SANITAIRE
Grippe aviaire : 40 mesures pour sortir de la crise

Tout en reconnaissant les efforts déployés par les pouvoirs publics, la mission d’information sur la grippe aviaire de l’Assemblée nationale préconise la mise en place de la vaccination ainsi qu’une réduction de la densité des élevages sur le territoire et au sein même des exploitations agricoles.

Grippe aviaire : 40 mesures pour sortir de la crise
La grippe aviaire a provoqué l’abattage de 22 millions d’animaux. Le coût pour les finances publiques s'élève à 1,1 milliard d’euros en indemnisations pour les éleveurs et la filière. ©Istock

Créée à l’initiative du député Charles Fournier, (Nupes, Indre-et-Loire), la mission d’information sur la grippe aviaire et son impact sur les élevages a adopté à l’unanimité les quarante mesures proposées pour sortir de la crise. En effet, cette grippe « qui n’est plus saisonnière, qui s’étend dans le territoire, qui a provoqué l’abattage de 22 millions d’animaux et qui est devenue endémique, nécessite des mesures adaptées pour y faire face », estiment Charles Fournier et son collègue Philippe Bolo, (MoDem-LIOT, Maine-et-Loire) co-rapporteurs de la mission. En effet, les pouvoirs publics ont été non seulement dépassés par la saturation des services d’équarrissage, l’enfouissement des volailles mortes, les contestations sur le terrain des filières plein air… mais la politique de lutte n’a pas empêché l’emballement de l’épizootie. Sans parler du coût exorbitant pour les finances publiques de cet épisode qui s’est élevé à 1,1 milliard d’euros en indemnisations pour les éleveurs et la filière.

Diplomatie sanitaire

Ainsi les deux rapporteurs proposent quarante mesures pour juguler la crise et éviter qu’elle ne se reproduise. À court terme, ils insistent sur la vaccination qui, si elle ne constitue pas la « solution miracle », devrait contribuer à une meilleure maîtrise de l’épizootie et à limiter les risques d’emballement. Attendue pour le mois de septembre, ils estiment qu’elle ne pourra pas se déployer avant décembre, le temps de bâtir une véritable stratégie sanitaire prenant en compte les différents types de vaccins disponibles, les protocoles à mettre en place et la priorité à donner aux espèces concernées. Les rapporteurs appellent également les autorités à développer les efforts en matière de diplomatie sanitaire vis-à-vis des pays tiers qui refusent les importations provenant de pays pratiquant la vaccination de crainte que les animaux vaccinés soient porteurs sains de la maladie. Reste la question du coût de la vaccination qui ne doit pas être supportée par les éleveurs et qui doit « faire l’objet d’une prise en charge adaptée de la part de l’État », estiment les rapporteurs.

Modèle d’élevage

À plus long terme, les débats au sein de la mission se sont focalisés sur le modèle d’élevage à promouvoir pour circonscrire le développement de la maladie. Tous les députés de la mission se sont prononcés sur la réduction de la densité des élevages avicoles de façon à limiter les risques sanitaires et répondre aux attentes citoyennes. C’est en effet, estiment les rapporteurs, la surdensité des élevages dans certaines régions productrices qui a contribué à l’embrasement de la maladie pendant l’hiver 2022. Mais la mission a souhaité aller plus loin en évoquant la densité des animaux au sein d’un même élevage qui constitue un autre facteur de risque du point de vue épizootique. Ainsi, préconise-t-elle la réduction des flux entre élevages et le développement de modèles autarciques de petite taille, plus vertueux sur le plan de la biosécurité. En effet, le modèle très segmenté de production de volailles favorise les mouvements d’animaux et de personnes qui sont des vecteurs importants de diffusion du virus malgré les protocoles de biosécurité très stricts. Sur ces questions encore controversées concernant l’apparition et la diffusion de la maladie au regard du type d’élevage, confiné ou plein air, les rapporteurs préconisent la mise en place d’un Conseil scientifique pour éclairer les décisions de la puissance publique. Quoi qu’il en soit, conclut Charles Fournier, « on ne pourra pas gérer la crise sans rien changer ». La balle est maintenant dans le camp du ministre de l’Agriculture qui devrait recevoir les rapporteurs prochainement.

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