Coopération
Zoom sur l’activité des trois coopératives phares des Organisations d’élevage

Retour sur les assemblées générales d’Ain Génétique Service, Bovi-Coop et Acsel Conseil Elevage, qui se sont tenues sur le site des Soudanières à Ceyzériat le 6 décembre dernier.

Zoom sur l’activité des trois coopératives phares des Organisations d’élevage
De gauche à droite : Lionel Carrier, président d’Ain Génétique Service ; Florian Vieudrin, président d’Acsel Conseil Elevage ; et Régis Favier, président de Bovi-Coop. ©PF

Ainsi que le rappelait très justement Lionel Carrier, président d’Ain Génétique Service (AGS), les valeurs de coopération restent primordiales : « Hérité de nos aînés, nous sommes les transmetteurs de ce mouvement envers les jeunes générations qui, je n’en doute pas, prendront à leur tour la mesure de l’importance de faire vivre ces fabuleux outils que sont nos coopératives. » Et Romain Jacquiller, vice-président, de présenter le rapport d’activité 2023/2024 en l’illustrant par une journée type d’un inséminateur d’AGS. Des journées qui « commencent tôt le matin, avec la préparation du matériel nécessaires et la coordination des visites auprès des éleveurs. Chaque journée est rythmée par des déplacements de ferme en ferme afin d’assurer un suivi personnalisé auprès de nos élevages. Cette année, vous avez été 724 éleveurs à faire appel aux services de la coopérative. Plus précisément, 132 éleveurs en moyenne desservis par jour l’hivers et 82 éleveurs en moyenne par jour durant la période printemps/été, reflétant ainsi une forte mobilisation tout au long de l’année. »

Près de 65 300 IAT (inséminations totales) auront été réalisées durant l’exercice, représentant 1 696 références taureaux, réparties en 29 races différentes. Les éleveurs sont en effet de plus en plus nombreux à solliciter AGS pour des races spécifiques et nouvelles dans l’Ain comme la Gasconne, la Wagyu, la Villard-de-Lans, voire même des demandes en race Hérens...

Tous les inséminateurs sont équipés d’échographes afin de répondre à des demandes spécifiques. Avec l’augmentation constante de l’activité reproduction (+1,8% d’actes Repro / +30,7% d’Apt IA), la coopérative adapte ses engagements pour mieux répondre aux besoins des éleveurs. L’inséminateur peut ainsi être amené à proposer à l’éleveur des contrats adaptés à ses attentes, à l’instar du nouveau contrat Formul’Ain.

Technicité et proximité

Et de poursuivre : « Au cours de leur journée, nos inséminateurs assurent un suivi aux éleveurs pas seulement par l’insémination, l’échographie, la réalisation de plannings mais aussi à travers la recommandation de produits NATUAL. Ils sont en mesure de recommander les produits les plus adaptés en fonction des besoins de chaque éleveur. Les résultats sont très encourageants comme en témoigne les derniers chiffres en augmentation (+ 9%), ce qui démontre l’efficacité de cette approche dédiée. Ainsi la journée d’un inséminateur est marquée par une organisation rigoureuse, une grande adaptabilité et un lien constant avec les éleveurs. Cette journée type témoigne de l’engagement de notre coopérative à accompagner les éleveurs au quotidien. »

A la question : « que comptez-vous faire pour rester une coopérative de tous les services, à taille humaine, de technicité et de proximité ? », son président Lionel Carrier dira pour conclure : « je répondrai qu’à AGS nous avons une force, celle d’avoir au sein de nos équipes administratives et techniques une très grande polyvalence. Ce n’est pas inné, ça se travaille, au travers notamment de formations. La proximité, c’est aussi de pouvoir proposer des formations et des journées techniques. »

Bovi-Coop mise sur le développement des ateliers veaux sevrés

Pour Bovi-Coop, le bilan est plus rude. « Malgré un engagement fort d’un bon nombre de nos salariés et de nos adhérents, dont la très grande majorité a continué à nous faire confiance, nous avons clôturé nos comptes avec un résultat déficitaire et décevant », commentera son président, Régis Favier. En effet, la coopérative, qui a commercialisé 66 792 bovins, accuse une baisse de volumes significative impactant directement les résultats (- 7,42 %). Plusieurs éléments de réponse à cette situation : la fermeture du marché algérien fin août 2023 et son impact direct sur l’activité génisses prêtes et veaux sevrés en race montbéliarde. Des difficultés qui viennent se télescoper à une baisse générale d’animaux dans la région. 

