AVICULTURE
Les volailles fermières de l’Ain dans la mouvance d’une baisse de production généralisée
Retour sur l’assemblée générale du syndicat des volailles fermières de l’Ain du 29 mai dernier à Saint-Trivier-de-Courtes. A l’ordre du jour : les enjeux de maintien de la production dans un contexte de restructuration de la filière, l’application de la loi EGAlim 2, et la recherche de solutions pour diminuer les charges d’exploitation.
Ils sont aujourd’hui 56 éleveurs à adhérer au syndicat des volailles fermières de l’Ain. En 2023, près d’1,3 million de volailles sous signe de qualité Label rouge ont été produites dans un parc de 115 bâtiments d’élevage, soit 45 288 m². Une production victime d’une baisse de 14,3 %, qui n’est autre que le reflet de la tendance nationale. Evoquant la mise en place de la loi EGAlim 2 en 2023 (rendant obligatoire la contractualisation entre les agriculteurs et leur premier acheteur avec un ou plusieurs indicateurs de coûts de production), Lilian Morel, son président, explique : « Après de multiples réunions avec les abattoirs, les intégrateurs et les éleveurs en direct, nous avons fini par trouver un compromis. Si pour les éleveurs intégrés il n’y a pas de changement, il n’en est pas de même pour les éleveurs non intégrés et les intégrateurs : depuis le 1er août, la facturation des volailles et des poussins passe par les fabricants d’aliments, et la grille de prix de reprise et de prix d’aliment est réactualisée mensuellement en fonction de l’indice Itavi *. » Loi EGAlim qui mentionne également la possibilité d’intégrer les autres charges éleveurs négociables de gré à gré (une grille d’évolution des coûts est en cours de réalisation ». Et le président du SVFA de déplorer : « Malgré la mise en place d’EGAlim en juillet et la baisse des prix de reprise, le prix de nos volailles est resté beaucoup trop élevé dans les magasins. Sur fond de conjoncture nationale peu encourageante, le planning de mises en place n’est pas reparti à la hausse comme nous l’espérions », déplorant cette baisse de 14,3 % par rapport à 2022. A noter le lancement d’une nouvelle production de volailles festives, le mini chapon (de 3 kg à 150 jours), concrétisée par un lot de 1 200 volailles pour débuter, en lien avec l’abattoir Gavand Prudent.
Une filière en mutation
« Nous assistons à une profonde restructuration de la filière et ce n’est que le début. Je ne peux vous garantir de quoi sera fait l’avenir, tant au niveau des cours des céréales, de la consommation de volailles, que de la production avec ou sans IGP, mais ce que je peux vous assurer c’est que les décisions les meilleurs possibles seront prises pour faire tourner les bâtiments, maintenir les marges nettes et équilibrer nos comptes », ajoutera Lilian Morel pour motiver ses troupes. Est notamment en cours de réalisation une « grille charges élevages » avec les partenaires du syndicat sur les principaux postes de dépenses que sont la prophylaxie, les frais vétérinaires, le chauffage, assurances, gaz, main d’œuvre, etc.
Pour rester dans le thème, le syndicat a fait appel à deux intervenants pour présenter l’intérêt d’implanter des abris photovoltaïques sur les parcours des volailles : Jérôme Voisin, ingénieur technico-commercial du groupe Triangle Energie et Jean-Daniel Ferrier, chargé de mission développement des énergies à la Chambre d’agriculture de l’Ain. Les solutions les plus simples étant celles sur bâtiment, soit en vente totale, soit en autoconsommation. Dans le premier cas, il s’agit simplement de vendre la totalité de l’électricité produite à un fournisseur d’énergie qui rétribue l’éleveur à un tarif fixé par arrêté et garanti sur 20 ans par l’État. L’agrivoltaïsme, solution qui présente un triple intérêt : améliorer le bien-être de la volaille qui bénéficie de l’ombre des abris, produire de l’énergie propre et renouvelable et en tirer un complément de revenus intéressant.
* Institut technique de l’aviculture.
Patricia Flochon