COOPÉRATION
Activité soutenue pour la coopérative CApDiS

Patricia Flochon
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Retour sur l’assemblée générale de la coopérative CApDiS qui s’est tenue la semaine dernière à Attignat. Avec en toile de fond la création d’une filière locale de protéines végétales. Explications.

Activité soutenue pour la coopérative CApDiS
Yohann Pelus, président de la coopérative CApDiS. PHOTO/ PF

Présidée par Yohann Pelus, la coopérative CApDiS, a tenu son assemblée générale le 1er décembre à Attignat. Forte de ses 850 adhérents actifs, CApDiS enregistre un chiffre d’affaires pour l’ensemble de ses métiers (approvisionnements agricoles, magasins, fioul) pour l’exercice 2021-2022 de 42 578 K €, en progression de 21,3% par rapport à l’exercice précédent. L’activité « Appro » représente 50 %, l’activité « Jardinerie » 32 % et la distribution de fioul 18 %. L’alimentation animale représente 42 % de l’activité agricole avec un chiffre d’affaire en hausse de 9.5 % ; les tonnages étant orientés à la baisse. « Compte tenu de la hausse des prix en particulier sur les céréales (+40 %), la protéine (+15%) prix, le lait en poudre (+20%), les agriculteurs ont modifié leur comportement avec la recherche d’un compromis entre la performance de production et le coût de revient. De plus, le cheptel de la ferme départemental continue de baisser », précise Franck Bouguet, le directeur de la coopérative. 
 
Explosion du prix des engrais et difficultés d’approvisionnement
 
Le chiffre d’affaires engrais progresse de plus de 50 % et s’explique essentiellement par une explosion du prix des engrais. Explications : « La hausse s’est enclenchée fortement dès l’été 2021 en lien avec l’augmentation du prix de l’énergie, puis a explosé avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les tonnages d’engrais et d’amendements ont baissé sur cet exercice d’environ 10 %. Par contre les ventes d’amendements organiques ont progressé en tonnages de près de 30 %, mais sur une valeur unitaire beaucoup plus faible et peu impactée par les hausses de prix. Le prix moyen de l’unité d’azote est passée de 0.85 €/Unité de N en 2020-2021 à 1.48 €/U en 2021-2022, soit une hausse de 74 % ». Toujours selon Franck Bouguet, « les agriculteurs ont arbitré leurs achats d’engrais en valorisant au plus juste les effluents d’élevage de l’exploitation mais aussi selon un budget d’achat défini avec une priorisation vers les engrais azotés. Le contexte actuel reste à ce jour très tendu avec pour les structures d’approvisionnement l’obligation d’anticiper les achats pour pouvoir mettre en place les tonnages en ferme avant les utilisations du printemps. Ce marché des engrais est très lié au prix de gaz et même si la tendance semble progressivement baissière (moindre demande mondiale) pour les mois à venir, tout reste fragile et suspendu à l’évolution du conflit russo-ukrainien ».
 
Des activités à la hausse 
 
L’activité semence progresse de 23 % par les volumes et les prix et représente 16 % de l’activité agricole. Les augmentations concernent essentiellement les semences de maïs avec des hausses de prix d’environ 10 %. Les produits de protection des cultures sont en hausse de chiffre d’affaire de 40 %, là aussi, par le volume et la hausse des prix des produits des cultures de printemps. La famille agroéquipement voit son chiffre d’affaire progresser de 18 % pour s’établir à 1 238 K € et représenter 6 % de l’activité agricole. Une hausse essentiellement due à l’augmentation des prix de l’énergie, élément important du coût de fabrication. La distribution de fioul a progressé de 23 % en volume, pour s’établir à 7 800 M3 et de 87 % en valeur représentant un chiffre d’affaires de 7 500 K€. Le prix moyen du M3 passe de 609 à 910 € HT soit une augmentation de 50 %. L’activité magasin se contracte de 2.4% au cours de cet exercice. « Nous constatons un effet post-covid avec d’une part une réallocation différente du budget hors dépenses contraintes des ménages vers « plus de voyages » et moins d’investissement autour de la maison. De plus l’impact de l’inflation s’est fait sentir déjà au printemps 2022 et se poursuit actuellement sur le nouvel exercice qui s’annonce difficile », ajoute le directeur.
 
Ouverture d’un nouveau magasin Gamm Vert à Bourg en mars 2023
 
La coopérative poursuit sa politique d’investissements dans ses points de vente, concrétisée notamment par l’acquisition d’un terrain à Grand Bourg Agglo de 5 800 m² avenue Amédée mercier à Bourg-en-Bresse pour la construction d’un magasin Gamm Vert en remplacement du magasin du Champ de foire, fermé en 2020 en pleine période de Covid. Elle a également acquis auprès de la coopérative Oxyane des fonds de commerce Agri-Sud-est et Gamm vert du dépôt d’Arinthod. En résumé, pour l’exercice 2022-2023, les projets à conduire concernent essentiellement la construction du nouveau magasin Gamm Vert de Bourg, avec une ouverture programmée pour début mars mais aussi la construction de l’usine de trituration NUTRALP en collaboration avec les coopératives Jura Mont Blanc et Bresse Maconnais (voir encadré).  

Création d’une filière de protéines végétales territoriale

Les coopératives Bresse Maconnais, CApDiS et Jura Mont Blanc (qui totalisent à elles trois quelque 1 400 adhérents qui produisent principalement du blé, du maïs et des oléoprotéagineux) se sont associées pour la création d’une nouvelle usine de transformation locale de protéines dans l’Ain (soja/tournesol/colza). L’outil Nutralp (usine de trituration) est dimensionné pour travailler 15 000 tonnes de graines d’oléoprotéagineux, permettant de fabriquer des aliments d’origine Auvergne Rhône-Alpes et non OGM (qui permettront notamment de réduire les importations de tourteau de 75 % à 25 %), et de produire de l’huile de qualité pour l’alimentation humaine. Périmètre d’action : l’Ain, la Saône-et-Loire et les Deux Savoie. La construction de l’usine a débuté en septembre. Pour Yannick Dumont, président de Jura Mont Blanc et président de la SAS Nutralp, « C’est un projet innovant qui va coller au territoire. Toutes les filières seront partenaires de Nutralp, et cela va ramener de la valeur ajoutée ». L’investissement total du projet dépasse les 5 M€ (plafond du montant subventionnable par FranceAgriMer).