DOMBES-PISCICULTURE
Un dispositif de détection automatique des cormorans à l’étude

Le Syndicat des étangs de la Dombes expérimente un système de détection automatique des cormorans, qui devrait déboucher sur un prototype inédit. Ce dernier pourrait servir de base à un dispositif d’effarouchement simple et connecté. Explications.
Un dispositif de détection automatique  des cormorans à l’étude

Apparu à la fin des années 80 dans la Dombes, suite à son classement comme espèce protégée, le cormoran, oiseau pécheur à l'appétit féroce, constitue depuis le principal fléau des pisciculteurs dombistes.
« C'est bien simple, avant le cormoran, on produisait 1600 à 1800 tonnes de poisson dans la Dombes. Depuis son apparition, on est tombé à 1000 tonnes, sur le même volume d'eau », estime Stéphane Mérieux, président du syndicat des étangs de la Dombes, qui représente les quelques 300 exploitants de la première région de production piscicole d'eau douce de France.
Un tiers de la production aurait ainsi été avalée par l'habile volatile, aisément reconnaissable à sa silhouette sombre.
Depuis, les exploitants, soutenus financièrement par le Département, ont essayé plusieurs dispositifs pour limiter les dégâts. Effaroucheurs sonores, silhouettes gonflables... Rien n'y fait sur la durée.
« On voit que généralement, ces dispositifs ne sont efficaces que 2 ou 3 jours, avant que les oiseaux s'y habituent », déplore Stéphane Mérieux.

« Pas en mesure d'en tirer davantage »

L’efficacité des effaroucheurs, comme cette silhouette gonflable, ne dure que quelques jours.

 

 

Les exploitants ont obtenu l'autorisation préfectorale d'effectuer des prélèvements. « Nous attendons justement le renouvellement de cette autorisation pour la période 2019-2021 », glisse le jeune président. 4 500 volatiles par an. « Nous ne demandons pas de pouvoir en tirer plus pour la bonne et simple raison que nous ne serions pas en mesure d'en tirer davantage ».
Conscient des limites de ces plans de lutte, les pisciculteurs essayent, depuis 2017, « de prendre le problème autrement en réfléchissant à un dispositif plus souple et plus efficace contre le cormoran. »
L'idée serait de détecter automatiquement la présence de l'oiseau afin de déclencher un effaroucheur, quel qu'il soit. « Nous avons pris contact avec un laboratoire de Grenoble pour imaginer un dispositif innovant. Il s'agirait de coupler 2 types de détection : visuelle et
sonore », via des caméras capables de discriminer la silhouette d'un cormoran de celle d'autres volatiles et de micros, pour identifier le cri de la bête.
Des expérimentations ont déjà eu lieu sur un petit plan d'eau de Cormoz, en haute Bresse. Des caméras y ont été installées pour collecter un maximum de données.
« Nous sommes en phase de récupération et traitement des informations... Nous espérons arriver à la mise au point d'un prototype en 2019-2020 », détaille M. Mérieux.
Le coût de cette action est estimé à
80 000 euros. « Le financement de la 1ère phase, qui doit déboucher sur un prototype est assuré par le Département et le syndicat. Pour la 2e phase, le passage à un outil utilisable, nous sommes à la recherche de financeurs », glisse le représentant des exploitants.

Un système d'alerte sur Smartphone

A terme, « l'objectif serait qu'on puisse acheter le matériel. Il s'agira d'équipements individuels, qui protègeront un site ou un bassin. Cela suppose un fonctionnement léger et des appareils autonomes, équipés de panneaux solaires. »
Restera à trouver comment, une fois que les oiseaux seront détectés, les effaroucher. « On peut imaginer que les exploitants recevront une alerte sur leur téléphone, que ce soit par sms ou par le biais d'une appli. Il faudra alors pouvoir déclencher un système d'effarouchement à distance. »
Si ça marche, ce dispositif inédit pourrait intéresser d'autres régions piscicoles, comme la Bienne, le Forez... D'où l'intérêt, pour le syndicat dombiste à l'initiative de ces recherches, de posséder les droits relatifs à cette invention.
On peut aussi imaginer que ce système de détection comprenne d'autres oiseaux prédateurs, comme l'aigrette, la cigogne ou le harle bièvre.

Etienne Grosjean

Sécheresse : « c’est dramatique »

 

Stéphane Mérieux s’avoue très inquiet du déficit pluviométrique qui affecte depuis de longs mois les étangs de la Dombes. « En moyenne, il manque
60 cm d’eau », évalue t’il. « Et on n’a pas grand-chose à faire : les étangs ne sont remplis que de l’eau de pluie. »
De petits pompages permettent tout au mieux de maintenir des bassins à plat, mais impossible de remonter ainsi le niveau de milliers d’étangs.
« Nous préconisons à nos adhérents de sacrifier un étang si besoin pour en maintenir un autre à niveau. Nous avons entrepris des démarches auprès du département pour étendre l’aide à l’assec à un deuxième 2e assec. Nous invitons aussi nos adhérants à renforcer la concertation avec les voisins, à respecter scrupuleusement les dates de vidange. On essaye aussi d’améliorer l’écoulement des fossés, notamment ceux des bois », détaille Stéphane Mérieux.

Jussie, myriophylle : « n’ayez pas honte de les signaler »

La jussie, plante invasive, colonise plusieurs étangs. Des opérations d’arrachage sont conduites sous l’égide le Fredon. « Elles sont efficaces si elles sont bien menées à un stade précoce », martèle le pisciculteur. D’ou l’intérêt de signaler son apparition au plus vite. « Certains ne le font sans doute pas par honte d’être pointés du doigt. Ce ne sera pas le cas. Il faut absolument qu’on s’implique tous. »
D’autant qu’une autre plante exotique invasive et potentiellement fatale aux étangs menace la Dombes : le myriophylle du Brésil.