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« On se cramponne aux branches et on compte sur l’Emmental »

L’activité se poursuit à la laiterie coopérative d’Etrez bien que la vente des produits ralentit. Un courrier est arrivé chez les producteurs pour leur demander de produire moins.
« On se cramponne aux branches et on compte sur l’Emmental »

Vendredi soir 18h à la coopérative d'Etrez. Jacques Perron chauffeur, assure la collecte du lait depuis 25 ans. Il va démarrer pour ses tournées du week-end, du vendredi au dimanche de 18h du soir à 3h15 du matin. Il ira jusqu'à Villemotier et fera 8 retours à la coop pour vider le tank à lait de son camion. Chaque soir, c'est 75 000 litres de lait qui seront collectés. Pour lui rien de changé malgré les normes sanitaires imposées autour des fermes depuis la crise sanitaire. « Tout se passe bien, d'un côté comme de l'autre nous nous sommes organisés, il a bien fallu, pas d'autre choix » lâche le chauffeur avant de monter dans son camion.

Tout s'est arrêté au 15 mars

Yann Le Scouezec, directeur de la laiterie coopérative d'Etrez, reste positif même si les commandes de produits sont en berne depuis le 15 mars, date de l'annonce du confinement. Les collectivités se sont arrêtées, terminé les livraisons de fromages blancs pour les scolaires. « Au départ, les produits se sont bien vendus en grande surface, mais depuis 15 jours les ventes ont chuté, les gens consomment moins. Ils ont acheté en masse des produits emballés au détriment du frais. Nous ne sommes pas présents sur le drive. Nous avons aussi été fortement pénalisés avec la fermeture des restaurants ». La coopérative d'Etrez approvisionne beaucoup de grandes tables un peu partout en France. A Paris comme sur la côte d'Azur. « Nous ne sommes que sur des produits frais impossibles de stocker ».

L'organisation à Etrez

Pas de chômage partiel pour les 65 salariés. Juste un peu moins de personnel présent. Certains salariés ont pris des journées pour garder leurs enfants. La production est réduite pour les fromages blancs et la crème. Par contre elle a augmenté pour le beurre et les yaourts. Du côté du lait en brique, il a maintenant trouvé sa place dans les rayons « il se vend de mieux en mieux » observe satisfait le directeur. Mais du lait, la laiterie en a beaucoup trop ! « Il y a un excédent dont on ne sait pas que faire. Alors nous fabriquons de l'Emmental » explique Yann Le Scouezec. « On le vend en Italie, par contre qui dit vente à l'export dit des prix très bas en prévision ».

Très belle année 2019

Tout comme le groupe Bressor, Etrez a envoyé un courrier à ses producteurs pour qu'ils essayent de produire moins. « Il va falloir lever le pied. 2019 a été une très belle année et je reste optimiste mais quand même inquiet pour 2020. Nous avons des quotas B, ils seront très dégradés ». Car davantage soumis aux fluctuations des prix du beurre et de la poudre de lait dans les salles de marché. Or ces prix peuvent baisser considérablement quand tout le lait ne peut pas être transformé en produits frais et en fromages. « Une certitude, pour avril le lait sera payé le même prix, mais pour la suite je ne sais pas. Nous avons les moyens de résister avec la fabrication d'Emmental sur du court terme. A moyen terme si la situation perdure sur mai cela risque d'être plus compliqué » observe Yann Le Scouezec, tout en se montrant non pas alarmiste sur les perspectives de reprise juste prudent.

 

Etrez c’est…

 

38 M de litres de lait par an

65 salariés

60 exploitations pour la collecte du lait.

 

Yolande Carron