les plus précoces nécessitent des densités de culture plus élevées que des variétés plus tardives. Le fort développement d'une variété tardive et son fort potentiel de grains par panicule permettent de viser de faibles peuplements (200 000 plantes/ha).
• La réserve hydrique qui dépend à la fois du type de sol et de la capacité d'enracinement de la culture. En conditions séchantes, les peuplements élevés favorisent une forte production de biomasse précoce (tiges et feuilles) et exagèrent la concurrence entre plantes. Des évapotranspirations et compétition excessives accélèrent l'épuisement de la réserve en eau pénalisant souvent la formation des grains dès l'épiaison. En situation irriguée ou dans les milieux à forte réserve en eau, la densité de peuplement est valorisée. Des peuplements plus élevés permettent de maximiser les composantes de rendement. Dans tous les cas, il faut tenir compte aussi d'un taux de perte à la levée de 15 à 20 %.

Variétés de sorgho grain

Dans le groupe de précocité des variétés précoces et ½ précoces, la relation entre le rendement et la précocité est assez claire. Les variétés tardives sont toujours les plus productives.
En 2018, 2 variétés ont été inscrites. Arabesk (Semences de provence), dans la gamme des sorghos très précoces, se place avec un potentiel proche d'Arsky tout en gagnant en précocité.
ES ShamalH, sorgho précoce-demi-précoce d'Euralis Semence, est la seconde nouveauté. Elle présente un bon potentiel tout en étant plus précoce que ES Monsoon.
Les variétés tardives et très tardives ont un niveau de productivité supérieur. Elles expriment d'autant plus ce potentiel lorsque l'accès à l'eau et à l'azote est non limitant. Aucune variété n'a été inscrite l'année passée. Les références techniques restent donc toujours les mêmes : Arizona, Anggy, Fuego CS et RGT Gabby.

Fertilisation azotée

Grâce à son aptitude à puiser l'eau dans le sol, le sorgho a également une grande capacité à y prélever l'azote minéral. De ce fait, les apports d'azote par les engrais peuvent être modérés. L'azote contribue essentiellement à la détermination du nombre de grains par panicule, il faudra donc l'apporter impérativement avant le stade gonflement (formation des gamètes - 12 feuilles). En sol filtrant ou superficiel, pour limiter les pertes, éviter des apports précoces avant 6 feuilles. Dans les autres situations, en sec : un seul apport au semis est suffisant, en irrigué : un 1er apport au semis suivi d'un 2e apport avant la 1ère irrigation (au plus tard 10-12 feuilles).

Désherbage : abaisser la pression des adventices

Le sorgho est extrêmement sensible à la concurrence des adventices. Les solutions de désherbage chimiques peuvent se révéler insuffisantes, c'est pourquoi il faut bien veiller à semer sur une parcelle propre (ne pas hésiter à faire des faux semis) ; s'assurer de la bonne homogénéité de la levée et du recouvrement rapide de l'inter-rang ; et ne pas hésiter à mettre en œuvre des techniques de désherbage mécanique.
Cette année, une nouveauté est disponible sur sorgho. L'Alcance Sync Tec (clomazone 43 g/l + pendiméthaline 298 g/l CS) ouvre une possibilité en désherbage de prélevée sur sorgho. Dans la plupart des cas, il ne sera pas suffisant pour effectuer une stratégie de désherbage de prélevée en solo. Il peut s'avérer utile en cas de fortes pressions sur la parcelle.

Romain Tscheiller,
Arvalis-Institut du végétal
 Pour plus d'information sur les restrictions d'usage et les recommandations, reportez-vous au dépliant sorgho Arvalis.