AGRONOMIE
Épandage des boues de la ville de Bourg : partenariat gagnant-gagnant entre les collectivité et agriculteurs

Patricia Flochon
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En 2022 plus de 6 700 tonnes de boues chaulées, issues de la station d’épuration de la ville de Bourg-en-Bresse, ont été épandues sur les parcelles de 37 exploitations agricoles. Plan d’épandage, analyse des boues, respect de la réglementation, intérêts agronomiques et économiques… Explications.

Épandage des boues de la ville de Bourg : partenariat gagnant-gagnant entre les collectivité et agriculteurs
Photo/PF

Réuni en assemblée générale le 31 janvier, le syndicat des utilisateurs de boues chaulées de la ville de Bourg-en-Bresse a présenté le bilan des épandages de l’année 2022 et résultats d’analyses des boues. Ainsi que le rappelait Christian Buatier, du bureau d’études Ager Conseil, « lorsque des boues ne sont pas épandables, elles seront redirigées vers une autre filière. Les solutions sont alors soit la mise en décharge, si une décharge veut bien les accepter, ou alors l’incinération. Des solutions alternatives, mais coûteuses et pas vraiment intégrables dans une approche environnementale dans la mesure où même si on brûle ce déchet, on aura toujours des cendres avec des concentrations très élevées en métaux, donc il faudra gérer les cendres. Il faudra les sécher avant de les brûler, donc le bilan carbone est très mauvais. » Aucun problème du côté des boues de la ville de Bourg-en-Bresse puisque celles-ci ont toujours été conformes aux normes réglementaires. Ici, le produit est valorisé sous forme d’engrais et on limite autant que possible les dépenses énergétiques, avec une approche bilan carbone la plus raisonnable possible. Sur le site de la Tienne (Ovade), les boues sont allotées et chaque lot de boue sera analysé chaque mois (une trentaine de sondages sur l’ensemble de l’andain) et les résultats sont fournis par le laboratoire au bout de trois semaines, permettant de s’assurer de la qualité du produit. 
 
Analyses et valeur fertilisante des boues chaulées
 
Première mesure réalisée : la valeur agronomique, le but étant de déterminer quelle valeur engrais présente la boue. L’objectif étant d’économiser les apports d’engrais chimiques sur les exploitations agricoles. Pour rappel, les boues obtenues sur la station d’épuration sont passées dans un digesteur afin de récupérer une partie de l’énergie sous forme de biogaz, puis déshydratées avec une centrifugeuse et ensuite chaulées. La chaux vive permet de les hygiéniser et d’avoir un effet exothermique et de monter le niveau de matière sèche, avec à la clé des boues classées solides, donc facilement épandables. Les analyses sont réalisées depuis 1994, date de lancement du plan d’épandage. L’objectif : intégrer 100 kg de chaux par tonne de boues brutes qui répond au cahier des charges du produit à épandre et d’avoir un produit le plus stabilisé possible et hygiénisé, bien stabilisé structurellement et qui ne colle pas trop. Les boues présentent aussi de l’azote, de la potasse et un peu de magnésie. Une autre analyse porte sur les éléments traces métalliques. « Je rappelle qu’en France, où on veut toujours faire plus blanc que blanc, on est largement inférieur à ce qui se passe au niveau européen. Concernant les boues de la station d’épuration de Bourg, les analyses présentent des résultats largement en dessous des seuils réglementaires », insiste Christian Buatier.

Christian Buatier, du bureau d’études Ager Conseil et Morgan Merle, président du syndicat des utilisateurs de boues chaulées de la ville de Bourg-en-Bresse. Photo/PF

Et de préciser : « La DDT nous a informé qu’il n’y avait plus besoin de chauler les boues des stations d’épuration rurales. Par contre Bourg-en-Bresse dépend d’une filière boues hygiénisées, donc on doit s’assurer que cette hygiénisation est bien assurée : mesure des salmonelles et des coliformes thermotolérants tous les mois. Dans le cadre de la pandémie on avait aussi l’obligation d’assurer un suivi PH régulier quotidien sur la station. »