APICULTURE
Les apiculteurs déçus par S. Travert

Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, n’a pour l’instant pas répondu favorablement à la demande de débloquer une aide exceptionnelle en faveur des apiculteurs touchés cette année par les mortalités d’abeilles en sortie d’hiver. Au grand regret des syndicats d’apiculteurs qui ont manifesté le 7 juin à Paris et en France pour sensibiliser le gouvernement.
Les apiculteurs déçus par S. Travert

Très inquiets de voir la mortalité grimper dans les ruches, en sortie d'hiver notamment, les apiculteurs ont manifesté, le 7 juin, afin d'alerter les décideurs politiques. « Ce qui est mis en œuvre par le gouvernement aujourd'hui ne répond pas à nos besoins, estime Gilles Lanio, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). Les abeilles meurent, des apiculteurs mettent la clé sous la porte faute de revenu. Il faut agir. » Il rapporte des chiffres dépassant parfois 30 % du cheptel décimé. La cause selon lui : « A la belle saison, les abeilles stockent un pollen contaminé par des produits toxiques pour elles, puis s'en nourrissent pendant l'hiver », assure Gilles Lanio, qui voudrait faire entendre au gouvernement que les décès liés aux produits phytosanitaires n'ont pas lieu qu'en période de traitements.

Les portes du Cabinet s'ouvrent

L'Unaf et la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP) ont été reçues dans les bureaux de la rue de Varenne pour justifier le besoin d'un plan de soutien exceptionnel aux apiculteurs sinistrés. Ils insistent aussi sur la nécessité de « restaurer un environnement viable pour les colonies », en interdisant, par exemple, certaines substances toxiques pour les abeilles. Si le ministère de l'Agriculture assure avoir conscience du phénomène de mortalité qui affecte certains apiculteurs, il n'est pas tout à fait d'accord avec les syndicats sur les causes des décès. « Ils ont une approche très liée aux pesticides, or il n'y a peut-être pas que cela, explique le ministère, énumérant d'autres raisons probables comme le sanitaire ou la qualité de l’air. Nous avons besoin d’avoir davantage de remontées sur le terrain. »

Faire remonter des chiffres fiables

Les syndicats devront donc attendre avant de voir, éventuellement, des aides se débloquer. Le ministère est ferme : sans données nationales claires sur les causes de la mortalité dans les ruches et les impacts économiques sur les entreprises agricoles, rien n’est possible. « Ça n’est qu’en disposant de connaissances précises que nous pourrons évaluer, si besoin est, quels seraient les accompagnements les plus adaptés », poursuit le ministère. Il propose d’étendre à tout le pays le dispositif mis en place fin 2017 en Bretagne et Pays de la Loire, permettant aux apiculteurs de déclarer leurs pertes. Dans les régions, les services déconcentrés de l’État vont être sollicités pour participer à ce grand recensement. « Les résultats pourraient tomber très vite », dit le ministère, qui parie sur« quelques semaines ».

Bientôt l’Élysée

« On ne s’attendait pas à des miracles, a déclaré Gilles Lanio suite aux échanges avec le cabinet du ministre. Que dire à ceux qui cette année ne feront pas de miel, et dont la trésorerie aura sérieusement besoin d’être remise à flot ? » Il dénonce une « crise de confiance » et regrette que le ministère ne se soit pas position- né en faveur d’une mesure d’urgence au regard de « l’appel de détresse ». Il craint que les démarches exigées par le ministère pour déclarer les pertes ne découragent encore plus les apiculteurs victimes de mortalité. « Le ministère de l’Agriculture ne bouge pas, tranche Gilles Lanio. Nous devrions être reçus à l’Élysée dans les prochains jours. »