COOPÉRATION
Les Cuma, le modèle coopératif d’excellence

Patricia Flochon
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Retour sur l’assemblée générale de la fédération des Cuma de l’Ain organisée à Lescheroux le 15 juin dernier. À l’ordre du jour : bilan de la dynamique d’investissements et maîtrise des charges, formations, innovations, projets et respects des valeurs fortes du réseau.

Les Cuma, le modèle coopératif d’excellence
Christophe Basset (au centre), président de la FDCuma, entouré de Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, Aimé Nicolier, vice-président de Grand Bourg Agglomération, Gilles Brenon, vice-président de la Chambre d’agriculture, Didier Perdrix, vice-président de la FDCuma et son trésorier, Yannick Petitjean. PHOTO/ PF

La fédération départementale des Cuma de l’Ain avait choisi cette année le site de la Cuma de luzerne de Bresse à Lescheroux, pour la tenue de son assemblée générale. L’opportunité pour son président, Christophe Basset, de rappeler que : « Les Cuma sont des collectifs d’hommes et de femmes qui se réunissent, échangent, débattent et décident. Les réunions mettent en avant la vertu de la parole et de la présence humaine. Être précautionneux du bien commun qu’est la Cuma et ses matériels, c’est être attentif aux gens qui la composent. Respect et solidarité dans le mutualisme ne sont pas des vains mots et ces valeurs humaines sont déclinées au sein de nos Cuma. Des projets novateurs et ambitieux n’ont de chance d’aboutir et de perdurer que si des règles de fonctionnement claires et acceptées de tous sont édictées au préalable. Et ce n’est qu’une des nombreuses missions de la FDCuma. Contraintes réglementaires, facturation dématérialisée à venir, techniques, retrait de molécules phyto, climatiques ou d’organisation…, font que nous devons aider les Cuma à imaginer des évolutions. Avec toujours le souci de l’efficacité dans l’action et la volonté de ne laisser personne sur le bord de la route. Fédérer sur nos territoires et se faire rencontrer des groupes déjà constitués ou en devenir, telles sont nos pistes pour faire entrer les agriculteurs de nos Cuma dans l’agriculture de demain ». 
 
176 Cuma, 15 M€ de travaux réalisés, 10 M€ d’investissements
 
Dans l’Ain, le réseau des Cuma est particulièrement dynamique. Sur 176 Cuma actives adhérentes à la fédération (2 500 agriculteurs adhérents), 35 sont employeuses de main d’œuvre, totalisant 83 salariés permanents pour 76,8 ETP en CDI (une centaine de personnels en comptant les saisonniers, apprentis, stagiaires). Des Cuma qui ont investi 10 M€ en 2022 dans près de 300 matériels ou équipements performants, et bâtiments ; et réalisé pour près de 15 M€ de travaux. Et Yannick Petitjean, trésorier de la FDCuma de préciser : « Les Cuma sont dans la prolongation des exploitations et les conseils d’administration ont fait le choix de renouveler ou d’acquérir de nouveaux matériels pour limiter les investissements sur les exploitations. Les charges de mécanisation sont toujours importantes et peuvent être rationalisées par la mise en commun, sous réserve d’une bonne organisation définie au préalable ». Et de rappeler dans la foulée que « l’accroissement important des prix d’achat des matériels, soit + 13,8 % en 2022 en moyenne, a entraîné une augmentation des charges à couvrir par les Cuma et donc bien souvent une augmentation des tarifs. Ils restent toutefois limités par rapport à des investissements individuels, et maîtrisés compte tenu de la gouvernance des groupes ». Un dynamisme félicité par Jean-Yves Flochon, vice-président du Département : « La fédération des Cuma est un des outils importants au service de la profession. Je veux aussi souligner le rôle et l’importance que vous avez en matière de communication, notamment sur le fait que l’agriculture a des pratiques les plus vertueuses possible ». Pour rappel, le Conseil départemental de l’Ain est l’un des seuls en Rhône-Alpes à dédier une enveloppe spécifique de soutien financier aux Cuma (en 2022, l’ensemble des dossiers de financement déposés ont été retenus grâce à ce soutien politique fort).
 