Déplorant le manque de dynamisme de l’activité d’achat en fermes, le président se félicite toutefois que « la stratégie de réorientation des activités du groupement porte ses fruits et montre la capacité de notre outil coopératif à s’adapter. » Ainsi la décision il y a quatre ans d’intégrer un nombre important de femelles croisées dans les élevages veaux sevrés (60 % aujourd’hui), a permis de maintenir l’activité auprès des 17 adhérents spécialisés, avec un objectif de 6 000 veaux sevrés produits annuellement. Et d’ajouter : « La création de l’activité repousse (engraissement des veaux), avec près de 1 000 animaux en place aujourd’hui, dont l’ensemble est contractualisé, donne entière satisfaction, aussi bien pour les agriculteurs conduisant ces animaux, qu’à Bovi-Coop. Toujours à partir d’animaux femelles, la conduite de l’engraissement avec l’objectif d’obtenir des animaux « finis » vers l’âge de 18 mois est en très fort développement et nous sommes à la recherche de nouveaux atelier afin de satisfaire la proposition de contrat de notre partenaire Viande de Bresse. »

Le développement et l’engraissement de jeunes bovins étant également un objectif, la diminution trop rapide de l’abattage de vaches de réforme viande ou mixte nécessitant d’apporter d’autres ressources aux outils d’aval.

Création de la société Sonevo, un nouveau souffle pour la filière veaux

L’exercice écoulé aura été marqué par l’aboutissement d’un projet majeur : la création de la SAS Sonevo (Société de négoce de veaux). Une société commerciale créée conjointement et à égalité de répartition du capital social avec Franche-Comté-Elevage, dont l’objectif est de faire évoluer le positionnement commercial dans la filière veaux. Selon Régis Favier, « il s’agit de proposer à nos clients, et majoritairement à nos adhérents, des groupements respectifs des lots d’animaux relativement homogènes, de taille plus importante afin de mieux répondre à la demande, mais également et surtout de faire évoluer l’organisation du travail de nos équipes commerciales et logistiques. » Le centre de tri basé à Meillonnas reste le cœur de l’activité. Pour Bovi-Coop, Sonevo s’annonce comme essentiel dans le remplissage des ateliers de production. A la clé : plus de volume de tri donc de pression de tri avec un objectif annuel de 75 000 veaux, une spécialisation des équipes, la rationalisation du transport et une meilleure valorisation par l’orientation optimale des animaux. Un projet validé à l’unanimité par les membres du conseil d’administration.

Et Régis Favier de conclure : « Cette nouvelle organisation, qui sera effective à compter du deuxième semestre 2025, devrait permettre une spécialisation plus importante des technico-commerciaux. Notre chef d’orchestre, Vincent Esposito, a la responsabilité avec nos partenaires de Franche-Comté-Elevage, de réécrire la partition qui dicte la vie de notre société. Je sais pouvoir compter sur l’ensemble des salariés mais aussi des administrateurs de notre coopérative. Il s’agit de retrouver l’équilibre financier, et en plus si possible, au travers d’une nouvelle organisation accompagnée d’une restructuration de notre pôle logistique. »

Acsel Conseil Elevage : une gestion bien maîtrisée

Troisième assemblée générale de la matinée, celle d’Acsel Conseil Elevage, présidé par Florian Vieudrin, élu en début d’année 2024, succédant à Julien Gandrey. Acsel, dont l’exercice 2023/2024 aura été marqué par une stabilisation du chiffre d’affaires pour le conseil et le contrôle de performances au travers d’une évolution raisonnée du tarif des prestations. Et Jérôme Marguin, son vice-président, de rappeler que, dans un contexte laitier toujours en mouvement, l’Ain ne compte plus que 515 livreurs pour 265 millions de litres, soit une baisse de 9,5 % en cinq ans ; la moyenne par élevage s’élevant à 514 000 litres. En Saône-et-Loire, ce sont 221 livreurs, pour 125 millions de litres (559 000 litres par élevage).

