VINS DU BUGEY
Ventes en berne, trésoreries en péril

Avec le confinement, c’est tout le secteur de la viticulture qui trinque ! Dans le Bugey, plus de la moitié des volumes produits sont commercialisés en vente directe. Des ventes quasi nulles depuis une quinzaine de jours selon Jean-Luc Guillon, président du syndicat des vins du Bugey.
Ventes en berne, trésoreries en péril

Si les caveaux ont le droit de maintenir leur activité, les consommateurs se rendent de plus en plus rarement aux domaines pour acheter leurs vins. Quel retour avez-vous des viticulteurs ? Jean-Luc Guillon : « Du point de vue commercial, les ventes sont quasi nulles depuis plus de quinze jours. Les caveaux et cavistes – grossistes sont pratiquement tous en arrêt d'activité. Près de 90 % ont fermé et ceux qui restent ouverts ont un débit très faible. La vente aux particuliers est nulle et les salons ont tous été annulés. Dans la grande distribution, le vin n'est pas du tout la priorité pour le consommateur. Chez nous (NDLR : le Cellier Lingot Martin, à Poncin), on est resté ouvert pendant quinze jours mais avec zéro clients ; on a donc fermé. »

Comment gérez-vous les salariés ?

« On jongle avec les RTT, les congés, mais aussi du chômage partiel ; reste le minimum administratif et le personnel dans les vignes. Quelques commandes sont réalisées par internet mais le problème c'est de livrer. Certains viticulteurs ne veulent plus livrer par manque de personnel. Pour ce qui est du travail de la vigne, on est encore sur une année précoce. D'ici quinze jours on va attaquer les travaux en vert. Les personnels saisonniers n'ont pas été conservés. Reste le personnel permanent ; c'est vraiment le strict minimum. Les Cuma viticoles continuent de tourner. »

Le pire est-il à craindre pour les trésoreries ?

 

« Si les ventes diminuent, les charges d'exploitation sont toujours là. Donc la trésorerie fond à vitesse grand V. Les banques ont contacté leurs clients pour les informer d'un report d'échéance. Pendant six mois les viticulteurs ne paieront pas leurs emprunts en cours. Mais ça ne fait que rallonger les échéances. Il y a également la possibilité de demander des prêts de trésorerie octroyés par la BPI avec un échéancier de remboursement jusqu'à six ans. Après les gilets jaunes, les manifestations pour les retraites, les taxations du vin aux USA, et maintenant le coronavirus, ça remet un coup à ces mêmes exploitations ; certains viticulteurs vont être en grande difficulté ! Au niveau régional, la MSA a fait savoir que les filières les plus impactées étaient la viticulture et l'horticulture. »

Patricia Flochon