D'un naturel discret et calme, c'est pourtant Denis, électricien à son compte, qui avait envie de brasser depuis bien longtemps.
« J'avais vu faire des amis, je trouvais que c'était convivial sympa, j'ai décidé de me lancer, ce n'était pas un projet de couple ». Corinne, après une carrière d'institutrice au village lui prête main-forte pour débuter tout en travaillant chez un fleuriste, mais très vite la pression monte, elle se pique au jeu et finalement ils brassent leur bière ensemble tout en conservant leurs activités. « Ce matin c'était embouteillage, encapsulage, nettoyage nous en sommes à notre 13e brassin » explique Corinne en sortant une bière du frigo. « Un brassin fait 400 litres nous avons déjà réalisé 5200 litres de bière, au début nous nous sommes fait surprendre maintenant cela va mieux on arrive à avoir du stock ».

Démarrage fin janvier

Le projet était suffisamment mûri, six mois auparavant ils avaient arpenté les allées du salon du brasseur de Nancy et pris des contacts avec des fournisseurs. Ils décident alors de « pousser les mûrs » chez eux, pour installer leur brasserie dans le garage. « Ce n'était pas un problème les voitures ont toujours couché dehors » lâche Denis. Le couple part en formation fin décembre 2017 dans une brasserie de l'Oise pour apprendre le brassage, l'usage des levures, l'hygiène, microbiologie, la législation et le volet administratif. Fin janvier Corinne et Denis se lanceront dans cette aventure qui leur tient tant à cœur, avec un peu de retard, les formalités ayant été plus longues que prévues. Ne devient pas brasseur qui veut, les autorisations sont complexes avec les douanes dès qu'il y a fabrication et vente d'alcool au domicile.

L'atelier du bricoleur

Denis est « un touche à tout », il a l'art de bricoler et de récupérer des objets pour leur donner une seconde vie. Alors pour le matériel le futur brasseur avait déjà tout réfléchi. Deux tanks à lait récupérés chez le frère de Corinne, agriculteur, serviront pour le brassage du moût « il était tout content de s'en débarrasser » confiera t'il. Une cuve de fermentation achetée sur internet dans le Beaujolais. Le fourquet en bois (outil indispensable servant à mélanger le malt d'orge avec l'eau lors de l'empâtage) ce sera un autre beau-frère qui lui fera. Quant à la pompe, l'échangeur à plaque pour refroidir le moût c'est Denis qui se chargera des branchements. Des travaux, des aménagements, des investissements et les voilà brasseurs.

Brassage à l'anglaise

Pour réussir une parfaite bière la précision s'impose. Malt, houblon, levure, éléments de base avec l'eau sont mesurés pour obtenir les saveurs voulues. Il faut chauffer, faire l'empâtage, laisser fermenter « cela reste une bière artisanale avec le double de fermentation » explique Corinne, « nous nous inspirons des brassages à l'anglaise qui donnent des bières pas trop amères à la fois généreuses et désaltérantes, équilibrées et savoureuses, nous essayons d'être réguliers dans nos brassages ». Après vient la mise en bouteille manuelle et le collage des étiquettes dessinées par Corinne et Denis, choisies jusque dans la couleur, avant d'être confiées pour la conception.

La vente

Elle se fait en majorité sur place mais aussi dans les fromageries, les magasins locaux sur Meximieux, Ambérieu et Lagnieu. Une boutique de Chatillon-sur-Chalaronne spécialisée dans les bières belges en possède aussi dans ses rayons. On trouve aussi la Malt Emoi dans des bars et il est possible de venir la chercher en fût de 30 litres avec une tireuse pour des occasions. Ce petit réseau convient pour l'instant aux brasseurs : « nous ne voulons pas verser dans le grand débit, nous avons conservé nos emplois respectifs. Ce que nous prenions au départ pour un loisir nous prend beaucoup de temps. Ne pas viser plus que l'on ne peut produire » telle est la devise de Corinne. Quant à Denis, après avoir fait plusieurs métiers il assure que celui d'artisan brasseur sera le dernier !

Yolande Carron

Malt Emoi, 925 grande Rue, 01800 Villieu-Loyes-Mollon, Tél : 06 52 80 89 99
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