Un système pertinent pour maîtriser les charges
 
Un réseau d’autant plus précieux, au vu de l’augmentation des charges. Selon Franck Loriot, spécialiste machinisme, qui présentait jeudi les résultats d’une étude débutée en 2022 (et poursuivie dans les années à venir) par la fédération des Cuma portant sur les références de charges de mécanisation : « L’étude prend en compte le prix d’achat des matériels, leur coût d’entretien, les taux bancaires et assurance, et bien entendu le nombre d’unités que chaque machine effectuera (heures, hectares, voyages). On peut constater que le coût des chaînes de récolte a augmenté de 17 à 35 % en vingt ans. Le coût du parc matériels s’envole, c’est-à-dire que vous soyez particulier, ou en Cuma, le coût pour avoir le matériel dans la cour de l’exploitation ou pas trop loin de chez soi, pour les mêmes productions a été multiplié par quatre pour le foin, par cinq pour le blé et jusqu’à sept pour l’itinéraire le plus gourmand qu’est le maïs ». Le seul levier qui a permis de réduire les coûts dans cette étude est le levier humain, via l’organisation des groupes, en délégation de chantier parfois, et simplification des techniques, pour traiter plus d’unités sur chaque machine. « Ces organisations successives ont permis de diviser par trois le temps de travail/récolte d’un hectare, passant de six à deux heures en foin et de dix à trois heures en maïs par exemple », précise Franck Loriot. La diversification des activités ne cesse de se développer au sein des Cuma : semis direct, désherbage mécanique, localisation d’engrais, combinés presse enrubanneuse, combinés de fauche, etc. « Le niveau d’activité des Cuma s’accroît régulièrement et les conseils d’administration ont de plus en plus recours aux engagements, ce qui leur permet de sécuriser les investissements. Cette stratégie permet d’assurer la maîtrise des charges au sein des Cuma et donc sur les exploitations adhérentes selon les services sollicités », ajoute Yannick Petitjean. 

En bref…

Formations ciblées et régulières
En étroite collaboration avec le service emploi-formation de la Chambre d’agriculture de l’Ain, la FDCuma propose une grande diversité de formations aux agriculteurs et salariés agricoles. En 2022, elle a ainsi organisé trois formations différentes : à destination des administrateurs de coopératives (11 responsables de Cuma) ; formation découverte et apprentissage du nouveau logiciel informatique des Cuma à destination des comptables de l’AG3C, des secrétaires comptables et des trésoriers de Cuma ; et formation Conduite et réglage des moissonneuses batteuses (13 participants représentant 6 Cuma). Et en 2023 : formation éco-conduite en janvier et d’autres en perspective, notamment pour le perfectionnement des pratiques sur le nouveau logiciel de gestion ou encore pour une meilleure maîtrise des statuts Cuma et de la comptabilité analytique. 
 
L’Amphibi’Ain, inauguration officielle le 23 juin
Matériel destiné à palier les limites de l’arrachage manuel de la jussie, plante envahissante présente sur les étangs de la Dombes, l’Amphibi’Ain (prototype d’arrachage mécanisé) est né de la collaboration entre la Fredon (Fédération régionale de lutte et de défense contre les organismes nuisibles), la FDCuma de l’Ain et FL Agri Conseil (société de Franck Loriot). Il sera inauguré demain, vendredi 23 juin, à l’étang Villette, chez Joël Raccurt à Saint-Germain-sur-Renon. Tous les détails à retrouver dans notre prochaine édition. 
 
Cuma de séchage de luzerne de Bresse, bilan de dix campagnes
Créée en mai 2011, la Cuma, forte de 13 exploitations adhérentes dans un rayon de 12 km autour de Lescheroux, conjugue sur son site la production de trois énergies renouvelables : solaire, méthanisation et biomasse. Les résultats économiques des dix campagnes affichent un total de 2 252 tonnes séchées dont 1 503 tonnes de fourrages et 749 tonnes de maïs. Un bilan positif selon son président, Frédéric Bernard, qui vante la qualité du fourrage obtenu. Seul bémol, « auparavant 70 % du fourrage était consommé en local, mais on a perdu 500 vaches sur le cheptel total de la Cuma. Aujourd’hui on a 70 % qui sont vendus et 30 % d’autoconsommation ». 
 
Annuaire des matériels
La fédération des Cuma a finalisé l’annuaire des matériels disponibles en Cuma. Soit près de 4 900 lignes de matériels référencés, avec le nom de la Cuma correspondante. Un outil qui, selon son directeur, Nicolas Boinon, « permet de répondre à la demande de manière plus réactive grâce au logiciel ». Consultable sur demande à la FDCuma.