Concernant l’activité bovine, Acsel Conseil Elevage intervient dans 613 élevages laitiers (moins 8 élevages en un an pour 46 841 vaches). « L’arrêt du lait reste la principale cause de diminution du nombre de nos adhérents. Dans le détail, 136 élevage, soit 20 % de nos adhérents sont en système foin ; 68 % sollicitent une prestation de conseil. Le nombre d’élevage robotisés s’accroît encore avec une dizaine de plus cette année, soit 99 qui possèdent en moyenne 1,9 robot. La production moyenne des élevages Acsel est de 7 620 kg, soit 140 kg de moins que l’an passé », précise Jérôme Marguin. 

Au chapitre « caprins », la dynamique est constante, malgré un léger recul avec 67 élevages pour un effectif de 6 737 chèvres. Plusieurs arrêts ont été constatés pour raisons économiques et l’année 2024 marque la fin de la collaboration avec le département de l’Allier dont l’activité a fusionné avec le Puy-de-Dôme. 

Contrôle de performances : attention aux contrôles non officiels

Quant au contrôle de performances, Acsel accompagne 598 élevages bovins et 58 caprins. Avec le constat, pour le secteur bovin, d’une forte baisse des contrôles sur deux traites, passant de 28 % à 20 % des élevages contrôlés. A contrario, ceux sur une seule traite augmentent significativement, qu’ils soient réalisés par un agent peseur ou l’éleveur lui-même. En production caprine, la tendance s’oriente vers l’autocontrôle. Parallèlement les protocoles robot poursuivent leur développement avec douze installations supplémentaires. Et Jérôme Marguin d’alerter : « En 2023 et 2024 nous constatons une hausse préoccupante de près de 50 % des contrôles non officiels. Bien que cette option permette aux élevages de réduire leurs coûts à court terme, elle présente un inconvénient majeur : les animaux perdent leur reconnaissance auprès des organismes de sélection génétique et par conséquent ne bénéficient plus de l’indexation sur leur production laitière ! » 

A noter que grâce à la mise en place du DataHub, Acsel assure désormais l’échange quotidien des données entre les Dac (Distributeur automatique de concentrés), les compteurs à lait électroniques, les robots de traite et les systèmes de monitoring tel Médria. 

Capital humain et nouveaux services

Parmi les nouveautés, à souligner l’évolution pour les capteurs Medria, avec une nouvelle solution baptisée Mozaë (gamme Orange), disponible pour les élevages laitiers et allaitants. En partenariat avec le laboratoire Cesar, Acsel Conseil Elevage propose également d’ajuster au plus près les besoins de minéraux et oligoéléments pour les animaux en réalisant une analyse de la composition minérale de la ration complète ou de la préparation au vêlage pour le prix de 100 grammes de minéral. 

Des évolutions également pour les éleveurs caprins, avec le logiciel CapWeb, interface web créée par la fédération nationale Eliance, qui permet à chaque éleveur caprin d’accéder à ses données du contrôle de performances. CapWeb servira à court terme à stocker les comptes-rendus techniques et analyses de fourrages, les rendant ainsi facilement accessibles. 

Enfin, ainsi que le rappelle son président, Florian Vieudrin, « pour une entreprise de service, le personnel c’est son capital humain. Acsel Elevage emploie 50 salariés dont 30 agents de pesée et 18 conseillers, et peut compter sur le personnel mis à disposition par Sorelva » ; tout annonçant « la décision majeure prise cette année, en concertation avec la chambre d’agriculture de l’Ain, de réorganiser le service bâtiment, avec l’arrivée de Frédéric Sourd, conseiller expérimenté en bâtiment qui assure les projets et les prestations nécessaires à l’ensemble des éleveurs quelle que soit la filière. Bien évidemment notre collaboration avec la chambre d’agriculture se poursuit dans ce domaine comme dans les autres. »

Acsel Conseil Elevage lance aussi officiellement sa chaîne YouTube, baptisée « COWnexion », entièrement dédiée aux éleveurs, avec pour objectif de partager plusieurs vidéos par mois sur son actualité. A la clé : du contenu technique pour expliquer et vulgariser les innovations et les nouvelles pratiques, alimenté par les interviews d’acteurs de la filière élevage.

Patricia Flochon