MÉTHANISATION
Raccordement au réseau de gaz : les conduites sont désormais pré-enrubannées dès la sortie de l’usine
Le 6 décembre dernier, le long de la D22A, GRDF et l’entreprise Dyka ont inauguré la pose des premières conduites de gaz pré-enrubannées de géotextile à base de polyéthylène en France, pour raccorder l’unité de méthanisation de Rignieux-le-Franc au réseau.
L’unité de méthanisation de Romuald Lassus, éleveur ovin à Rignieux-le-Franc, devrait fonctionner dès avril prochain. Six kilomètres d’extension de conduites ont toutefois été nécessaires pour raccorder l’unité au réseau de gaz, le long de la D22A. Un chantier somme toute assez classique, à l’exception près de 700 mètres de conduite, enrubannés de feutre géotextile essentiellement composé de polyéthylène. « Cela permet de protéger la conduite et de s’affranchir de poser du sable au fond de la tranchée et autour de la conduite. Cela limite l’extraction et l’apport de matériaux et donc les coûts de transport. Le remblai autour de la conduite se fait avec les éléments directement extraits en local », explique Matthieu Favre, responsable du pôle ingénierie chez GRDF.
« Une première mondiale »
La technique de l’enrubannage est connue et utilisée depuis le début des années 2020. La grande nouveauté de ce chantier réside dans le pré-enrubannage de ces conduites dès la sortie de l’usine. « C’est une première en France et dans le monde », se targue GRDF. Jusqu’alors l’enrubannage et la conduite étaient acheminés séparément et directement assemblés sur le lieu du chantier. Les canalisations utilisées pour le chantier de Meximieux sont pré-équipées du géotextile « Dafigaine », fabriqué par la société française Capsystems, basée à Ambon dans le Morbihan, ainsi que d’un fil traceur Plyval, qui permet leur géolocalisation précise, fabriqué par la société Plymouth basée à Feyzin près de Lyon. C’est l’entreprise Dyka, basée en Normandie, qui a mis au point la technologie nécessaire pour les assembler : « Nous démarrons avec GRDF, mais nous pourrions développer ce type de chantiers avec d’autres partenaires », explique Dyka. Deux tourets de 325 mètres de tuyau enrubanné et hauts de quatre mètres ont ainsi été transportés. L’accordement de l’unité de méthanisation de Rignieux-le-Franc au réseau de gaz est l’un des deux chantiers pilotes pour tester cette nouvelle méthode. Un premier situé en Normandie a déjà accueilli quatre tourets du premier lot produit par Dyka il y a deux mois. Coût du chantier de l’Ain : 700 000 €, payés par le contribuable, avec une technologie qui permettrait de réduire de 15 % les coûts pour les 700 mètres de gaines pré-enrubannée, ainsi que la durée des chantiers sur place.
GRDF veut surfer sur le potentiel méthanisable
Ce procédé permettrait aussi de réduire jusqu’à huit tonnes les émissions de CO2 par kilomètre, selon GRDF, essentiellement grâce à la réduction des transports. Le distributeur de gaz espère surfer sur le potentiel méthanisable de la région avec l’appui des collectivités locales, pour généraliser cette méthode. « Nous sommes dans la Silicon valley du gaz vert. L’Ain tire la région en matière de méthanisation avec 70 Gigawatt de gaz vert produit, soit 8 % de la consommation des résidentiels. Le gaz vert représente 10 % de la production de gaz en Auvergne-Rhône-Alpes sachant que nous n’avons atteint que 5 % du potentiel méthanisable », souligne Guilhem Armanet, directeur clients territoire chez GRDF Sud-Est, et par ailleurs président de l’Agence française du gaz Aura depuis 2022. Constitué de matière plastique et donc à base de pétrole, la fabrication du polyéthylène n’est pas neutre en termes d’émissions de CO2, aussi GRDF recherche des solutions pour décarboner ses chantiers ajoute Guilhem Armanet. Le 5 septembre dernier, le distributeur de gaz a ainsi posé la première canalisation en polyéthylène biosourcé à Clermont-Ferrand. Là aussi, « une première mondiale ». En 2022, GRDF Aura a investi 37 M€ pour la transition énergétique. « Notre objectif c’est de dérouler près de 200 km de polyéthylène en 2024 dans le cadre de la politique de décarbonation des chantiers, ce qui permettra d’éviter l’émission de l’équivalent de 1 600 tonnes de CO2 », insiste Marie-Françoise L’Huby, directrice technique GRDF.
Une autre extension de réseau raccordant un projet d’unité de méthanisation à Saint-Jean-de-Niost, et utilisant le même procédé, pourrait également avoir lieu d’ici un an et demi, confie enfin Stéphany Douillet, directrice du Syndicat intercommunal d'énergie et de e-communication de l'Ain (SIEA).