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La Chine ferme (un peu plus) le robinet européen

Après avoir déréférencé cinq abattoirs espagnols, la Chine prépare une visite d’audit en France, selon Culture viande. D’après les professionnels, l’Empire du milieu tenterait de stabiliser son marché intérieur en freinant les importations.

La Chine ferme (un peu plus) le robinet européen
Une précédente visite en Espagne a abouti au déréférencement de cinq abattoirs. ©SC

Alors que la Chine ralentit ses importations de viandes de porc pour tenter de stabiliser son marché intérieur, des inspecteurs en provenance de l’Empire du milieu sont attendus dans des abattoirs français « dans les prochains jours », a-t-on appris le 31 août auprès de Culture viande. Du côté de l’organisation représentative de l’abattage découpe, on craint que les auditeurs chinois « ne viennent pas avec de bonnes intentions » : une précédente visite en Espagne a abouti au déréférencement de cinq abattoirs, qui ont « perdu l’accès au marché chinois », indiquait l’Ifip (Institut du porc) le 26 août. Lors de leur audit en Espagne (premier exportateur européen), les inspecteurs chinois ont « choisi des outils importants » ; ils devraient faire de même en France, s’inquiète-t-on chez Culture viande. Selon l’Ifip, un outil français, l’abattoir des Crêts (groupe Carrel) dans l’Ain, et un Autrichien ont également été placés sur la « liste des déréférencements ». Plus tôt dans l’année, deux usines – une Néerlandaise en février, une Brésilienne en août – avaient déjà été écartées par les autorités chinoises.

Reconstituer le cheptel, un enjeu politique

« Les Chinois font pression sur les autorités et les importateurs pour limiter les importations et rétablir les prix intérieurs », analyse-t-on chez Culture viande. Les expéditions en provenance de l’UE ont reculé de 25,5 % en juin 2021 (par rapport à juin 2020). Malgré ce récent reflux, les importations ont largement progressé depuis le début de l’année, ce qui a « déstabilisé le marché intérieur », selon l’organisation des abatteurs. Sur l’ensemble du premier semestre 2021, les importations chinoises de viande fraîche et congelée (toutes origines confondues) ont gonflé de 7,7 % par rapport à 2020, à 2,23 millions de tonnes. Soit presque le triple du niveau de mi-2019 (819 000 tonnes), quelques mois après le début de l’épizootie de peste porcine africaine (PPA) qui a ravagé le cheptel chinois. Au-delà de cet afflux de viande, le marché chinois est aussi engorgé par une production en hausse (+35 % au premier semestre 2021) et des « stocks élevés de viande congelée », rapporte le Marché du porc breton dans sa note de juillet. D’où un prix moyen à « un très bas niveau », (l’équivalent de 2 €/kg vif), à « 58,5 % sous la même référence 2020 », note le MPB le 30 août. Des prix du porc trop bas freineraient la reconstitution du cheptel chinois. Un enjeu politique pour le pouvoir de Pékin, qui a annoncé avoir retrouvé le niveau de production d’avant la peste porcine africaine.

YG