RECOLTES
Moissons : un premier bilan très positif

Sécheresse, rendements, qualité, marché des céréales… Jérôme Laborde, directeur du pôle végétal de la coopérative Terre d’Alliances livre un regard optimiste sur le « tour des récoltes ».
Moissons : un premier bilan très positif

Qualité et quantités sont-elles au rendez-vous cette année ?

Jérôme Laborde, directeur du pôle végétal de la coopérative Terre d’Alliances.

 

« Nous avons de très bonnes récoltes en orge, avec des rendements très élevés. Le rendement moyen a été estimé à 78 quintaux. En blé, c'est pareil, avec de très bons rendements, autour de 80 quintaux. Et une très bonne qualité sur l'ensemble des céréales avec des poids spécifiques élevés : 66 en orge, 80 en blé et 73 en triticale, qui permettent de répondre aux attentes du marché à des prix plutôt stables en raison justement des bons rendements. Sur les acomptes, on va être autour de 145 € en blé, qualité incluse, en orge autour d'un petit 130 € et en triticale au même niveau de prix, entre 125 et 130 €. Le taux de protéines fluctue entre 11 et 12,5 et une moyenne qui se rapproche de 12, donc c'est très bon ! Il n'y a pas du tout de mycotoxines cette année. En panification, c'est bon aussi. Les conditions étaient favorables. On a eu un peu peur du coup de chaud de juin, mais il n'y a pas eu d'incidences. Ce sont donc de très bonnes nouvelles pour les adhérents. »

Qu'en est-il du colza, soja et maïs... ?

« Concernant le colza, c'est très hétérogène. L'an dernier avait été marqué par des levées de semis mauvaises et des parcelles hétérogènes dont certaines décevantes. A l'arrivée, on a eu de bonnes surprises avec 45 quintaux, mais aussi de véritables déceptions en dessous de 10 quintaux et une moyenne autour de 31 quintaux. Par contre on a un marché qui a tendance à progresser avec à la fois des déceptions sur les teneurs en huile et les rendements (baisse de surfaces, mauvaises levées). Soja et maïs souffrent du sec, même sur les secteurs irrigués. Le rendement est déjà amputé de 10 à 20 %. L'autre difficulté, c'est que la chaleur intervient en pleine période de pollinisation avec pour conséquence des épis sur lesquels il manquera des grains. Mais le maïs est une plante qui nous surprend toujours, on peut donc espérer que ça se passera bien. »

Les démarches de filières ont-elles progressé ?

« Le seigle représente 400 t de collecte, sur 250 000 t de collecte d'été. C'est peu, mais avec une tendance à la hausse. L'avoine représente 2 000 t. En orge on va être autour de 38 000 t, en blé : 180 000 t, triticale : environ 14 000 t et 15 000 t pour le colza. Sur le seigle, la difficulté que l'on rencontre, c'est la présence d'ergot qui rend les récoltes invendables. L'an passé on avait des teneurs en ergot très élevées, ce qui a rendu la commercialisation difficile. Le travail est à poursuivre sur les semences, les rotations et le suivi technique. Les collectes sont quasiment terminées pour l'ensemble. Nous continuons également à développer la filière « api colza » dans l'objectif de mettre en relation apiculteurs et céréaliers, avec un prix garanti sur la graine de colza. Nous allons valoriser tout ça en mettant des ruches autour des parcelles engagées, c'est du gagnant – gagnant. »

Comment voyez-vous l'avenir ?

« Les interrogations sont de plus en plus fréquentes sur les coups de chaud l'été qui remettent en cause beaucoup de choses, notamment les assolements et les systèmes d'assurance que l'on essaie de développer, avec notamment l'assurance Premium Semis qui garantit un chiffre d'affaires à l'hectare et cela franchise. Le contrat Performance Engagement Précoce apporte plus de lisibilité avec un prix minimum connu bien avant la récolte et un prix final piloté par la coopérative en fonction de l'évolution du marché. Nous accompagnons également nos éleveurs sur des contrats multirisques climatiques avec des tarifs attrayants. »

Patricia Flochon