ACTION SYNDICALE
Les agriculteurs de l'Ain bloquent la raffinerie de Feyzin

Depuis hier soir, dimanche 10 juin, plusieurs dizaines d'agriculteurs d'Auvergne Rhône-Alpes bloquent les entrées de la raffinerie à Feyzin (Rhône) et des dépôts de carburants du Port Édouard Herriot (Lyon) et de Cournon (Puy-de-Dôme). L'action est annoncée pour durer au minimum trois jours.
Les agriculteurs de l'Ain bloquent la raffinerie de Feyzin

Ce dimanche 10 juin, vers 21 h, des agriculteurs de l'Ain, de la Loire, de la Haute-Loire, des deux Savoie et du Jura se sont installés devant l'entrée de la raffinerie de Feyzin, près de Lyon, afin d'en bloquer l'accès. Deux autres sites en Auvergne Rhône-Alpes sont également visés par les blocages : le port Édouard Herriot à Lyon et la raffinerie de Cournon, à proximité de Clermont-Ferrand. Ils étaient, dès hier soir, plusieurs dizaines, venant de différents départements de la région Auvergne Rhône-Alpes, à s'être mobilisés, avec des tracteurs, pour « taper du poing sur la table du gouvernement » afin de mettre fin aux distorsions de concurrence qui détruisent l'agriculture française.

Partout en France, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, ce sont 14 sites stratégiques dont l'accès à été fermé par des agriculteurs, raffineries et dépôts de carburants, pour dénoncer les contradictions d'un gouvernement qui les oblige à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis des produits importés. Sous le mot clé #SauvezLesAgris, les deux syndicats appellent leurs adhérents sur les réseaux sociaux à faire le siège durant trois jours reconductibles.

Outre la bioraffinerie en chantier de La Mède (Bouches-du-Rhône), les agriculteurs visent les 4 raffineries de Total en activité en France : Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Grandpuits (Seine-et-Marne), Donges (Loire-Atlantique) et celle de Feyzin. Les 9 autres sites visés sont des dépôts de carburant à Dunkerque (Nord), Grigny (Essonne), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Toulouse. « On nous demande beaucoup d'efforts pour améliorer nos produits, sur la qualité, sur l'environnement, ce qui occasionne des coûts supplémentaires. Et dans le même temps, nous subissons de plus en plus d'importations de produits qui faussent la concurrence, et ne correspondent pas aux standards sanitaires et environnementaux qu'on nous impose », explique Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat FNSEA.

Le gouvernement engagé à La Mède

Le porte-parole de LREM, Gabriel Attal a souligné le 10 juin à l'adresse des agriculteurs qui s'apprêtaient à bloquer raffineries et dépôts de carburant que l'Etat ne pouvait pas se dédire de l'accord scellant l'importation d'huile de palme par la bioraffinerie Total de La Mède, mais qu'il était « vigilant ». Cette raffinerie est « issue d'un accord signé entre le précédent gouvernement et Total. On n'a pas pour habitude de revenir sur des accords, on respecte cet accord, mais on le respecte avec vigilance », a déclaré M. Attal lors de l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI : « on a demandé à Total de réduire la part d'importation d'huile de palme dans cette raffinerie, elle sera en dessous des 50 % », et de « développer une haute qualité environnementale », a-t-il ajouté.

Les agriculteurs « ne peuvent pas ignorer tout le travail » fait au niveau européen pour sortir de l'huile de palme, a-t-il aussi plaidé. Il a en outre voulu « dire aux agriculteurs qui se mobilisent - parce que que derrière ça il y a un groupe, notamment Avril, le groupe de la filière colza française - que ce groupe lui-même importe 200.000 tonnes d'huile de palme chaque année et que donc il faut qu'ils disent qu'ils sont conscients des enjeux de compétitivité », a jugé M. Attal.

Sébastien Duperay (avec Apasec et Agrapresse)