APICULTURE
Les secrets de fabrication de la gelée royale

Ludivine Degenève
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Virginie et Laurent Vallauri sont apiculteurs à Pirajoux. En plus de proposer du miel de printemps, d’acacia, de fleurs et de sapin, le couple propose également du pain d’épices, du nougat et du savon à base de miel. Et grande nouveauté depuis 2021 : les apiculteurs commercialisent de la gelée royale, qui, contrairement aux idées reçues, est totalement différente du miel, tant sur le goût que sur la récolte. 

Les secrets de fabrication de la gelée royale
Les alvéoles sont de la même taille que celles des reines, pour duper les abeilles nourrices. Photo/My Cutie Pie Photos - MCPP - photographe Jura Ain Saône et Loire

« Ça n’a rien à voir avec le miel, c’est complètement différent. » Virginie et Laurent Vallauri sont apiculteurs à Pirajoux. Mais le couple se démarque avec un produit, pourtant connu de tous, mais discret quant à la production : la gelée royale. « On a une dizaine de ruches dédiées uniquement à la gelée royale, explique Virginie Vallauri. On a commencé la gelée en 2021 pour essayer d’avoir une production complémentaire à celle du miel. »
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le miel et la gelée royale n’ont que très peu de choses en commun. Cette dernière est « une substance que les abeilles sécrètent. L’apiculture est très liée aux conditions climatiques. La gelée royale est moins soumise à la météo, parce que si les abeilles ont besoin, on les nourrit avec du miel si on voit qu’il n’y a pas assez de floraison », ajoute l’apicultrice.
Au Rucher L’Miel, la gelée royale se commercialise en piluliers de 10 g. Il est conseillé de la consommer à hauteur d’un gramme par jour le matin à jeun pendant dix jours, minimum. Et si elle est souvent décrite comme âpre et amère en bouche, ses vertus sont cependant bénéfiques pour lutter contre la fatigue physique et intellectuelle, le stress, et les symptômes de la ménopause. La gelée royale renforce l’immunité, voilà pourquoi elle est aussi conseillée à chaque changement de saison. 
 
Un processus minutieux 
 
Vendu 22 € le pilulier, ce prix s’explique par la rareté du produit et le temps de travail demandé. Tous les trois jours, Virginie et Laurent Vallauri se rendent à leurs ruches, situées dans un hangar pour récupérer des larves et ainsi débuter le processus de production de la gelée royale. « Avant trois jours, elles [les nourrices, abeilles qui se chargent de nourrir les reines, NDLR] n’auront pas mis assez de gelée royale. Mais si je viens après trois jours, la larve se sera développée et aura consommé la gelée royale », développe l’apicultrice.

Déposer les larves est un travail minutieux qui demande de nombreuses heures de travail. PHOTO/ 
My Cutie Pie Photos - MCPP - photographe Jura Ain Saône et Loire

Ce travail demande beaucoup d’implication, et de temps. Voilà pourquoi la production débute après la récolte du miel d’acacia, considérée comme étant celle qui prend le plus de temps. « Une fois qu’on a commencé on ne fait que ça. On sait qu’il y a un matin tous les trois jours qui est dédié uniquement à ça », rappelle le couple. Cette année, la récolte a eu lieu entre juin et juillet.
Après avoir récupéré les larves dans une ruche dédiée, Virginie Vallauri les dépose sur une barrette avec des alvéoles reproduisant à l’identique les dimensions des alvéoles des reines. Elle dépose également une goutte de gelée royale, de sorte que la larve ne meurt pas. La barrette est ensuite déplacée vers les ruches à gelée royale. Cette technique va duper les nourrices. « Elles vont venir mettre de la gelée royale partout pour les nourrir en pensant que ce sont des futures reines à élever », continue l’apicultrice.
 
Entre 500 g et 700 g à l’année
 
À deux, ce travail peut prendre une matinée. Et la quantité récoltée est moindre.  « C’est une denrée onéreuse parce que sur une ruche, si on extrait entre 500 g et 700 g à l’année, c’est déjà pas mal », estime Virginie Vallauri. À titre de comparaison, il est possible de récolter jusqu’à 50 kg sur une ruche à miel. Par matinée, c’est environ 200 g de gelée qui est récoltée, soit moins d’un gramme par alvéole. Cette année, le couple a réussi à en récolter 5 kg. « C’est parce qu’on a une race d’abeilles qui est prévue pour ça », souligne Virginie Vallauri.

Chaque pilulier possède dix grammes de gelée royale, à raison d’un gramme par jour pendant dix jours. Photo/ My Cutie Pie Photos - MCPP - photographe Jura Ain Saône et Loire

Côté ventes, le projet se développe lentement mais sûrement. « On vend en direct donc ça se développe », se réjouit le couple. Préférant limiter les stocks, les apiculteurs ne produisent pas plus que nécessaire, pour pouvoir tout vendre en une saison, malgré le fait que la gelée royale peut se conserver jusqu’à un an et demi au froid.