PRODUCTION LAITIERE
« C’est qui le Patron ?! », une marque qui attire de nouveaux éleveurs
Deux nouveaux éleveurs ont rejoint en début d’année la coopérative laitière Bresse Val de Saône. Une production valorisée sous la marque « C’est qui le Patron ?! ». Rencontre avec Maxime Michelin, installé en individuel à Sulignat.
« C’est qui le Patron ?! ». Une marque qui fait un carton auprès des consommateurs et qui rémunère au juste prix les producteurs de lait. Une marque qui attire donc de nouveaux éleveurs. A l’instar de Maxime Michelin et Pierre Vivier, deux jeunes qui se sont installés au 1er janvier 2024 et ont rejoint la coopérative laitière Bresse Val de Saône. Pierre Vivier, 23 ans, a choisi le salariat avant d’être chef d’entreprise agricole ; durant quatre ans, il sera chauffeur à la Cuma de l’Abergement-Clémenciat. Le 1er janvier dernier, il rejoint le Gaec de Presle à Sulignat. Les quatre associés gèrent aujourd’hui un troupeau de 125 Prim’Holstein, pour une production d’un million de litres collectés par la coopérative Bresse Val de Saône. « Sans ce prix du lait, assuré par la coopérative, je ne me serais sans doute pas installé. Et quand le lait est mieux payé, ça donne aussi une meilleure garantie auprès des banques », avoue Pierre, confiant en l’avenir.
Valeur ajoutée, transparence, croissance constante : des atouts qui attirent les jeunes
A la coopérative laitière Bresse Val de Saône, le prix de base est fixé à 540 € les 1 000 litres. Et son président, Wilfried Paccaud, d’expliquer : « La marque « C’est qui le Patron ?! », ce sont aujourd’hui près de 15 000 sociétaires, qui valident l’augmentation de prix. Dans ce prix, on tient compte aussi de l’énergie, du transport du lait, de la hausse des charges de la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (basée dans le Loiret, ndlr). Il y a huit ans, la brique de lait était vendue 99 centimes et les producteurs touchaient 39 centimes. Aujourd’hui, le producteur touche 54 centimes pour un prix de la brique à 1,27 €. On est en croissance constante depuis le début. Malgré les promotions de dingue de certaines grandes marques, on tient bon. Le consommateur reste fidèle au produit car il sait que les centimes reviennent au producteur. Tout est transparent. » Une grande satisfaction pour Wilfried Paccaud qui précise : « Avoir de nouveaux exploitants au sein de la coopérative, c’est une grande fierté. Dans le cas de Maxime Michelin, c’est d’autant plus le cas que c’est un jeune qui s’installe seul. En lait, c’est rare. On continue donc à installer des jeunes car on leur amène une certaine valeur ajoutée. »
La coopérative laitière totalise aujourd’hui 39 points de collecte (85 producteurs) pour une production totale de 26 millions de litres vendus sous la marque « C’est qui le Patron ?! ». Et Wilfried de préciser : « Depuis 2016 on a perdu des points de collecte mais nous avons toujours le même nombre de producteurs et le même volume. Ce que l’on veut avant tout à la coop, c’est ramener de la valeur ajoutée au produit lait et non pas une course en avant au volume. »
Maxime Michelin, installé en individuel, mais « bien entouré »
Maxime Michelin, deuxième éleveur à s’être installé en janvier dernier, est lui aussi sur la commune de Sulignat. A la différence qu’il a fait le choix de reprendre seul l’exploitation du couple Rigollet, après leur départ en retraite. Après un BTSA Productions animales au lycée Les Sardières de Bourg-en-Bresse, il exerce le métier d’inséminateur chez AGS*, puis de technicien en transplantation embryonnaire pour le groupe Gènes Diffusion. « J’ai toujours été passionné par la repro, et j’avais pour objectif de m’installer. En consultant le Répertoire Départ Installation de la Chambre d’agriculture, j’ai reconnu la ferme sur une photo. J’étais déjà venu inséminer ici », précise-t-il. A la tête d’une exploitation de 80 ha (35 ha de prairies temporaires et d’un cheptel de 55 Montbéliardes (140 animaux avec la suite), son objectif est de produire 550 000 litres par an, valorisés là aussi sous la marque « C’est qui le Patron ?! ». Lorsqu’on l’interroge si être seul sur la ferme n’est pas trop contraignant, il répond très simplement et sereinement : « Je suis seul, mais je m’entoure. Je m’appuie sur des techniciens et je mise beaucoup sur un ami qui a une entreprise de travaux agricoles, auquel je fais appel pour les travaux d’élagage, la pulvérisation, les engrais, une partie des travaux dans les terres. Donc je ne me sens pas seul. J’ai trouvé un équilibre entre vie professionnelle et vie de famille. » Un éleveur qui a des projets, à commencer par la construction d’un nouveau bâtiment (stabulation et salle de traite) d’ici deux ans, dans le cadre de la mise aux normes.
Et d’ajouter, à propos de ses motivations et critères quant à la reprise d’une exploitation laitière : « Je ne voulais pas me délocaliser. Pour mon projet, je suis arrivé avec un bilan, un prix du lait défini, ça a conforté mon dossier auprès des banques. Je me suis également installé avec la DJA. J’essaie d’avoir une grande autonomie sur le troupeau. J’insémine moi-même les vaches, tout en sexés et croisés, avec valorisation des veaux en circuit court que je vends à deux boucheries. J’assure aussi le parage et je fais le maximum de soins par moi-même. Le troupeau avait déjà une bonne base génétique. Je continue sur la même lancée. »
* Ain Génétique Service.
Patricia Flochon