GEL
L’arboriculture française réclame de la cohérence dans les aides

Lors des Mardis de medFEL1 (le 4 mai, ndlr), les arboriculteurs ont dressé un état des lieux du gel dévastateur de début avril et demandé que le dossier des retenues d’eau avance rapidement. Ils souhaitent aussi s’y retrouver dans l'emmêlement des aides. 

L’arboriculture française réclame de la cohérence dans les aides
Pour Françoise Roch, présidente de la FNPFruits, « il faut une estimation département par département, avec des chiffres très sérieux calculant la perte financière de notre filière. » ©SD

« Nous sommes tous sous le choc », a résumé Françoise Roch, présidente de la FNPFruits qui a également tiré un premier bilan très contrasté des gels d’avril. Car pour certaines productions comme les mirabelles, il faudra encore attendre quelques jours. Au-delà des pertes en production, « toute la filière est fortement impactée : les stations de conditionnement, les coopératives de commercialisation, les expéditeurs… Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour sauver la filière. L’aspersion a fonctionné pour protéger les vergers, c’est un dossier à défendre et tout particulièrement la création de réserves d’eau », a plaidé Joël Boyer, président de l’AOPn prune. « Nous avons indiqué qu’il ne fallait pas que cela traîne, notamment avec une consultation publique. Nous n’avons plus le temps ! Il faut rapidement des retenues d’eau », ont en substance martelé de nombreux intervenants. 

Des moyens pour stocker l’eau

Dans la vallée du Rhône, les commissions d’enquête viennent de débuter. En Auvergne-Rhône-Alpes, « 15 millions d’euros ont été débloqués, mais on a du mal à articuler les aides : le dispositif de calamités agricoles et les aides des Régions », a estimé Bruno Darnaud, président de l’AOPn Pêche Abricot de France. « Les calamités agricoles devraient revenir aux producteurs et les aides des Régions dédiées aux stations. Car elles commercialiseront de moindres volumes avec des charges fixes », a-t-il ajouté. 

« Il faut des moyens pour stocker l’eau et diffuser les méthodes d’aspersion », a renchéri Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP (pommes poires). « En pommes, il faudra un éclaircissage manuel important donc la main-d’œuvre suffisante. La récolte ne devrait pas régresser en dessous de 30 % en étant optimiste, mais la qualité sera à surveiller. Nous espérons pouvoir satisfaire les marchés et l’industrie », a-t-il dit. 

« Rebondir en 2022 »

Le président du Conseil spécialisé fruits et légumes de FranceAgriMer, Patrick Trillon, a tenté de défricher l’enchevêtrement des aides auxquels les acteurs de la filière peuvent prétendre : « Le coût de la main-d’œuvre est pris en compte tout comme la perte de chiffre d’affaires. Sur la main-d’œuvre le Prêt garanti par l’Etat (PGE) pourrait aider les entreprises. Il y a plus d’espoir d’aide avec la mesure Aléas climatiques du Plan de relance. On pourrait remonter le plafond de 40 000 € à 200 000 €. Pour l’aide des minimis, le préfet Michel Papaud (nommé « Monsieur Gel » par le Gouvernement, ndlr) a entrouvert la porte sur les enjeux et niveaux financiers, on parle maintenant de 225 000 € ». Cependant, Patrick Trillon reste plus dubitatif sur l’irrigation estimant qu’il « faut un courage politique (…) j’ai bien peur qu’on nous laisse en rase campagne (…) Il va bien falloir qu’on trouve des moyens pour nous soutenir ! Le CASDAR2, le Plan de Relance et l’expérimentation, tous ces moyens sont fondamentaux », a-t-il proposé. 

Face au milliard d’euros d’aides annoncé par le gouvernement, « pour avoir une part du gâteau, il faut des éléments sur la table, a ajouté Patrick Trillon. On a rempli le cahier de doléances de façon sérieuse et nous n’avons pas été contredits par le ministre et la DGPE ». Pour Françoise Roch, « il faut une estimation département par département, avec des chiffres très sérieux calculant la perte financière de notre filière ».

1. Rendez-vous professionnel des acteurs de la filière fruits et légumes en France. Les Mardis de medFEL sont portés par la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
2. Compte d'affection spécial au développement agricole et rural (CASDAR)