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A Simandre, la chasse à l’arc monte en flèche

A Simandre-sur-Suran, plus d’un tiers des chasseurs pratiquent le tir à l’arc. Rencontre avec Roland Paillard, le président de la société communale de chasse, inventeur d’un arc et pratiquant expérimenté.
A Simandre, la chasse à l’arc monte en flèche

D'où vous est venue cette passion pour la chasse à l'arc ?

Je tire à l'arc depuis 1986, mais j'ai véritablement commencé à chasser à l'arc en 90. Je suis chasseur au fusil depuis l'âge de quinze ans ; j'accompagnais mon père et mon oncle. Lors d'une balade en 4 x 4, mon autre passion, j'ai fait la rencontre d'un Suisse qui chassait à l'arc et ça m'a beaucoup intéressé.
Depuis quand la chasse à l'arc est-elle officiellement autorisée ?
La chasse dépend du code rural. Elle peut se pratiquer à cor, à cris, à courre et à tir. Avant 1995, année de la légalisation de la chasse à l'arc, on était environ 300 en France à la pratiquer, mais on se faisait verbaliser. C'est grâce à la fédération française de chasse à l'arc que la réglementation a pu évoluer. Cette chasse étant silencieuse, elle a longtemps été mal perçue par certaines sociétés de chasse qui l'assimilaient parfois même à du braconnage.

Quelles sont les conditions pour la pratiquer ?

Il faut bien entendu avoir le permis de chasse ; et suivre une formation obligatoire d'une journée. Le tir à l'arbalète n'est pas autorisé. La chasse à l'arc, c'est une autre éthique. On la pratique seul ou en battue, mais il n'y a pas de battues l'été. Le tir d'été, c'est une chasse individuelle à l'approche, possible à partir du 1er juin jusqu'à l'ouverture générale. L'approche, c'est très fatigant. Cela demande une grande vigilance, de se déplacer face au vent, de bien connaître son secteur. On repère les passages de gibier à l'aide de caméras et des traces au sol. A Simandre, on est douze, sur 30 chasseurs, à tirer à l'arc. Chacun a son secteur, de 3 à 4 ha, tiré au sort.

Vous préférez l'arc au fusil ?

Pour le gros gibier, je ne reprends quasiment pas le fusil, sauf lorsqu'il y a trop de dégâts et qu'il faut faire des prélèvements. Depuis 1990, j'ai tué à l'arc une vingtaine de sangliers, et sept chevreuils, dont trois cette année.

Comment cela se passe en pratique ?

Positionné en hauteur, camouflé, le chasseur prépare un tir précis qui tuera l’animal rapidement

 

En battue, nous avons des postes spécifiques. Le chasseur est positionné sur des Tree Stand, un siège fixé dans un arbre, entre trois et quatre mètres de hauteur. Parfois nous organisons des battues uniquement à l'arc, avec des « poussées silencieuses » pour rabattre le gibier. J'adore l'affût. Je reste deux, voire trois heures sur mon siège. Vous observez la nature, vous êtes tranquille... J'emmène parfois mon petit-fils avec moi.

Une technique de chasse plus exigeante ?

La meilleure flèche, c'est celle tirée dans les poumons. Un sanglier tué d'une flèche au bon endroit s'arrête net et il ne le sent pas. Le sanglier à l'affût, c'est plus compliqué, mais aussi très intéressant. Avec le chevreuil, c'est plus routinier. Il est rapide mais il n'a pas beaucoup de défense. Le sanglier au contraire, c'est intelligent, très méfiant. C'est plus sportif. Quand l'animal commence à rentrer dans la zone de tir, l'adrénaline monte et il faut faire vite.

Quels types de matériels utilisez-vous ?

On utilise deux types d'arc : le traditionnel, droit, et l'arc à poulies (compounds), qui démultiplie la force de tir, en carbone, équipé d'un système de viseur. Avec les arcs droits en général on tire des flèches en bois. Pour le petit gibier, j'utilise le classique. Mais pour être efficace avec un classique il faut s'entraîner tous les jours car on peut tirer jusqu'à quinze mètres et jusqu'à vingt mètres avec l'arc à poulies. Pour que la flèche ait toujours le même trait il faut avoir toujours la même puissance. Pour tirer en l'air, pour la chasse au canard par exemple, il est interdit d'utiliser des pointes de flèches, mais un blunt qui assomme le canard.
Vous avez-vous-même fabriqué un arc en plastique...
Je suis plasturgiste de profession. Quand je me suis mis à chasser, j'ai rencontré des gens dans l'archerie et j'ai commencé à fabriquer des pièces. Puis, avec ma société, Plastiques Paillard, à Simandre (rachetée en 2011 par un autre plasturgiste) j'ai mis au point l'arc classique en plastique, le 1er en France, et déposé un brevet au début des années 2000. Pour en savoir plus sur le tir à l'arc vous pouvez contacter l'association départementale des chasseurs à l'arc de l'Ain, dont j'ai été le président et aujourd'hui membre d'honneur.

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Patricia Flochon