Session plénière de la Chambre d’agriculture /
La nouvelle préfète s’explique devant la profession

Après la douche froide des annulations de rassemblements liées au Tour de France, la profession agricole a reçu une déclaration « d’amitié » de la part de la nouvelle préfète de l’Ain.
La nouvelle préfète s’explique devant la profession

A l'heure où les chambres d'agriculture s'attèlent à la déclinaison sur leurs territoires du projet stratégique élaboré au plan national (accompagner l'agriculture dans ses transitions économiques, sociétales et climatiques, créer plus de valeur dans les territoires, favoriser le dialogue agriculture – société, développer un réseau « plus agile et efficient »...), Guillaume Furri, directeur de la DDT de l'Ain annonçait « la » bonne nouvelle (en réponse aux inquiétudes exprimées lors de la session plénière organisée la semaine passée à Saint-Etienne-du-Bois par les membres de la chambre de l'Ain quant aux ressources budgétaires nécessaires pour le mettre en œuvre) :
« Le ministre du budget a confirmé que les ressources resteraient à l'identique. Les moyens des chambres sont préservés ! ». Une annonce quelque peu rassurante en ces temps de crise sanitaire qui ont directement impacté les finances de la Chambre de l'Ain. Car si la qualité de service a pu être préservée pendant le confinement grâce à la réactivité de l'équipe de direction et des salariés, sans oublier la mobilisation générale des élus maintenue pour faire remonter les problématiques et difficultés auprès des instances et services de l'Etat, les recettes de la chambre consulaire subissent de plein fouet le retard de croissance de ses prestations
(35 000 € au lieu de 68 000 €) ; avec au final un résultat déficitaire de 32 500 € alors qu'elle tablait initialement sur 30 000 € d'excédents. Un déficit toutefois relativisé par son président, Michel Joux qui souligne, au vue de l'ampleur de la crise : « on sauve les meubles », espérant vivement un retour à l'équilibre l'an prochain.

La préfète de l’Ain, Catherine Sarlandie de la Robertie.

 

Des produits payés au juste prix, le nerf de la guerre

Au programme de cette session plénière : un traditionnel retour sur l'actualité climatique, économique et politique. Le président Joux se faisant fort de rappeler une fois de plus : « La rentabilité globale de notre agriculture, reste en deçà du niveau nécessaire au développement et à l'avenir de notre activité. Les chiffres montrent que le véritable levier de croissance et de rentabilité, c'est le prix de vente des produits ! Aléas climatiques et évolutions de pratiques nécessaires ne pourront être surmontés que si la rentabilité est au rendez-vous. C'est la meilleure assurance possible », soulignant au passage que « la loi Egalim, promulguée en avril 2019, ne porte pas ses fruits en termes de valeur ajoutée pour les agriculteurs » et que « le dialogue entre les opérateurs économiques quels qu'ils soient tout au long de la chaîne doit devenir une réalité ; dialogue qui doit être imposé aux opérateurs par la loi pour obtenir des résultats ! ». Quelques points positifs ont été malgré tout mis en évidence, comme la validation de la charte « riverains » par la nouvelle préfète, Catherine Sarlandie de la Robertie, ou encore la volonté du préfet de Région et de l'Etat de mettre en place un protocole de création de retenues d'eau en région. Michel Joux ajoutant sur ce dernier point : « Il faudra du pragmatisme et de l'envie de faire aboutir car la réglementation est toujours là. Nous souhaitons que tous les acteurs du territoire s'impliquent. L'étude sur la nappe de la Dombes portée par la communauté de communes de la Dombes et par l'Etat doit maintenant avancer pour nous apporter des éléments précieux ».

 

Tour de France : la préfète exprime ses « regrets »

L'annulation des rassemblements proches du Grand Colombier lors du passage du Tour de France laisse un gout amer aux Jeunes agriculteurs de l'Ain. Solène Tétaz, élue Chambre, se faisait la porte-parole du canton de Champagne-en-Valromey, exprimant directement à la préfète les vifs regrets quant à cette décision vécue comme arbitraire : « J'ai bien conscience que nous ne sommes pas les seuls à avoir vu notre journée perturbée, mais nous en gardons une grande amertume. Nous avons été prévenus le vendredi à 19 h, et à cause de l'annulation les JA ont une facture de 1 200 € qui occasionne un gros trou dans nos finances. Quant à la fresque, nous n'avons pas pu présenter tout ce que nous souhaitions à cause des restrictions d'accès au terrain ». Pour sa défense, Catherine Sarlandie de la Robertie répondra : « Je n'ai reçu les consignes du Conseil de défense que le vendredi midi. J'ai dû prendre moi aussi cette décision avec amertume. C'est une responsabilité et je l'ai prise en mon âme et conscience. J'ai dû le faire, même si j'en suis sincèrement désolée car j'ai beaucoup d'amour et d'amitié pour le monde agricole, mais nous avons des morts dans nos Ehpad et des clusters dans l'Ain ». Et d'ajouter un peu plus tard : « Ma toute première visite de terrain dans l'Ain a eu lieu sur une exploitation viticole. D'autres sont programmées le 9 octobre pour découvrir les spécificités agricoles du département. Vous pouvez compter sur moi à l'avenir pour multiplier ces déplacements. Le secteur agricole est l'une de mes préoccupations premières. Je voudrais saluer la capacité de résilience dont vous avez tous fait preuve pendant la crise sanitaire. Parmi les enjeux auxquels l'Etat est attaché figurent la création de valeur et le juste retour de cette valeur aux producteurs. Chacun doit pouvoir vivre dignement de son travail ! ».

Patricia Flochon