DEPRISE AGRICOLE
Les pâturages du Bas-Bugey retrouvés

Le chantier d’entretien collectif des pâturages et des prés de fauche du canton de Saint-Rambert-en-Bugey, réalisé par la Cuma d’Arandas et l’entreprise Y.M est terminé. Un exemple de travail collectif qui aura duré deux ans.
Les pâturages du Bas-Bugey retrouvés

Un paysage transformé.

 

« Il n'y a que des fous comme nous pour entretenir nos pâturages de la sorte, mais il fallait intervenir car tout était embroussaillé. Pour que le bétail puisse se déplacer et fournir un meilleur rendement, mais aussi pour lutter contre les départs de feu, c'était la seule solution » a résumé Lionel Manos, maire d'Arandas et vice-président de la Sema1, en affichant sa satisfaction de voir le chantier terminé. Ce fût aussi l'occasion de remercier avec beaucoup de sincérité les acteurs de ce projet. Déjà les exploitants qui se sont investis, mais aussi la Cuma d'Arandas qui a procédé au débroussaillage sur des terrains parfois très pentus et envahis par les ronces où les engins fleuretaient avec le vertical, comme l'a décrtit avec une pointe d'humour le chef de l'entreprise Y.M. spécialisé dans ce type de chantier : « même pas peur, c'était tellement raide que les engins avaient du mal à avancer ». Le coût du chantier a été financé par Conseil départemental, la communauté de Communes de la plaine de l'Ain et suivi par la chambre d'agriculture.

Deux ans de travaux

Les prés d’Arandas envahis par les ronces avant que le collectif n’intervienne.

 

Ce sont six communes qui ont participé pour faire tomber 16,67 kilomètres de haies et réaliser 29 ha de broyage. Les paysages en sont transformés. Les prés paraissent plus grands, les vaches sont visibles et peuvent plus facilement se déplacer pour brouter. « Ce fut un dossier avec des contraintes techniques compliquées » a estimé Camille Doline, chargée de mission gestion des espaces extensifs et pastoralisme à la chambre d'agriculture. Et d'ajouter : « les travaux ont été bien menés en lien avec le conseil départemental et le conservatoire pour qu'il y ait le moins d'impact possible sur la faune et la flore. Les résultats sont probants, il faudra faire un suivi avec les exploitants et la Cuma ».

Un travail collectif

Même s'il a fallu restreindre le volume à débroussailler car certains propriétaires se sont désengagés il n'en reste pas moins que les travaux ont été réalisés « dans l'élan » comme le fera observer Lionel Manos. Adrien Bourlez, président de la Sema a salué ce projet collectif :
« il a nécessité la synergie de tous les acteurs. Au départ cela coûte très cher, la rentabilité n'est pas encore visible, mais le pâturage, il est là maintenant. C'est une belle démonstration pour développer ces régions et garantir leur pérennité. Continuez à garder des vaches et des éleveurs sur le territoire » !

Besoin d'agir

Jean-Yves Flochon, vice-président du conseil départemental en charge de l'agriculture, a rappelé les engagements du conseil départemental et sa volonté d'agir et d'accompagner les communes dans leurs projets pour ne pas que la forêt se referme sur les terres et conduise les élevages à disparaître petit à petit. Conscient de ce problème, auquel il est lui-même confronté sur la commune de Ceyzériat dont il est maire, il a apporté son témoignage :
« il faut se méfier, les beaux paysages se ferment vite et c'est toute l'économie d'un secteur qui souffre. On ne peut pas s'en détacher pour l'équilibre de nos villages ». Et de conclure « nous allons travailler sur les aides en tenant compte des situations particulières surtout dans votre secteur ».


1 Société d'économie montagnarde de l'Ain

Yolande Carron
70 % de pâturage en plus

Communément appelé « petit Bébert », Laurent Reverdy du Gaec de l’Epassao installé avec son épouse, possède 50 vaches laitières. Grâce au débroussaillage ses prés sont à nouveau visibles à tel point que ses vaches ne sont pas encore en confiance dedans et préfèrent retourner dans les ronces !
« nous avons toujours fait du pâturage mais on s’est laissé dépasser, nous n’arrivions plus à entretenir nos prés. Là, c’est 70 % de pâturage en plus de gagné, mais je ressentirai l’effet dans plusieurs années. Je vais broyer encore 5 ha, entretenir pendant deux ans et après l’herbe prendra le dessus ».

½ ha par parcelle

Avec des ronces qui poussent de quatre mètres par an, la parcelle que loue Patrice Reverdy se réduisait d’année en année. « Nous avons remis les haies d’aplomb. Un travail fait à la scie c’est plus rentable. On gagne 1/2 ha par parcelle. Sur 100 ha on compte environ 60 % de haie autour de l’exploitation ». Tout le monde a observé les haies fraîchement coupées en se posant la question sur le devenir du merisier planté au milieu du pré !